Le mouvement Ennahdha a affirmé, de nouveau, la nécessité de faire en sorte que le processus constitutionnel et le processus gouvernemental aillent de pair, dans le cadre du dialogue national, c'est-à-dire le volet relatif à l'accomplissement des tâches dévolues à l'Assemblée constituante et celui relatif à la démission du gouvernement actuel dirigé par ce mouvement, et son remplacement par un gouvernement apolitique. Lors d'une conférence de presse tenue, hier à Tunis, Abdelhamid Jélassi, coordinateur général du mouvement Ennahdah a reconnu l'existence de problèmes réels au niveau national, notamment depuis juillet 2013, outre ce qu'il a désigné de tentatives de faire dévier le printemps arabe de sa voie initiale, dans une allusion, sans doute, au mouvement de « redressement » opéré en Egypte. Plaidoyer pour la concertation Aussi, a dit Abdelhamid Jélassi, le mouvement Ennahdha estime que la concertation, le consensus et le dialogue peuvent réaliser beaucoup de choses et il a adhéré, à partir de cette conviction, au dialogue national sous l'égide du Quartet afin de montrer au peuple tunisien que l'élite politique est déterminée à assurer le succès de la transition démocratique. Il a ajouté qu'au-delà des accusations de dérobade et de faux fuyants ayant entouré les consultations politiques, elles ont permis d'établir les ponts de confiance entre les partenaires politiques au dialogue, car le plus grand problème était la suspicion et l'absence de confiance qui marquaient leurs rapports. Il a ajouté que les séances préparatoires du dialogue national ont fait naître chez les participants la conscience qu'il existe de vrais problèmes qu'il fallait affronter avec sérieux et leur trouver des solutions radicales et durables afin qu'ils ne restent pas, si on vient à les différer à plus tard, comme des bombes à retardement qui pourraient exploser à tout moment et torpiller tout ce qui a été accompli , à l'instar de la mise en place de l'Instance indépendante des élections. Le problème, a-t-il dit, ne réside pas dans l'accélération ou la dérobade, mais dans la recherche d'engagements propres à être mis en application afin de ne pas décevoir les citoyens, notamment en ce qui concerne les processus en question, soit le processus constitutionnel et le processus gouvernemental. L'essentiel, a-t-il dit, est de faire en sorte que les deux processus aillent de pair. Le premier processus a trait à l'adoption de la constitution, la mise en place de l'Instance indépendante des élections, de la nouvelle loi électorale et la fixation d'une date aux prochaines élections, tandis que le processus gouvernemental concerne la démission du gouvernement actuel et son remplacement par un gouvernement indépendant. Abdelhamid Jélassi a noté que le mouvement Ennahdha a fait une grande concession en acceptant la démission du gouvernement actuel, alors qu'en principe, il ne devrait céder le pouvoir qu'à un gouvernement élu. C'est pourquoi, Ennahdha insiste sur la nécessité de rechercher comment faire en sorte que les deux processus aillent de pair, et de convenir des garanties et conditions à assurer à cet effet, a-t-il noté, ajoutant que les séances préparatoires du dialogue national ont beaucoup progressé en ce qui concerne la méthodologie à suivre dans ce sens. Large participation Abdelhamid Jélassi a mis l'accent sur le souci d'Ennahdha de faire participer tous les partis politiques, y compris ceux qui ne sont pas représentés à l'Assemblée constituante, au dialogue national, ainsi que les autres composantes de la société et les différentes institutions afin que l'édifice soit une œuvre collective et commune, notant que l'élargissement de la participation confère plus d'efficacité au dialogue national et lui assure de meilleures chances de réussite, car Ennahdha a la ferme conviction que la participation et le consensus sont la voie idoine pour assurer le succès du dialogue national. Il a ajouté que le mouvement Ennahdha appelle ses partenaires à un apaisement ou trêve politique, sociale et médiatique, insistant sur l'attachement du mouvement Ennahdha à l'achèvement rapide du processus transitoire, tout en faisant attention aux brèches qui, reportées, pourraient s'avérer être des bombes à retardement. Elections dans six mois En réponse aux questions des journalistes, le chef du département politique d'Ennahdha, Amer Laarayedh, a indiqué que les équipes formées dans le cadre du dialogue national sont des workshops, ou groupes de travail et ne sont pas des commissions, ajoutant que sur cette base, Ennhadha a accepté la création d'un groupe de travail chargé « d'examiner la possibilité pour le gouvernement de présenter sa démission. ». Il a critiqué les parties qui mettent à profit l'anniversaire du 23 octobre pour faire de l'escalade, intensifier des actions de contestation et revendiquer la démission du gouvernement, alors que cette date devrait être un facteur d'union et de rapprochement car elle marque l'organisation des premières élections libres et démocratiques en Tunisie. Il a estimé que les prochaines élections pourraient être organisées, six mois après la mise en place de l'Instance indépendante des élections, mais, a-t-il dit, il appartiendra à l'Assemblée constituante d'approuver la date de ces prochaines élections, car l'Assemblée constituante reste la source de la légitimité et c'est elle qui abrite en définitive le dialogue, de sorte qu'elle conserve sa place de centre de tous les pouvoirs jusqu'à l'élection d'une nouvelle chambre de députés. Lajimi Louirimi, membre du bureau politique d'Ennahdha, a parlé de l'initiative du 18 octobre 2005 qui a vu l'unification des rangs de l'opposition, sous l'ancien régime de Ben Ali, en une large coalition comprenant les partis laïques de gauche et le mouvement de tendance islamique Ennahdha, appelant les partis politiques à raviver l'esprit de cette initiative et à marcher sur ses traces, en conjuguant leurs efforts en vue d'achever la période transitoire, dans les meilleures conditions. D'ailleurs, la date du 18 octobre a été choisie par Ennahdha pour l'organisation de la conférence de presse, dans cet esprit.