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De Douiret à Chenini... par les crêtes
Tourisme
Publié dans Le Temps le 02 - 03 - 2008

Nous sommes arrivés à Douiret en fin de jour, en même temps que de gros nuages venant de partout, qui se rassemblaient autour de la partie fortifiée, là haut, comme pour un rendez-vous. Les premières grosses gouttes nous ont à peine laissé le temps de voir le ciel violet noir du crépuscule avant de rebondir en tous sens sur les dalles calcaires. Après une méharée de quelques jours, dans les sables, entre Tambaïne et Ksar Ghilane,
recevoir des giclées d'eau sur le visage est une sensation assez particulière. On se dépêche de poser nos sacs dans les chambres troglodytes, aménagées par Raouf, l'enfant du coin. Un petit projet à prendre en exemple et en considération : des petites chambres, en fait des grottes restaurées, d'une propreté méticuleuse, un décor reproduisant à l'identique l'authenticité des anciennes demeures, et leurs objets. Soupe d'orge pour se réchauffer, riz-viande vapeur, thé à volonté. Longue soirée de découverte, et d'échanges, sur les lieux, les coutumes, la langue, sur l'histoire, les légendes, les mythes de la région jusqu'à tard dans la nuit. Le lendemain, avec le soleil, le groupe, une quinzaine de personnes, devons rejoindre Chenini par les crêtes, guidés par Abdallah, le jeune frère. Durant la nuit, par intermittences, l'orage fut rageur et l'écho du tonnerre en cascades.
Prendre à gauche, le sentier qui colle au flanc de colline, en quittant Douiret, surtout ne pas suivre le chemin plus large, qui descend et qui nous ramène vers la goudronnée, à partir de l'école primaire. Ca et là quelques grottes effondrées, des ruines de murets de pierres sèches, des éboulements de rochers détachés, quelques troncs de palmiers enchevêtrés, des restes d'habitations abandonnées depuis si longtemps, avec la trace des signes protecteurs codifiés, en relief sur des portions d'enduit, un mélange de plâtre et de chaux vive.
Au troisième virage, un fantastique troupeau de chèvres noires, cinq cents au moins, vient à notre rencontre. Le sentier est complètement enseveli sous un épais tapis de crottes, et ce, sur plusieurs dizaines de mètres. Du parfait fumier bio, à l'abandon, que l'eau de la veille gonfle et entraîne sur le flanc abrupt. Les propriétaires éleveurs sont des gens originaires de Dhéhiba, village à la frontière de la Libye. Trois générations depuis qu'ils sont là, bergers de père en fils. Ils étaient arrivés avec rien. Pas de terre, pas de savoir faire artisanal, donc garder les chèvres de l'habitant, et payés au prorata, à l'ancienne. Aujourd'hui, il n'y a présents sur les lieux que deux femmes, des enfants apeurés par notre présence massive, inattendue, et deux chiens, parfaitement obéissants. Les hommes, eux, sillonnent les souks hebdomadaires des villages environnants, font du commerce, la proximité de Ben Gardane et les flots de marchandises transitant par la Libye aidant....
L'orage de la veille a laissé des traces bien visibles dans les cuvettes des pierres plates, dans les petits creux imperméables. Le chemin que nous suivons a été réparé, à la va vite on va dire, il n'y a pas si longtemps, par des randonneurs certainement. Quelques signes, des ronds, comme des marguerites jaunes et parfois une flèche bleue, comme une violette imprimée dans la roche, jalonnent le tracé : une course VTT est passée dans le coin il y a quatre ou cinq ans, puis plus rien, l'idée fut abandonnée. Dommage, encore un créneau porteur de découverte, de tourisme à thème, qui disparaît.

