• Aujourd'hui, une chaîne humaine de 10000 personnes du Bardo jusqu'à la Kasbah C'était au local du « Courant Populaire » que les députés retirés de l'ANC ont donné leur conférence de presse d'hier. Après avoir souhaité la bienvenue aux journalistes venus massivement, Mourad Amdouni, le porte-parole de ce parti a remercié ses confrères pour ce choix effectué en signe d'hommage à leur martyr Mohamed Brahmi. Le statu quo Khemaies Ksila, qui a le premier pris la parole, a tenu à souligner, en préambule à cette conférence, leur démarcation vis-à-vis du flou qui règne dans les visions et des discussions dans les coulisses entre les différentes parties invitant par là les journalistes à apporter leur contribution en dissipant le nuage dont on voudrait entourer leur position initiale et en élucidant la situation. « Les députés se comportent comme tels et non pas comme des représentants de partis », a-t-il précisé. Autrement dit ce dépassement de l'appartenance politique donne à leur mouvement plus de liberté et il leur permet de former une composante indépendante au sein du Front de Salut National. Ksila a réitéré le maintien de leurs revendications majeures, à savoir la démission du gouvernement et la dissolution de l'ANC en insistant sur le fait que cette position de principe n'est sujette à aucune interprétation. Pour lui, Ennanhdha et ses partenaires ne font rien pour désamorcer la crise et continuent leur fuite en avant rien que pour essayer de gagner davantage du temps et pérenniser, ainsi, leur pouvoir. L'ultimatum Il était très explicite et très ferme là-dessus : la voie du salut commence par la démission du gouvernement afin de pouvoir passer à l'étape suivante et mettre en place les mécanismes nécessaires et susceptibles de faire réussir le processus démocratique et ce à travers un dialogue responsable et sincère. Sans cette condition préalable, les députés « retirés » continueront leur action comme au premier jour, cette escalade éventuelle n'est pas à prendre comme étant des enchères politiques, mais elle est, tout simplement, une invitation à Ennahdha de revenir à la raison et de faire prévaloir l'intérêt national afin qu'elle évite d'aggraver encore plus la crise qui embrasse tous les domaines, a ajouté Ksila. A défaut de cela, l'ultimatum du 31 août verrait une transformation profonde et qualitative au niveau des moyens de lutte qui passeraient à un niveau supérieur qui seront annoncés en temps opportun. Concernant la campagne « dégage », le député a affirmé qu'ils étaient en contact permanent avec les régions pour soutenir leur action et l'encadrer. Dans ce cadre, ils se sont rendus, hier, à Jendouba et au Kairouan. A travers ce mouvement de masse, ils veulent montrer au peuple comment Ennahdha s'est permise de s'approprier l'Etat par le biais de sa mainmise sur les rouages de l'Etat et non pas, comme le prétendent ses dirigeants et leurs associés, détruire ce dernier et constituer des comités populaires. Ce n'est pas tant le nombre de délégués, de gouverneurs et de fonctionnaires dégagés par les citoyens que la volonté de mettre à nu le vrai projet du parti majoritaire aux élections qui importe. En ce sens que leur action n'est pas quantitative mais qualitative, car le limogeage de ces derniers relève des prérogatives du prochain gouvernement de salut. Marée humaine Salma Baccar a succédé à Ksila pour annoncer les festivités d'ajourd'hui, 31 août. Une chaîne humaine sera constituée, à 17h, depuis la place du Bardo jusqu'à celle de la Kasbah, les deux bouts seront reliés par les sections suivantes : Bouchoucha, Bab Saâdoun, l'hôpital Charles Nicolle et la Faculté des lettres et sciences humaines 9 Avril. Cette chaîne humaine, qui sera constituée de 10 000 personnes environ et dont le but est de montrer l'unité entre le peuple et ses députés ainsi que leur volonté, se rendra, ensuite, à la place du sit-in du Bardo là où sera organisée une grande soirée artistique dont le coup d'envoi sera donné à 2Oh et qui prendra fin à minuit. Des invités des 24 régions et des représentants de secteurs professionnels tels que des avocats, des médecins, des ingénieurs et des universitaires seront présents à cette fête qui sera animée par des chanteurs engagés et des poètes. Néologisme Concernant ce que les dirigeants d'Ennahdha appelle « gouvernement électoral », Fadhel Ben Moussa a souligné que ce « néologisme » absurde n'a pas de sens dans le droit constitutionnel à moins que ses auteurs ne veuillent entendre par là qu'une telle institution serait conçue pour rassurer l'opposition en présentant ce gouvernement comme étant le garant de l'impartialité de l'administration et donc des élections libres et transparentes. « Si c'était leur intention, on leur répondrait que c'est votre proposition intervient trop tard, vu que cette dernière est assiégée par les partisans de Ennahdha, et qu'on n'a pas besoin d'un tel gouvernement, étant donné que les élections sont du ressort de l'ISIE », a fait savoir le juriste. Enfin, son confrère, Karim Krifa, a répondu au député du parti majoritaire qui a réclamé l'application de l'article 26 pour remplacer le Président de l'ANC par sa vice présidente, en soutenant que cette demande n'est pas légale, attendu qu'il n'y a pas vacance de la présidence, ce qui empêche les députés de la majorité de tenir une assemblée plénière. D'ailleurs, abstraction faite de la légalité de la procédure ou de son défaut, l'Assemblée Nationale n'a plus d'existence politique et ne peut plus continuer, a commenté Khmaies Ksila. Faouzi KSIBI
Une délégation d'élu(e)s français soutient le sit-in du Bardo Une délégation d'élu(e)s se rend en Tunisie pour soutenir le sit-in des députés tunisiens de l'assemblée constituante qui se sont retirés depuis l'assassinat du leader du front populaire Mohamed Brahmi, dirigeant de gauche du front populaire et du courant populaire nationaliste Nassérien et député de la constituante. La délégation est composée de Michelle DEMESSINE, Sénatrice du nord PCF, Alexis CORBIÈRE, Conseiller de Paris, Premier Adjoint à la Mairie du 12ème et secrétaire national du PG, Henri MERME dirigeant des Alternatifs, Tarek BEN HIBA Conseiller Régional Ile-de-France, FASE. La délégation a participé à une conférence de presse organisée par les députés de la constituante retirés en sit-in de protestation; puis à la manifestation prévue. Elle rencontrera les composantes du front de salut national rassemblant des partis politiques et des associations démocratiques. La délégation apportera le soutien des organisations démocratiques françaises au front de salut national dans sa lutte pacifique pour la rectification du cours de la révolution et la formation d'un gouvernement de salut national non partisan.