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Par son initiative, M. Jebali fait sortir le conflit de l'enceinte de la Troïka pour le transférer vers une sphère inconnue
L'invité du dimanche Zied Lakhdar, membre du bureau politique du PUPD
Publié dans Le Temps le 17 - 02 - 2013

Tes camarades ne disent jamais assez à notre grand martyr que tu leur manques énormément. Ton charisme, ton courage, ta franchise et ta clairvoyance se font sentir en ce moment où dominent le flou et les transactions douteuses. Ils aimeraient que tu sois là parmi eux pour les éclairer sur tout ce qui est en train de se tramer avec ta perspicacité et ton franc-parler.
Mais heureusement pour eux que tu leur ai laissé une pléiade de militants de ta trempe, que ce soit au sein du Front Populaire ou dans le PUPD à l'image de Hamma Hammami et de Mohamed Jmour, capables de s'acquitter de cette tâche avec brio comme tu l'a toujours fait. Ton immolation est un terrain d'ensemencement où poussent de nouveaux militants et s'épanouissent d'autres comme Zied Lakhdar, notre invité. On l'a invité pour vous pour qu'il nous parle des qualités et des côtés cachés du martyr de la patrie et de la liberté et d'autres questions relatives à l'initiative du chef du gouvernement.
-Parlez-nous de la dernière rencontre avec le Martyr Chokri Belaïd.
- Zied Lakhdar : on avait un rendez-vous pour la veille de l'assassinat, mais malheureusement je n'ai pu y être en raison d'engagements partisans de dernière minute dont je l'ai mis au courant. Et, ironie de l'histoire, notre dernier face à face était le vendredi précédant le crime au cimetière Djellaz à l'occasion des funérailles de la mère de notre camarade Mohamed Jmour, là où il allait être inhumé une semaine après. Ce jour-là, il me cherchait entre les gens pour me parler de choses concernant les structures du parti, et après la cérémonie funèbre, on s'est de nouveau rencontré au local, et puis, on s'est quittés. Plus tard, il m'a téléphoné pour me demander d'assister à la conférence de presse du lundi, mais je m'en suis excusé à cause d'autres engagements dans le cadre de mes activités partisanes et on s'est entendu qu'il fasse appel à d'autres camarades pour l'y accompagner. Et au moment de son assassinat, le camarade, Zied Tahri, qui l'accompagnait m'a appelé au téléphone pour me dire qu'on venait de tirer sur Chokri. Il pleurait à gros sanglots, il était en désarroi. J'étais totalement atterré par cette information terrifiante, et je me suis immédiatement rendu à la clinique avec quelques camarades. Avant d'y arriver, on nous a appris que son état était très critique, alors là, j'ai compris qu'il était décédé.
Le martyr Chokri Belaïd était un être très modeste, très sensible, altruiste et jovial
-On voudrait que vous nous parliez de Chokri Belaïd l'homme.
-j'ai connu Chokri Belaïd en 1985 quand on était étudiants à la faculté des sciences de Tunis. Depuis cette date déjà, j'ai compris qu'il était quelqu'un d'exceptionnel. Ses lectures étaient nombreuses et variées, elles touchaient au roman, à la poésie, la philosophie, le cinéma... Il avait une formation littéraire, philosophique et politique consistantes et il une connaissance exhaustive de la littérature socialiste. Il lisait avec avidité et jouissait d'une mémoire d'éléphant, Chokri était capable d'emmagasiner des connaissances et de donner une stratégie bien définie à son discours. Il était quelqu'un d'obstiné, doté d'une volonté tenace, d'une grande détermination, de bravoure et d'un important sens de responsabilité. Il allait toujours de l'avant et ne reculait jamais devant les écueils et le danger. Sur le plan humain, Chokri avait une profondeur insondable, il avait un cœur à aimer toute la terre mais ses préférences allaient aux petites filles qu'il adorait d'une manière incroyable et les relations très amicales qu'il entretenait avec les nôtres, la mienne et celles de nos camarades, en étaient la parfaite illustration. Il avait tellement de l'affection pour elles qu'il ne trouvait pas