«Si un gouvernement de compétences ne sera pas mis en place d'ici une semaine, la commission administrative se réunira pour prendre les mesures adéquates», précise Bou Ali M'barki, secrétaire général adjoint de l'UGTT. «L'UGTT s'est positionnée comme une force de proposition et n'a pas choisi d'engager un bras de fer avec le pouvoir», juge le ministre des Affaires sociales Khelil Ezzaouia Rien n'indique que la crise politique provoquée par l'assassinant est proche de son épilogue. Le mouvement Ennahdha s'en tient mordicus à sa légitimité électorale tandis qu'une majeure partie de l'opposition appelle à la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Forte de ses 600.000 adhérents, l''Union générale tunisienne du travail (UGTT) tente de jouer l'arbitre pour concilier des intérêts diamétralement opposés. Pour le moment, la puissante centrale syndicale semble privilégier le dialogue pour essayer de trouver une solution médiane à la crise. Elle multiplie en effet les concertations autour de son initiative prévoyant le départ du gouvernement et le l'Assemblée nationale constituante (ANC) tout en lui fixant un agenda concis et précis. Jeudi, le secrétaire général de l'organisation ouvrière a rencontré le Chef du gouvernement Ali Laârayedh et, le lendemain, le leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, après avoir mené des consultations avec des partis de l'opposition Constatant que toutes les parties, notamment celles au pouvoir, campent sur leurs positions et refusent de faire des concessions, l'UGTT a laissé entendre qu'elle dispose de plus d'une corde dans son sac. Elle a, en effet, adressé une sorte d'ultimatum au gouvernement dirigé par Ali Laâryedh, lui donnant une semaine pour former un cabinet de compétences. La centrale syndicale affirme qu'en cas de refus, elle sera obligée d'envisager d'autres options après avoir échoué à jouer un rôle de médiation entre les parties au pouvoir et l'opposition. « Nous allons poursuivre les négociations et si nos demandes de changement de gouvernement et d'application d'un calendrier par l'Assemblée constituante ne sont pas prises en compte, alors nous serons obligés d'envisager d'autres options», a dit le secrétaire général adjoint de l'organisation Bou Ali Mbarki. Mesures adéquates Le responsable syndical a indiqué, dans ce même cadre qu'au cas où un gouvernement de compétences ne sera pas mis en place d'ici une semaine, « la commission administrative se réunira pour prendre les mesures adéquates ». Du côté de la Troïka au pouvoir, certains jugent que l'UGTT a adopté une position nuancée et globalement positive. « En appelant au maintien de l'ANC, l'UGTT s'est positionnée comme une force de proposition et n'a pas choisi d'engager un bras de fer avec le pouvoir », a fait savoir Khélil Ezzaouïa, ministre des Affaires sociales et dirigeant du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol). Autant dire qu'une solution médiane à la crise est encore possible. L'UGTT est l'une des forces politiques et économiques les plus puissantes de Tunisie. Elle est, selon les observateurs, capable grâce à son grand pouvoir de mobilisation de paralyser le pays comme ce fut le cas lors du sit-in de la Kasbah 2 qui a abouti à la démission de l'ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi ou lors des grèves générales de 24 heures après le meurtre de Mohamed Brahmi et de Chokri Belaïd. Les tensions ne cessent de s'accroître dans le pays après l'assassinat la semaine passée de l'opposant laïc Mohamed Brahmi, abattu par deux inconnus devant chez lui. Il est le deuxième opposant d'importance tué en six mois après le meurtre de leader d'Al Watad, Chokri Belaïd. Ces tensions, qui se sont traduites par des violences lors de rassemblements de l'opposition, dans plusieurs villes du pays se doublent de problèmes sécuritaires à la frontière avec l'Algérie après la mort de huit soldats tués par des terroristes qui ont pris position dans les montagnes de Djebel Chaâmbi depuis décembre dernier.