Trésors géologiques
Sur les brindilles des touffes de romarin desséchées, de minuscules points verts sont visibles : de nouvelles feuilles sont là. Se méfier des plantes apparemment mortes.........Elles régénèrent souvent quand on s'y attend le moins. Des ruissellements impressionnants, des traces de petites coulées de boues, les jessours sont pleins à ras bord, des mares bien visibles noient les pieds des oliviers.
Ici, la piste suffisamment large pour faire passer aisément un mulet et sa charge, pavée à main d'homme, réapparaît soudain. On se croirait projeté sur la montée de Guermessa : les mêmes larges pierres plates, ajustées, incrustées de silex, Juste sur notre gauche un prodigieux jesr, ce petit barrage de pierres et de terre, une retenue d'eau, à moitié affaissé. Les jeunes d'aujourd'hui n'entretiennent plus ce patrimoine et préfèrent aller vers des emplois mensualisés. Un autre éboulement et c'est fini. Un héritage qui s'en va. Les ancêtres, eux, n'avaient pas d'autres alternatives, leur vie en dépendait. Ils étaient bien obligés de réparer, d'entretenir et de restaurer tout ce que les éléments de la nature altéraient.
Parfois, les pieds glissent sur des passages argileux, encore humides : il faut être très sérieusement outillé, chaussures de marche souples et surtout un bâton d'appui sont indispensables pour ce genre de promenade.
Tout autour, l'œil se repaît des richesses géologiques, des nodules de silex dans la masse des différents calcaires, des basaltes émergeant d'on ne sait où, des quartz, du mica. Nous arrivons en haut d'un plateau, le GPS d'un compagnon indique 505 mètres de hauteur : la vue est dégagée des deux côtés. A gauche, l'immensité rose, Douiret et sa partie fortifiée, de l'autre la vallée d' El Asouk , la source de Aïn El Maaguel. Arrêt pour respirer et permettre à tous de se poser un moment.
La marche reprend, la terre mouillée colle aux pieds. Petite montée de Châaba El Hamra, appelée ainsi pour le rouge foncé du terrain. C'est là où sont visibles ces majestueux oliviers, accrochés à de minuscules terrasses, entourées d'énormes talus, des tabias. Un travail colossal. Tout autour, encore des éclats de silex, des bouts de calcédoines vertes colorées par l'oxyde de cuivre, d'autres nettement rouges, ferrugineuses : c'est Temdit, un lieu dit ( de « temditt » qui veut dire en berbère « après midi »). En contre -bas, à droite, Matréoua et ses deux sources connues, encore suintantes. Il y avait là une communauté juive semble-t-il. A gauche, Moghlane, et plus loin, Jabbouzt à l'est. Des noms de légende.

La Source du Figuier
On recroise ici le « Chemin des Caravanes », vaste piste balisée, nette, visible, presque pavée par endroits. Elle reliait Ghadamès, ville libyenne à la pointe sud de la Tunisie , à Gabès et Kairouan en passant par Douiret incontournable, Guermessa, Ghomrassen. C'est le chemin des crêtes, le plus court et le mieux protégé. Ce n'est que plus tard, avec la colonisation, que Tataouine, devenue place militaire, et centre administratif pour le sud, va très vite détrôner Douiret. La dernière grande caravane, digne de ce nom, semble y être passée vers 1921.
Ce « chemin » nous mène au sommet de Djebel El Ayat, le « Mont des Hurlements », où selon les légendes locales, des pleureuses invisibles se lamentaient ici les nuits de solstices. C'est aussi une immense échancrure dans les monts. Un appel d'air, violent et strident, dévale vers la Jfara qui s'étend subitement devant nous, et là-bas, disséminés et bien visibles, Tataouine, Ksar Hdadda et Ksar Hallouf, comme de gros cailloux éparpillés par un Petit Poucet géant...
Abandonner la piste, la laisser aller vers la droite, et prendre un tout petit chemin, à peine perceptible, tapis dans le chaos de pierrailles parsemées de cristaux brillants, lové sous les touffes d'alfa. La vue est toujours aussi sublime ; les nuages tracent une calligraphie mouvante sur les collines. La dénivellation, vraiment abrupte, descend vers la source du Figuier toute proche à vue d'oeil. Un étroit sentier de mule, difficile, extrêmement dangereux par endroits. Il faut avoir le pied bien assuré pour ne pas buter sur des racines apparentes et sur les pierres instables. Suivre lentement l'interminable serpent, mettre une distance suffisante avec celui qui vous précède, poser le pied exactement dans la trace laissée pour éviter une chute mortelle.
Enfin, la source. Une eau qui coule en permanence, récupérée dans un bassin cimenté. Quelques marches et une porte verte pour la protéger. Le surplus se déverse sur les racines du gigantesque figuier, d'où le nom du lieu, et s'enfonce dans les interstices en un chant enivrant. Un peu plus loin, à deux cents mètres, sur le même flanc, la source du Palmier. On s'y arrête, l'eau est délicieuse et la vue féerique. Des lieux à protéger très d'urgence.
On contourne l'éperon rocheux qui s'avance vers le vide, une vraie étrave de navire, et les alvéoles du cône de Chénini sont devant nous, posées, là-haut. Et au détour de la dernière difficulté, apparaît, à portée de main, le minaret penché de la Mosquée des Sept Dormants.


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