Le comédien Kamel Touati a présenté, mercredi dernier, au Théâtre municipal de Tunis, l'avant première de sa nouvelle création « Inaâch » (Ré-Animation), en présence d'un public assez nombreux. Un one man show qui puise ses thèmes dans la vie sociale et politique du pays et qui relève certes de la satire amusante et pleine d'humour mais souvent acerbe et violente. Inutile de rappeler les succès et les prouesses théâtrales réalisées par cette star, aussi bien à la télévision que sur les planches Un show, vraiment sans vulgarité, comme c'était le cas dans plusieurs one man show représentés auparavant par d'autres comédiens de la nouvelle génération. Cependant, le texte présente des paroles truffées d'ambigüité et d'allégories allusives, sujettes à de multiples interprétations logiques et valables qui rappellent forcément notre réalité. Il s'agit dans ce spectacle d'un homme angoissé, voire traumatisé par la conjoncture actuelle de son pays, ce qui lui a provoqué une sorte d'insomnie et de troubles psychiques, le laissant vivre une double personnalité, coincé dans un espace exigu et fermé, convaincu toujours de l'idée qu'il sortira un jour de cet espace étroit pour aller vivre dans un endroit plus libre, plus aéré, pour mieux respirer. Mais il s'avère qu'il ne fait que bâtir des châteaux en Espagne et que ses rêves s'écroulent et s'évaporent. La pièce s'ouvre sur une scène où le personnage parait se réveiller d'un long sommeil. On le voit jouer plusieurs rôles : il répond docilement aux questions de deux autres personnages qui, apparemment, sont un médecin et un policier. Un interrogatoire long et pénible qui porte sur des thèmes d'actualité, mais aussi sur les capacités personnelles du personnage (ses sensations visuelles, olfactives, gustatives et tactiles) sont mises à l'épreuve. Des scènes pleines d'humour où les talents gestuels du comédien ne manquent pas. Le titre « Inaâch » (Ré…animation) est une allusion faite à cette période transitoire que vit le pays et qui semble interminable, laissant le peuple dans l'expectative d'une potion magique capable de dénouer la situation qui devient de plus en plus alarmante. Le personnage est l'un de ces citoyens qui est tiraillé entre deux périodes, la vie ou la mort, tel un malade en état comateux. Il essaie vainement de rompre les barrières pour sortir de cet espace fermé et asphyxiant vers un autre plus vaste et plus aéré où les rêves d'un futur meilleur sont permis. Cependant, il se retrouve chaque fois au même point de départ, comme dans un cercle vicieux où il n'y a aucune issue. De plus, d'après le texte, il s'avère que les thèmes abordés sont communs à tous les hommes et relèvent d'une approche universelle de l'œuvre, car c'est là où réside le rôle de l'artiste : partir du particulier pour atteindre le général, l'universel, d'où la prise de conscience des gens de leurs problèmes vitaux. Les prochaines représentations seront certainement plus performantes à tous les niveaux (lumières, son, paroles, gestes…), d'autant plus que l'acteur nous a habitués à ses improvisations enrichissantes lors de ces anciens travaux. Une avant-première est toujours susceptible d'être plus soignée, plus raffinée et donc plus agréable.