de difficultés pour nouer, rapidement, des relations avec elles. Il les abritait de ses ailes comme la poule protégeait ses poussins au point de nous reprocher d'être injustes à leur égard et prenait aussi le parti de nos femmes qu'il défendait contre nous. A ce propos, je voudrais rappeler son intervention lors du congrès constitutif de l'association féministe du parti « Horra » (libre), un nom qu'il a proposé lui-même avec d'autres camarades. Il s'obstinait à l'appeler féministe et non pas féminine, car il était convaincu que les femmes avaient des spécificités et des droits qu'il fallait défendre indépendamment des autres droits qu'elle a en commun avec l'homme. Chokri parlait de féminisme révolutionnaire pour le différencier du féminisme libéral. Donc, sa relation avec la femme avait des dimensions intellectuelle et politique. Sur le plan matériel, il était connu pour son désintérêt pour l'argent, en ce sens que lorsqu'il en avait, il en donnait sans compter et quand il n'en avait pas, il n'en faisait pas un drame, il se contentait de peu ou de rien. Il lui était égal de manger un sandwich ou un plat copieux, c'était un être très modeste. Il savourait la vie qu'il vivait pleinement. Il aimait la musique et la poésie, sa chanteuse préférée c'était Om Khaltoum et ses poètes de prédilection c'étaient Mahmoud Darouiche et Saâdi Al Youssef, sa passion pour la poésie était telle qu'il faisait des vers. Et contrairement à l'impression qu'il donnait, il était très timide avec les gens qu'il ne connaissait pas et pour lesquels il avait un respect profond.
-Selon vous, Chokri Belaïd regretterait-il son sort ?
-Tous ceux qui l'ont connu savent très bien qu'il était prêt à s'immoler pour la patrie, les droits des peuples, toutes les valeurs nobles, à s'offrir en sacrifice comme une offrande pour tous les miséreux et les malheureux de ce monde. Et je suis persuadé que s'il revenait à la vie, il ne regretterait rien de tout ce qu'il a fait et tout ce qui lui est arrivé, et si c'était à refaire, il ferait exactement la même chose et emprunterait le même chemin. Je le vois en ce moment souriant et se féliciter que le peuple tunisien l'a accompagné à sa dernière demeure, qu'il l'a rassemblé par sa mort, que son sang versé lui a échafaudé le chemin de la liberté et de la démocratie, lui a insufflé de l'enthousiasme, de la volonté et de l'énergie pour continuer la Révolution et réaliser se objectifs, pour que la Tunisie soit libre et prospère, pour que nos lendemains soient meilleurs.
-Etes-vous satisfaits du déroulement de l'enquête sur l'assassinat de votre camarade ?
-L'enquête n'avance pas et nous exprimons notre crainte que les traces du crime ne soient effacées. Mais toutes ces tentatives de masquer la vérité et de couvrir les criminels ne nous décourageront jamais, nous continuerons à chercher les assassins pour mettre à nu les instigateurs de ce crime lâche et abominable, nous promettons à notre camarade martyr et à notre peuple que nous ne connaîtrons jamais le repos tant que ces criminels et leurs commanditaires ne seront pas dévoilés.
L'enquête sur l'assassinat de notre camarade ne progresse pas et nous craignons que les traces n'en soient effacées
-Comment est la situation au sein du Parti unifié des Patriotes Démocrates après le départ de son secrétaire général, Chokri Belaïd ?
-Notre parti a perdu un secrétaire général exceptionnel, ce qui veut dire que son remplacement est très difficile, et ce qui est sûr c'est que personne ne sera comme Chokri. Toutefois, au niveau institutionnel, il y a vacance au poste de secrétaire général que le parti va négocier au sein de ses structures. Le comité central se tiendra au début de la seconde moitié du mois de mars et discutera la question suivant plusieurs hypothèses. Cependant et quelques soient ces suppositions, le nouveau secrétaire général ne sera jamais quelqu'un d'importé mais choisi parmi les militants du parti.
-Peut-on dire que l'initiative de Hamadi Jebali soit à la hauteur des sacrifices de Chokri Belaïd ?
