• Arrestation de jeunes chômeurs à M'dhilla et Redeyef. Sévèrement touché par le chômage et le sous-développement, le bassin minier, situé au Sud Ouest de la Tunisie, ne connaît pas des journées glorieuses même après la Révolution. Rien ne change dans la zone. La situation reste à ce jour tendue. Preuve : les actes de protestation menées dans le bassin depuis des jours lesquels ont été marqués par l'arrestation de sept membres du bureau de l'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) de la ville de M'dhilla mercredi dernier. Déférés devant le Procureur de la ville de Gafsa, ils ont vu leur garde-à-vue prolongée. La décision a suscité une réaction auprès des jeunes chômeurs de la ville lesquels ont organisé, hier, une manifestation de protestation pour mettre la pression sur les autorités de tutelle afin de libérer leurs collègues. Les chômeurs de la ville de Redayef ont connu le même sort. De jeunes manifestants ont été arrêtés hier, en marge d'une manifestation de solidarité avec leurs homologues de M'dhilla. Salem Ayari, Coordinateur général de l'UDU déclare « les manifestations se poursuivront jusqu'à la libération de nos collègues ». « Nous allons également généraliser ces actions sur toute la République si nous n'avons pas gain de cause », réitère le coordinateur des diplômés chômeurs. Rien ne change La Révolution du 14 janvier n'a rien apporté de nouveau à la situation socio-économique au Bassin minier. C'est le statu-quo dans cette région riche en ressources minières. En effet, les résidents au bassin minier souffrent toujours de l'exclusion sociale, de l'insouciance et de l'indifférence des autorités au pouvoir. L'absence de volonté politique du gouvernement provisoire ne fait qu'exacerber les passions et mettre davantage la tension dans la région. En fait, les actes de protestation ne cessent de se multiplier dans les différentes villes de la région (M'dhila, Redayef, El Gtar), où un citoyen, la quarantaine, originaire de Ouled Bou Saad (délégation d'El Gtar), s'est immolé par le feu le mercredi 12 juin. Après 10 jours de sit-in devant le siège du gouvernorat de Gafsa, pour revendiquer une meilleure situation sociale, le bonhomme a été contraint au pire. Il n'avait qu'à s'immoler par le feu pour attirer l'attention des décideurs régionaux qui font encore la sourde oreille face aux revendications incessantes des originaires de la région. Des demandes qui ne datent pas d'hier. Malheureusement, les mouvements sociaux dans le bassin minier remontent à 2008. Réprimés par l'ancien régime, « les manifestants subissent aujourd'hui le même sort », critique Salem Ayari en parlant des méthodes adoptées pour dissuader les manifestants à accomplir leurs actes de protestation. Salem Ayari parle même du retour aux mêmes pratiques ». « Toutefois, nous continuons nos mouvements dans les différentes régions pour soutenir nos collègues », enchaîne le coordinateur des diplômés chômeurs. Et le développement ? C'est clair, les mouvements dans le bassin minier ne vont pas cesser tant qu'aucune initiative n'est prise par les décideurs pour remédier aux problèmes du chômage et de sous développement. D'ailleurs, il s'agit de l'une des principales revendications clamées depuis des années mais qui tarde à se concrétiser. Dès lors, il est temps de s'impliquer dans un vrai processus de développement régional. Il s'agit d'une responsabilité partagée aussi bien entre le gouvernement et les acteurs politiques que les entreprises actives dans la région. Concrétiser l'accord signé depuis les années 90 entre les Syndicats et la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) est plus qu'urgent. C'est le moment, ou jamais, de consacrer une partie des bénéfices de la CPG au développement dans le bassin minier, rien que pour prouver la bonne volonté de faire sortir toute la zone de la misère socioéconomique et du sous développement. Il est temps en effet, de couper court avec l'idée qui considère que la situation dans le bassin minier est une fatalité et qu'on ne peut rien face au chômage dans le bassin minier.