Nous sommes tous en colère devant l'impuissance du sélectionneur national Roger Lemerre à tempérer l'ardeur bouillonnante des Soudanais qui ont proprement rogné les ailes des "Aigles de Carthage", pris dans la tourmente du guêpier d'Om Dormane. Il a eu beau essayer différents schémas tactiques. Vainement. Prisonnier de la nasse adverse, poings et pieds liés, il est apparu, à travers la petite lucarne, résigné à son sort, dès la première banderille qui a fait mouche et qui a fait beaucoup de mal à notre équipe nationale étrangement chloroformée pour la circonstance. Pourtant, il se targue d'une longue expérience et d'un métier fort consommé. Le regard lointain et perdu à la fois, il a tressailli pour émoustiller sa bande à la dérive et curieusement méconnaissable. Les gesticulations "guignolesques" du bord du terrain n'ont rien amené de positif, non plus. Les nôtres devaient subir la loi de leurs adversaires transcendés par un public tout feu, tout flamme. Ce fut une véritable correction qui a finalement tourné à la punition pure et simple. Trois buts concédés, un gardien chancelant et une défense ballottée : il y a longtemps que notre team national n'a pas présenté un visage aussi hideux. La note aurait été plus lourde encore si les picadors soudanais avaient observé plus d'assurance devant notre cage. On a frôlé l'humiliation. À qui la faute ? Le staff technique doit rendre à présent des comptes au public sportif qui ne cesse de croire à la bonne étoile de ses représentants. Ce staff a cédé le leadership des "Aigles de Carthage", en ne sachant pas gérer la situation, sclérosé tel qu'il est depuis le "Mondial" raté d'Allemagne. Roger Lemerre perdure à dormir sur les lauriers tressés en... 2004. Il n'a pas compris que les temps ont changé et qu'il risque de boire le calice jusqu'à la lie dans cette CAN 2008 au Ghana, après s'être fourvoyé dans l'édition précédente chez les Pharaons. Ce coup de semonce, qu'il vient de recevoir à Khartoum, parviendra-t-il à le sortir de sa somnolence qui a malheureusement rejailli sur le club "Tunisie", pourtant revigoré. Dimanche, l'équipe nationale a été l'ombre d'elle-même. Elle tournait en rond, à l'image de son ex-fer de lance Silva Dos Santos laminé par les rugueux défenseurs soudanais. Avec en plus, la faillite du stratège Lemerre qui attend paisiblement la fin de son contrat sans chercher à se renouveler et à se métamorphoser pour faire rebondir nos "Aigles de Carthage" qui sont bien capables de s'élever au firmament. Le technicien français a, peut-être, tout donné et nous l'en remercions. À présent, son escarcelle semble vide et il est temps de penser à la relève car le "Mondial 2010" pointe à l'horizon. La colère d'avoir vu nos sympathiques garçons "ridiculisés" par leurs homologues soudanais gronde. C'est une colère sourde qui ne trompe pas à propos de l'urgence de la situation. Revoir de fond en comble sa stratégie, c'est le conseil à donner au patron omnipotent de la sélection dont le jeune gardien Hamdi Kasraoui n'a cessé de maugréer son destin dans la fournaise d'Om Dormane. Place à l'humilité et à la clairvoyance, nous sommes devenus vulnérables, d'autant plus qu'on n'a pas le droit d'oublier le triste match nul blanc ramené de l'Ile Maurice à l'entame de ces joutes africaines qualificatives. Les Soudanais nous ont enfin ôté la carapace dont on se croyait munis pour juguler toute velléité continentale, fort de notre intronisation africaine en 2004, dans notre temple de Radès. Un sacre fugace qui s'estompe inexorablement au point de nous fuir et tomber dans les réminiscences. Les " Aigles de Carthage " ne méritent pas pareille déchéance, leurs serres étant aussi actives pour lacérer n'importe quelle proie à condition de les préparer convenablement. Au timonier de redresser la barre de la felouque, avant les grandes régates qui attendent notre équipe nationale.