J-1, la légitimité du gouvernement provisoire arrivera à terme demain, le 23 octobre. Après deux ans de règne monopolisé par le parti islamiste Ennadha, les Tunisiens toutes les classes sociales confondues, aspirent à ce que le paysage socioéconomique retrouve son calme et redémarre sans tarder pour faire sortir le pays du gouffre de la crise économique et du flou politique. Deux ans de pouvoir sans partage du Mouvement Ennahdha qui ont certes, coûté cher à la Tunisie et coûteront plus cher à court, moyen voire long terme à cause de l'attitude intransigeante adoptée par le gouvernement provisoire qui refuse catégoriquement de démissionner avant la concrétisation de la feuille de route prévue d'être adoptée lors du dialogue national. En fait, la démission du gouvernement est l'un des principaux points qui suscite le débat actuellement, non seulement en Tunisie mais également à l'échelle internationale. Cette question d'actualité attire l'attention de la presse étrangère. Si certains médias font des lectures à vocation politique, d'autres ne manquent pas de dévoiler une face cachée du refus du gouvernement de Laarayedh de démissionner. Il est question entre autres, du droit à la retraite après deux ans de règne. Les ministres et les secrétaires d'Etat de la troïka auront à partir de demain droit à cette faveur alors qu'ils n'ont n'en pas besoin. Ils sont à la base des hauts cadres de l'Etat, des universitaires, des professionnels de libre pratique (avocats) et même des hommes d'affaires. Et le taux ? « En Tunisie, avant d'accepter la démission du gouvernement qu'il dirige, le parti islamiste Ennahdha a négocié un sursis de quelques semaines. Une exigence qui ne tient pas compte des considérations politiques : la plupart des ministres auront alors tout juste, deux ans d'ancienneté, ce qui leur donnera droit une retraite à taux plein en Tunisie, conforme à une loi de l'époque de Bourguiba, jamais abrogée ». Ce texte publié le 16 du mois en cours dans la revue française Express, donne une autre lecture du refus catégorique de Laarayed de démissionner avant le 23 octobre, malgré le bilan négatif. Dépourvus de tout esprit de patriotisme, les ministres tunisiens qui jouiront des pensions conséquentes ont coûté à la communauté nationale en termes d'argent et de résultats sur la vie socioéconomique et le paysage politique. En effet, l'économie nationale a perdu presque un demi-million de dinars au bout des deux ans, à cause des salaires perçus par les ministres. D'autres pertes permanentes seront facturées lors des vingt prochaines années rien que pour payer les retraites des ministres enrichis. Il s'agit là des frais directs des salaires. Mais qu'en est-il des coûts indirects ? Ils sont malheureusement plus lourds à tous les niveaux. Les pertes sont déjà visibles. Nul ne peut nier que rien n'a été réalisé lors des 24 derniers mois contrairement à ce qui a été promis par ces dirigeants. Les régions défavorisées n'ont pas connu un sort meilleur que celui d'avant la révolution. Les jeunes chômeurs continuent quant à eux à trainer sans emploi fixe. Pour ce qui est des problèmes d'ordre économiques, ils se sont empirés à cause du flou qui marque le paysage politique, de l'insécurité et du terrorisme qui frappent différents régions du pays. Les investisseurs étrangers et les touristes ont boudé notre pays ce qui coûte très cher à l'économie nationale. Expériences comparées En fait, la loi de la retraite des ministres promulguée lors des années 80 doit être amendée incessamment tout comme celle de la retraite du président de la République. Il importe de s'inspirer des expériences comparées des pays démocratiques. En France notamment, à l'exception des ministres fonctionnaires qui continuent de cotiser à leur propre charge leur retraite quand ils font partie du gouvernement, les ministres et les secrétaires d'Etat ne bénéficient d'aucun droit à la retraite. Cela s'applique également au premier ministre. En contre partie, ils peuvent toucher l'intégralité de leur indemnité de fonction pendant six mois, tant qu'ils sont au chômage. Ils perdent par ailleurs la totalité de leurs avantages après leur départ du gouvernement, dont le logement et l'accès gratuit au réseau SNCF en première classe. Nos ministres hommes d'affaires, avocats, universitaires, médecins, hauts cadres auront-ils le courage de renoncer à ce droit pour faire preuve d'un sens acéré de patriotisme ?