-Absolument pas ! Pour que ce soit le cas, Mr Jebali, qui reconnaît l'échec de son gouvernement, doit présenter sa démission, c'est le minimum qu'on attend de lui. En fait, il doit, en plus de cela, des excuses au peuple tunisien pour les maux et souffrances que son gouvernement lui a causés tout au long de cette période, pour tout ce temps perdu, pour les illusions qu'il lui a données, d'autant plus que certains ont prétendu que c'était « le plus fort gouvernement de l'histoire de la Tunisie ». Tous ceux qui pensent que l'initiative de Mr Jebali se hisse au niveau des sacrifices de Chokri ont la vue courte, très courte. Nous vivons l'époque de réification où tout est transformé en marchandise. On constate avec amertume qu'il existe quelques uns qui tendent à réifier l'assassinat de notre camarade Chokri dans les domaines politique, médiatique... Dans tous les cas, ses sacrifices produisent des bénéfices. Nous refusons catégoriquement cela et œuvrerons à faire en sorte que son sang ne profite qu'aux pauvres et aux laborieux de ce pays, à ses intellectuels révolutionnaires et à toutes les volontés sincères qui veulent faire sortir la Tunisie de la sphère de dégénérescence dans laquelle elle s'engouffre. Notre action ne connaîtra de répit que lorsque le peuple aura atteint ses objectifs, que lorsqu'il aura cueilli les fruits de sa lutte amorcée depuis belles lurettes et dont les récents relais sont le bassin minier de Redeyef, le 17 Décembre et le 14 Janvier, que lorsque la Révolution aura triomphé.
Hamadi Jebali doit démissionner
et présenter des excuses au peuple tunisien pour tous les maux qu'il
lui a causés
-Est-ce que vous voulez dire par là que l'assassinat du martyr Chokri Belaïd était une aubaine pour le chef du gouvernement pour se ressaisir et sortir de la crise ?
-Pour être honnête, Mr Hamadi Jebali a exprimé sa volonté de procéder à cette vague consultation et à la refonte du gouvernement bien avant l'assassinat. Toutefois, il n'est pas moins vrai que ce dernier a fait accélérer certaines questions et amené le chef du gouvernement à présenter son initiative sous cette forme. Et je ne peux pas juger l'homme sur ses intentions et prétendre qu'il s'en est servi pour sauver son équipe gouvernementale. Il reste que son initiative telle qu'il l'a présentée ne peut aucunement constituer une solution pour la crise que vit notre pays et dont son gouvernement est l'incarnation. Cela fait sept mois qu'ils essayent de réaliser un remaniement ministériel pour lui appliquer du fard et faire comprendre aux Tunisiens qu'ils ont désamorcé la situation qui a trop stagné, mais ils ont échoué. Cette coalition au pouvoir est devenue incapable de gérer le conflit qui se déroule en son sein, face à ce blocage, Mr Hamadi Jebali a eu l'audace de faire sortir ce conflit de cette enceinte et de le transférer vers une sphère que nous ignorons, et c'est l'une des raisons qui nous amènent à exprimer plusieurs réserves vis-à-vis de cette initiative. Et puis, il s'est avéré qu'à travers ses contacts, il y a des ingérences étrangères, les ambassadeurs des grandes puissances influentes sur l'échiquier international qu'il a rencontrés ne vont pas se contenter de lui transmettre le bonjour de leurs gouvernements respectifs, ce qui accentue notre appréhension et nous laisse douter de cette initiative qui ne participera pas, de toute évidence, à faire émerger la Tunisie.
Qu'est-ce que vous reprochez exactement à l'initiative du chef du gouvernement ?
-C'est un faux prologue qui aboutira à un faux épilogue exactement comme le prélude de la Troïka qui était basée sur des quotas partisans et qui débouche sur un échec fracassant. Je me rappelle très bien qu'avant le 23 octobre 2011 notre parti a précisé que la période était complexe, transitoire et constitutive et requerrait donc beaucoup de consensus et un gouvernement de compétences indépendantes. Cette condition n'est pas à interpréter dans le sens de l'absence de tous rapports avec les affaires politiques, cette indépendance est à comprendre, tout simplement, comme une proscription de l'appartenance partisane, ce qui n'empêche pas ces compétences d'avoir des relations avec le climat révolutionnaire qui règne dans le pays. Donc, l'initiative n'est pas dans le bon sens, elle ne peut pas recueillir l'unanimité avec la manière dont elle est conçue, elle est dépourvue de propositions claires sur lesquelles nous pourrions travailler et qui seraient susceptibles de rassurer les gens quant à leur vécu et leur réalité socioéconomique et elle ne comprend pas un agenda politique bien défini. Cette initiative est incapable de convaincre les Tunisiens et la crise va continuer.
