(Reuters) - Le boom du pétrole de schiste aux Etats-Unis provoquera une érosion du poids de l'Opep sur le marché mondial et contribuera à combler une forte croissance de la demande l'an prochain, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel publié hier. Ce constat sur l'effritement de la part de marché de l'Opep avait déjà été dressé la veille par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son propre rapport mensuel. Même si la croissance de la demande pétrolière mondiale doit être en 2014 la plus forte observée depuis 2010, l'offre devrait être à la hauteur, ce qui permettrait d'éviter une envolée des cours, constate l'AIE.
"Les perspectives de 2014 (...) risquent d'être perturbantes pour ceux qui jouent le pétrole à la hausse. La croissance de l'offre hors Opep est bien partie pour inscrire un record de 20 ans l'an prochain, dépassant le pic de 1,3 million de barils par jour (bpj) atteint en 2002", écrit l'agence.
La croissance de l'offre hors Opep dépassant le rythme de la croissance de la demande mondiale, projetée pour cette dernière à 1,2 million bpj en 2014 contre 0,93 million en 2013, la demande de bruts de l'Opep fléchirait l'an prochain à 29,4 millions bpj contre 29,6 millions cette année et une production de 30,61 millions bpj actuellement. Le tableau brossé par l'AIE change radicalement de la tendance des dernières décennies où l'Opep était censée conserver la maîtrise du marché, la production hors de sa sphère diminuant ou stagnant.
L'offre nord-américaine devrait croître de près d'un million bpj en 2014 et d'autres pays tels que le Brésil et le Kazakhstan devraient également apporter leur contribution.
"La production pourrait même s'avérer plus élevée que prévu en Russie, aux Etats-Unis, au Canada et au Brésil, surtout si les prix demeurent aux niveaux actuels voire les dépassent", poursuit l'AIE. La Chine resterait le principal moteur de la croissance de la demande l'an prochain, avec 385.000 bpj de plus, suivie par le reste de l'Asie hors OCDE (325.000 bpj) et le Moyen-Orient (225.000 bpj). "Même si la demande de l'OCDE doit se contracter, cela se fera à un rythme bien plus lent que ce ne fut le cas ces dernières années, depuis la crise financière de 2008, soit 0,4% en 2014 contre 0,8% en 2013".