Décidément, la question du port du niqab à l'université ne cesse de susciter les controverses les plus vives, et ce, que ce soit de la part du chef de l'Etat , ou de celle des hommes de Justice ainsi que des différentes composantes de la société civile. Habib Kazdaghli , doyen de l'université de la Manouba doit sa célébrité désormais à cette affaire de port du niqab, dont il devint l'un des protagonistes, à côté des deux étudiantes qui étaient résolues à l'imposer à l'université, malgré son interdiction par les statuts, n'hésitant pas à y procéder par l'usage de la force. Il est inutile de revenir sur les faits de cette affaire, qui éclata il y a quelques mois à ladite université, et à travers laquelle on retiendra que l'usage de la force ne paye pas et que la Justice a tranché dans ce sens en condamnant les niqabées à deux mois avec sursis, et en acquittant le doyen accusé d'avoir agressé les étudiantes en question. A vrai dire le doyen est intervenu en vertu du règlement intérieur de la faculté, imposant à tout étudiant d'accéder dans les lieux à visage découvert, afin d'éviter tout incident quel qu'il soit. Or avec le niqab il est impossible de reconnaître la personne qui peut pénétrer dans les lieux avec l'intention malveillante de frauder à l'occasion d'un examen ou de procéder à des actes de violence. Toute liberté s'arrête quand elle met en péril celle de l'autre. Une régle bien connue, dites-vous mais que certains semblent ignorer ou feignent de le faire. C'est au nom de cette liberté que toute tenue provocante doit être prohibée. La nudité, fait partie de la liberté de l'individu qui est seul maître de son corps. Mais est-il possible de permettre à des étudiantes de s'accoutrer de la tenue d'Eve en plein amphi ? La réciproque est autant provocante pour autrui, car le fait pour un étudiant ou une étudiante de se couvrir entièrement risque de mettre en préril la sécurité des lieux et de porter atteinte à l'égalité de tous dans ces lieux ou tout le monde doit bénéficier des mêmes droits et avoir les mêmes chances. C'est sur cette base que Kazdaghli est intervenu, et c'est pouir cette raison qu'il a été accusé par les deux niqabées, d'agression et d'atteinte à la liberté individuelle. «Je ne peux pas comprendre et je n'accepte pas que l'on puisse empêcher les étudiantes de passer leurs examens en niqab » Ce fut en ces termes que le président de la République a défendu jeudi dernier les niqabées de la Manouba, lors de la séance d'ouverture de la deuxième phase du dialogue national organisée par l'UGTT. Il s'est exprimé ainsi, au nom de la défense de la diversité et de l'acceptation des différences. La réponse à cette attitude du président de la République par les étudiants ne se fit pas attendre. Le Forum Universitaire Tunisien a fait paraître dernièrement un communiqué, en vertu duquel il est notamment rappelé que l'attitude du doyen est conforme à la décision du conseil scientifique, seul habilité à statuer sur le règlement intérieur de la faculté, ajoutant qu'il s'agit « d'une fixation sur un problème accessoire qui a pris des dimensions disproportionnés et a détourné l'attention des vrais problèmes endémiques dont souffre l'université tunisienne ». De son côté le doyen Kazdaghli s'est étonné de ces déclarations du président de la République, dans lesquels il défendait le droit des étudiantes niqabées,sans manquer de lui rappeler ses propos dans son discours du 30 novembre 2011, par lesquels il s'était élevé contre « ces groupuscules barbares » et refusant toute infraction à la loi. En général, le procureur interjette appel lorsqu'il estime que le jugemen est trop clément et que l'intéressé mérite une peine plus sévère. C'est l'appel a minima, par laquel l'intéressé doit comparaître à nouveau devant la cour, avec le risque d'écoper d'une plus lourde peine. A plus forte raison si l'accusé a été acquitté. Il peut être déclaré coupable. C'est le cas dans la présente affaire où Habib Kazdaghli, n'est pas encore au bout de ses peines. Il en va de même pour les deux niqabées condamnées en première instance à la prison avec sursis. Elles peuvent en effet voir leur peine aggravée, ou au contraire, être acquittées. L'attitude du ministère public étant dans l'intérêt général, il a l'opportunité d'user de tous recours qu'il estime nécessaires à cet effet, et dans un souci d'une meilleure équité, et en vertu de son intime conviction