Xarnege ou « Sharmégo », c'est le nom de la troupe qui a animé vendredi dernier la deuxième soirée musicale de la 8ème édition de Musiqât, à Ennejma Ezzahra (Sidi Bou Saïd).c'est un mariage musical entre la Gascogne et le Pays Basque, deux régions des Pyrénées aux cultures certes différentes, mais très proches et très disposées à être partagées entre les deux peuples. Le projet de Xarnege consiste à faire redécouvrir ces musiques traditionnelles aux racines communes et que les deux peuples pratiquaient depuis longtemps. C'est donc un espace de rencontre et un lieu de partage entre deux cultures de même origine. Xarnege ou « Sharmégo » signifie les enfants de mariages mixtes (basques et gascons), tout comme les régions où les deux cultures cohabitent ; c'est celui qui connaît et aime les deux cultures, celui qui est capable de s'exprimer et de s'affirmer de deux manières. L'ensemble est constitué de cinq membres : Joan Baudoin (flûte à trois trous, tambourin à cordes, chant, boha, vielle à roue), Josean Martin Zarko (guitare, bouzouki) et Juan Ezeiza (alboka, violon) Lucia Longué (chant, flûte à trois trous, tambourin à cordes, caremera, boha, accordéon diatonique) et Simon Guillaumin (chant, vielle à roue). Le groupe nous a invités ce soir-là à un voyage entre Gascogne et Pays basque pour explorer la richesse des cultures et des traditions musicales. Ni les frontières politiques, ni les limites géographiques, ni encore les sommets pyrénéens n'ont pu empêcher ces musiciens de faire circuler librement leurs cultures et identités respectives, à travers les frontières des deux régions, par le biais des chants et des mélodies de leurs instruments authentiques, qui furent capables ce soir-là de créer des atmosphères de gaité et de bonheur chez le public tunisien, venu nombreux pour assister au concert. Ce public fut enthousiasmé par les arrangements musicaux proposés, les morceaux interprétés en langue basque et gasconne, notamment par le jeu subtil des musiciens qui se sont relayés sur plusieurs instruments traditionnels, dont la plupart sont inconnus du public. Parmi ces instruments hétéroclites, il y a la flûte à trois trous (moins longue que la flûte orientale) au son plutôt aigu qui est souvent joué avec le tambourin à cordes par le même musicien. On trouve également la vielle à roue, un instrument à cordes et à clavier. Un autre musicien joue de l'alboka, un instrument à vent qui se compose de deux tubes de canne, un de cinq trous et l'autre de trois. La boha est un autre instrument à vent qui ressemble à la cornemuse. L'un des musiciens joue du bouzouki qui est un instrument à quatre cordes doublées. Outre ces instruments traditionnels, on reconnaît la guitare et le violon qui ont été utilisés dans presque toutes les chansons. Les membres du groupe ont même simulé quelques pas de danses traditionnelles tout en chantant. Il faut signaler la voix féminine, Lucia, qui a enchanté le public par ses multiples talents et ses belles performances : elle jouait de plusieurs instruments, elle chantait et elle dansait. Elle s'est même adressée au public, dans la langue de Molière, et avec humour, pour raconter des anecdotes ou annoncer la chanson suivante.