Le projet est ambitieux et aurait pu être très porteur. S'inscrivant dans la perspective de valorisation d'un village berbère du sud tunisien : Chenini, ici, en l'occurrence et dans une démarche de développement en aval, d'un tourisme autre, impliquant outre, le visiteur potentiel, les habitants d'une région, demeurée en marge, et à qui la révolution n'aura au final pas apporté grand-chose jusqu'ici, le film « Hlela », un court-métrage de quelque 26 mn, tourné en trois langues (tamazigh, arabe, français), était censé raconter l'histoire de cette jeune veuve héroïque, habitant le village de Chenini, qui élève stoïquement ses trois enfants et qui est acculée à subir la méchanceté haineuse de tout un village, lequel voit d'un très mauvais œil, qu'une femme ose travailler dans une mosquée, lorsque sa place est à la maison. Il faut rappeler qu'il s'agit là, d'un milieu très archaïque, encore régi par d'anciens codes, et qui semble rétif à toute évolution, s'agissant du droit des femmes. Un soir de Ramadan, la « Nuit du Destin », plus exactement, « Hlela », décide, après avoir été prise à partie par les hommes, venus psalmodier du Coran dans la mosquée, de faire face courageusement en s'emparant de son droit à la parole, afin de défendre sa dignité bafouée et d'évacuer sa souffrance trop longtemps tue. Seulement, voilà : on ne voit rien de tout cela dans le film. Du coup, il aurait été plus adroit, pour ne pas rater le coche, de présenter « Hlela », en tant que documentaire sur le village berbère de Chenini, aux habitations troglodytes, à l'instar de Douiret, cet autre village de montagne de la région de Tataouine qui a su préserver ses spécificités et son authenticité, ce qui fonde sa richesse et sa singularité. Car , ce que le réalisateur a filmé, c'est certes, la beauté abrupte et aride d'un paysage de montagne et quelques costumes somptueux, typiques de la région et non pas une intrigue, menée de bout en bout, comme cela est présenté dans la note d'intention. Des voix-off, des commentaires déclamés avec grandiloquence, une comédienne muette, laquelle d'ailleurs ne joue pas, et qui fait tout au plus de la figuration intelligente, tout ce qui fait, qu'au-delà de l'aspect documentaire de l'œuvre, et son attachement à valoriser un patrimoine, qui mérite largement d'être préservé, il n'y pas de film qui vaille. A moins de le reprendre de bout en bout. Samia HARRAR * « Hlela » sera projeté, le 28 juin au village Chenini, au Caire (Egypte), les 26-27-28-29 septembre 2013), au festival international du court-métrage, à Khouribga – Maroc (les 20-21-22 et 23 novembre 2013) au festival maghrébin du cinéma, et enfin à Dubaï (octobre 2013) au Festival international du cinéma.