Par Khaled Guezmir D'un calme olympien qui n'a rien à voir avec les discours enflammés d'un Nasseur ou d'Essadate, le général Sissi, nouvel homme fort de l'Egypte, après la déposition du « frère musulman », Dr. Morsi, monte au créneau et appelle le peuple égyptien attaché à la liberté et à la paix sociale, à manifester son soutien indéfectible à « son » armée contre le « complot » (encore un) qui vise à détruire l'Egypte et son Etat. La manif est pour demain, ce vendredi, et « doit démontrer au monde que l'Egypte n'est pas la propriété des Frères musulmans, et des « terroristes » qui veulent mener le pays, à l'impasse syrienne », selon le général-ministre de la Défense. Sissi explique aux Egyptiens « Chourafa » (honnêtes) que l'armée n'a jamais visé le pouvoir et n'a jamais opéré un coup d'Etat contre Morsi, bien au contraire. Il martèle qu'il a toujours informé l'ex-président de toutes les démarches et des vœux de l'armée d'éviter un bain de sang dans le pays du Nil « Oum Addounya » et qui le restera à jamais. Il aurait demandé en vain à M.Morsi de dialoguer avec les forces vives de la Nation égyptienne et de répondre aux vœux des millions d'entre eux et de se comporter comme « président de tous les Egyptiens et non le président de son parti, les Frères musulmans ». Il est allé même à lui proposer un appel à la concorde et au pire des cas à un référendum sur la fin de la transition en Egypte. « J'ai été surpris et je me frottai la joue, comme vous tous, de voir M. Morsi prononcer un discours où il dit le contraire de ce qu'il a promis », et de mentir au peuple… Hilarité dans la présence massive de citoyens et de hauts cadres de l'armée, comme quoi le double langage est aussi prospère du côté des « frères égyptiens » ! Le général Sissi explique par ailleurs que Morsi et les Frères ont pour devise : « Où bien on gouverne, ou bien c'est le déluge, la violence, le terrorisme et la guerre civile ». Mais le général paraît serein et décidé « Le terrorisme et la violence ne passeront pas » martèle-t-il ! Au sujet de la légitimité, le général Abdelfatah Sissi donne sa version de celle-ci. « Vous êtes légitimes tant que vous êtes accepté par le peuple… Si ce dernier vous rejette, ou bien vous répondez à ses attentes et vous rectifiez votre politique… ou vous partez ! » Enfin, il revient au coup d'Etat dont les « Frères » l'accusent pour dire tout simplement : L'armée n'est pas allée prendre le pouvoir alors que le peuple dormait chez-lui… c'est après la descente dans la rue de dizaines de millions de personnes et après des ultimatums pour le dialogue restés infructueux, que l'armée s'est rangée, comme toujours dit-il, aux côtés du peuple ». Voilà en résumé un discours qui à notre avis fera date dans la mémoire égyptienne des temps présents. Maintenant c'est au terrain de dire son mot. Le général Sissi demande au peuple égyptien le « pouvoir » (Tafwidh) de s'opposer au « terrorisme et à la violence » des Frères et de mettre fin à la rébellion armée au Sinaï et ailleurs. Il assure les égyptiens de l'unité « comme un seul mot » dit-il de « son armée », comme pour répondre à ceux qui disent qu'il y aurait des défections au sein de cette même armée à l'instar du scénario syrien, mais le grand oral et la grande épreuve pour lui et pour le clan démocratique égyptien seront jugés sur leur capacité réelle de mobiliser de nouveaux millions pour dire au monde : L'Egypte appartient à tous les Egyptiens et non pas seulement aux « Frères musulmans ! » Attachons les ceintures et prions pour éviter un nouveau désastre à l'Egypte sœur et à son brave peuple. Entre temps nos politiciens en Tunisie se plaisent à vivre des jours heureux ! Le dialogue c'est le dernier de leur souci et encore moins le compromis salutaire…. Soyons « optimistes » comme eux… La Tunisie n'est pas l'Egypte ! Nous sommes rassurés ! Dormons sur nos lauriers et surtout ne dérangez pas l'ANC ! Elle est légitime pour les décennies à venir !