L'édifiant dossier de Nessma, avant-hier soir, sur la situation des Tunisiens en Syrie, est on ne peut plus dramatique. Il jette des éclairages tant sur la situation des Tunisiens détenus dans les geôles syriennes que sur les morts partis au Djihad, ainsi que sur les ressortissants en Syrie (nombreux et qui seraient au nombre de 200.000 mille). Situation de blocage car les détenus djihadistes doivent comparaitre devant la justice syrienne et on imagine bien qu'ils seront déférés selon les normes de la loi martiale (parce que la Syrie est un pays en guerre) et qu'ils ne bénéficieront guère des accords de Genève. Situation inhumaine aussi pour les ressortissants tunisiens privés d'ambassade et de consulat et qui ne peuvent prétendre bénéficier des services consulaires depuis l'acte de naissance jusqu'à l'acte de décès. Situation angoissante pour les familles des Tunisiens morts au combat, envoyés sur le terrain miné d'une Syrie en ébullition, par, on ne sait quelle filière obscurantiste et comme pris dans la trappe d'un réseautage diabolique échappant au contrôle des autorités tunisiennes et instrumentalisés par ceux qui prétendent exporter le Djihad partout en terre d'Islam ou ailleurs. Au demeurant, avons-nous assisté à toute une campagne de diabolisation à l'endroit des membres de la société civile s'étant déplacés en Syrie et qui sont, aujourd'hui, officiellement mandatés par les familles des victimes. Par le truchement d'associations syriennes, dont on sait pourtant qu'elles sont sous le contrôle direct du pouvoir central, les autorités syriennes ont déclaré, par écrit, qu'elles étaient disposées à assurer un jugement équitable aux détenus et qu'elles se plieraient aux accords de 1980, régissant ce genre de situation entre les deux pays. Une fois jugés, les détenus pourraient ainsi purger leurs peines dans les prisons tunisiennes. A propos des Djihadistes morts aux côtés des rebelles syriens, les autorités de Damas déclarent ne savoir trop quoi faire d'eux dans des morgues encombrées et qu'elles sont prêtes à procéder à une identification minutieuse et à les restituer à leurs familles, selon une logistique qui reste à définir même si la Tunisie, du temps de Bourguiba, est le seul pays au monde qui prenne en charge le rapatriement des cadavres de ses ressortissants à l'étranger. En ce qui concerne les ressortissants tunisiens, les Syriens déclarent n'avoir jamais resserré l'étau autour d'eux et que l'absence de chancellerie tunisienne en Syrie n'aura fait que les abandonner à leur sort. Le problème est, donc, très complexe. Mais on ne comprend pas que, au lieu de louer le courage et les efforts des membres de la Société civile et de quelques partis, s'étant emparés du dossier, on les diabolise, au contraire, et on les accuse de sympathies pro-syriennes. D'où vient, cependant, le tort ? Ne vient-il pas de notre diplomatie qui a été trop vite en besogne en rompant les relations avec la Syrie, simplement, pour plaire aux « amis » qataris ?