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Péril en la demeure
Artisanat
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 10 - 2011

Le tumulte d'antan des souks où touristes et nationaux , au coude-à-coude, ont du mal à se frayer un chemin, n'est plus qu'un souvenir, certes, agréable. Il est aisé à présent de circuler dans les allées commerçantes et tortueuses du Vieux Tunis. C'est tout juste si, de temps en temps, on croise un filet mince de visiteurs intéressés par l'achalandage bigarré des produits entassés çà et là, pendouillant de toutes parts et censés représenter l'artisanat tunisien. Les vendeurs, en sentinelles infatigables, invitent sans relâche les passants à visiter leurs boutiques, généralement sans succès.
Pas loin de la mosquée Zitouna, précisément à la rue Sidi Ben Arous, un magasin pas comme les autres avec devanture en bois et petite vitrine. Il semble se démarquer par une discrétion élégante: on y entre, le meilleur est enfoui au fond.
Poteries, argenteries, étoffes, tapis, tableaux, verreries, ustensiles en cuivre émaillé et toutes sortes de vieux meubles en bois s'entassent et s'entrecroisent dans un merveilleux chassé-croisé d'articles authentiquement tunisiens, nous dit-on d'entrée de jeu. Youssef, le maître des lieux, parle de son commerce comme de la chose sacrée.
A l'origine, la demeure des ancêtres depuis plus de quatre siècles, transmise de génération en génération comme un précieux bijou de famille, fut convertie vers les années 80 en boutique. Celle-ci sera un écrin très sélectif pour articles authentiquement made in Tunisia.
Lançant un concept nouveau, boutique- antiquaire-musée, la famille s'est spécialisée dans l'exposition-vente des produits authentiques, tant et si bien qu'un prix lui fut décerné en 1996 attestant que le magasin est spécialisé en articles d'artisanat répondant aux recommandations de l'Office national du tourisme.
La boutique, fervente adepte des couleurs locales, s'est effectivement résolue à donner une autre dimension à l'artisanat tunisien par le choix minutieusement contrôlé des produits, mais aussi par la façon dont ils sont exposés. Selon les propos de nôtre hôte : «Nous n'exposons et ne vendons que ce qui est tunisien, que ce soit de l'ancien ou du nouveau. Nous vendons les produits des artistes et artisans tunisiens authentiques. Parfois la valeur est également historique».
Le nombre de touristes a baissé cette année, un recul qui s'est répercuté sur le secteur de l'artisanat. Fait connu de tous. En revanche, ce qui l'est moins, c'est que les rares touristes qui visitent notre pays sont monopolisés par certains grands points de vente qui sont de mèche avec les agences et les guides. Téléguidés, les touristes-acheteurs potentiels n'ont pas le droit de bifurquer vers d'autres magasins sous peine de se faire arnaquer, les prévient-on. Concurrence déloyale qui a poussé les artisans des souks en colère à organiser un sit-in dernièrement pour riposter contre ces pratiques douteuses et faire entendre leurs voix.
« Même notre darbouka a été contrefaite»
Dans les étages de la boutique et sa mezzanine, à travers une enfilade d'antichambres faisant office de dépôts, des produits pourtant de grande qualité, n'ayant pu échapper à cette grisaille ambiante, s'entassent parfois jusqu'au plafond, en attendant des jours meilleurs pour être écoulés.
Le commerce parallèle est un autre fléau qui a miné à plus grande échelle l'artisanat. De l'aveu désolé de si Youssef, l'ancien régime avec ses fourmillants réseaux mafieux a ouvert la porte aux contrefaçons. Les produits du terroir ont été imités ailleurs et revendus à bas prix dans le pays; «Même notre darbouka a été contrefaite et écoulée chez nous », se désole-t-il.
La darbouka, la chéchia et la balgha, des créations qu'on croyait labélisées et protégées, sont désormais confectionnées en série sous d'autres cieux et déversées sur le marché national. Bon à savoir, une jolie babouche locale 100% cuir, entièrement cousue main, revient au prix de vente à 30dt, alors que celle importée ne vaut pas plus que 10 dt. Cuir, fibres et matériaux naturels ont été substitués par le synthétique et la pâte de carton, la couture par de la colle, et le fait main par l'industriel. Les produits authentiques considérés comme chers se retrouvent alors boudés par tous.
Au bon vieux temps, se souvient Si Youssef, on faisait de la création locale. Chaque souk était spécialisé dans un produit spécifique qui porte son nom, «souk blaghgia», «souk chaouachia» : aujourd'hui, tous les souks se ressemblent à peu près, parce qu'on y vend tout et n'importe quoi.
Notre artisanat est en péril, c'est un fait. Les bons artisans, à bout de souffle, n'arrivent plus à contrecarrer ce raz-de-marée du mauvais goût et du faux. Les jeunes ont déserté les métiers pour se convertir à d'autres gagne-pains un peu plus fructueux et, au final, le savoir-faire est en passe de se perdre définitivement entre la cupidité des uns et l'impuissance des autres. Sauf mesures d'urgence.
La première serait peut-être de fermer la porte et les frontières à ces fameux conteneurs entrés des années durant, impunément, sur le sol tunisien pour saper l'ensemble du commerce et non pas uniquement l'artisanat.
Entre-temps, Si Youssef et bien d'autres artisans, artistes, quelques associations et boutiques dans les souks de Tunis et dans la Tunisie profonde font de la résistance, en encourageant, avec les moyens du bord, la bonne vieille production locale. Question : jusqu'à quand tiendront-ils ?


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