Nous entamons une semaine annonciatrice de débats chauds, houleux au cours de laquelle l'ANC aura à débattre la motion dite de censure contre le président de la République relative à ses déclarations à l'étranger, jugées offensantes par l'opposition. Jeudi, suivra le projet de loi d'exclusion politique dit d'immunisation de la Révolution pour être discuté en plénière. L'élection des membres de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) prendra le relais à son tour cette semaine. A une semaine du débat général sur le projet de Constitution tous ces sujets devront être discutés et tranchés. Une besogne titanique. N'a-t-on pas besoin avant d'entamer les discussions sur la Constitution d'apaiser le climat politique dans le pays déjà exacerbé ? Mahmoud Baroudi, dirigeant au sein de l'Alliance démocratique, pense que la motion de censure concernant le président de la République pourrait être reportée à une autre date. Il en est de même pour la loi d'exclusion politique. Sur les ondes de Mosaïque FM, il a affirmé hier, que l'Alliance démocratique estime qu'il faut créer une ambiance propice au consensus. « C'est une semaine décisive avant les discussions sur la Constitution. Nous proposons le report de la discussion la motion de censure et le projet de loi d'immunisation et nous consacrer vendredi et samedi prochain à l'élection des membres de l'ISIE, pour que les délibérations sur la Constitution se fassent dans un climat apaisé avec un esprit consensuel. La lecture politique de la programmation des sujets à débattre cette semaine est erronée », dit-il. La Troïka avait préparé un projet de loi sur la justice transitionnelle. « Le projet de loi de justice transitionnelle est très positif. Samir Dilou l'a présenté depuis 4ou 5mois. Il a été mis à l'écart parce que certains voulaient faire passer avant toute chose, le projet d'immunisation de la Révolution », précise Mahmoud Baroudi. Rached Ghannouchi, Ali Laârayedh, Hamadi Jebali et d'autres avaient déclaré que le projet de loi de la Justice transitionnelle devait être discuté en premier. On dirait que personne ne les écoute. Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar, une des composantes de l'Union pour la Tunisie (UPT), précise dans la même émission, qu'il ne sert à rien de passer un projet de Constitution qui n'a pas l'aval des deux tiers des membres de la Constituante. « La motion de censure a été programmée dans le but de brouiller les tractations et des alliances en cours. Ils veulent faire perdurer le plus possible la période transitoire. D'ailleurs le dixième chapitre du projet de Constitution permet une rallonge de trois ans de la période transitoire. Dans la dernière phrase de ce chapitre, il est stipulé que l'actuelle ANC continuera à siéger, à légiférer et à jouer le rôle de pouvoir législatif. La Cour Constitutionnelle ne pourra examiner la constitutionnalité des lois que trois ans après sa formation. Avec les difficultés qui se présenteront pour sa formation, ce délai ira jusqu'à quatre ou cinq ans. L'atmosphère est à son comble. Nous avons demandé que l'on tempère les tensions pour pouvoir commencer les discussions à propos de la Constitution avec le maximum de consensus », dit-il. Samir Taïeb pense qu'il y a un plan machiavélique pour allonger au maximum la période transitoire. D'ailleurs, Mahmoud Baroudi, ne croît pas à des élections en 2013. L'ISIE, selon les normes internationales, aura besoin de 8 mois pour préparer les élections. Les élections, au cas où tout marche bien, ne pourront se dérouler qu'en mars ou avril 2014, sinon entre septembre et octobre de l'année prochaine. Encore une année de perdu, pour l'économie tunisienne et les investissements étrangers dans le pays. Les partis visés par la loi d'immunisation de la Révolution ne vont pas se croiser les bras. Une manifestation devant l'ANC est prévue par l'Union pour la Tunisie, samedi prochain. Des plaintes vont être déposées auprès des Nations-Unies et des instances internationales chargées des Droits de l'Homme. «Tout ce qui se fait aujourd'hui, tend à diviser les Tunisiens », déplore Samir Taïeb. « La logique de vengeance et de haine prédomine », constate Mahmoud Baroudi. Il défend la nécessité d'opter pour des concessions, de privilégier le projet de loi de justice transitionnelle…Il faut réunir les premières conditions de succès à la transition démocratique.