L'initiative de Mr Jebali n'est pas le résultat d'un consensus général et ne contient pas de programme
-Vos réserves à l'endroit de l'initiative de Mr Jebali ne sont-elles pas un peu exagérées ?
-Pas du tout. La situation économique actuelle dégradante que connaît la Tunisie va amener les milieux financiers mondiaux à imposer au gouvernement qui sera constitué par Mr Hamadi Jebali des mesures qui ne seront pas dans l'intérêt du peuple laborieux, les pauvres, les salariés et les catégories vulnérables. Ils nous proposeront un projet semblable au PAS (Projet d'Ajustement Structurel). Ce qui veut dire que les choses vont empirer alors que les gens s'attendaient à une amélioration de leurs conditions. Personnellement, je ne sais pas comment ce gouvernement va pouvoir gérer la situation et négocier l'escalade des protestations sociales et la paupérisation galopante.
-Comment expliquez-vous que des partis de l'opposition comme « Al Jomhouri », par exemple, accueillent favorablement l'initiative bien qu'elle ne comprenne pas le minimum de leurs revendications comme la dissolution des « LNPR » dont ce parti est parmi les grandes victimes?
-Tout d'abord, je tiens à remercier, infiniment, nos amis de « Al Jomhouri »pour la grande solidarité qu'ils ont témoignée à l'égard du Parti Unifié des Patriotes Démocrates lors de la grande tragédie qu'il a connue qu'est l'assassinat de son secrétaire général, notre grand camarade dirigeant Chokri Belaïd. Et pour revenir à votre question, je dirai qu'on a exprimé notre satisfaction vis-à-vis des négociations entre le Front Populaire, d'une part, et « Al Jomhouri » et « Al Massar », de l'autre. Toutefois, bien que nous respections les différences d'évaluation entre les partis politiques, nous ne voyons pas que présenter un chèque en blanc à l'initiative de Mr Jebali puisse profiter à la cause de la démocratie, ni à celle du processus transitionnel, ni à la réalisation des objectifs de la Révolution. Je ne veux pas m'immiscer dans les affaires des autres et expliquer leurs options, chacun est libre de choisir la position qui lui paraît être la meilleure. Tout ce que je souhaite c'est que les ponts entre nous soient ouverts et les yeux bien écarquillés, la vigilance vis-à-vis de toute dérive pouvant se produire est requise en ce moment assez délicat où certains des événements, qui se bousculent, sont inintelligibles et flous. C'est pourquoi j'appelle toutes les parties démocratiques, progressistes et révolutionnaires d'être vigilantes, d'échanger leurs points de vue et d'essayer de présenter des réponses comprenant un minimum de cohérence à Mr Jebali. Son initiative ne présente pas aux Tunisiens, qui ont peur pour leur sécurité et leur stabilité, une réponse à l'une des revendications élémentaires exprimée par quelques forces démocratiques qui est la neutralisation des ministères de souveraineté. Personnellement, j'ai entendu dire que Mr Ali Laârayedh serait maintenu à son poste, à la tête du ministère de l'intérieur, ce qui veut dire que les « ligues de protection de la Révolution » ne seront pas dissoutes et la constitution des milices va se poursuivre ; on va continuer à fermer les yeux sur leurs activités criminelles et à traiter, d'une manière erronée, la question sécuritaire en offrant à ces milices une protection aussi bien politique que juridique par la pérennisation de l'impunité. Donc, je ne pense pas que cette réalité soit dans l'intérêt de « Al Jomhouri », de « Al Massar » et du Front Populaire.
La protection politique et juridique des LNPR va continuer et la
question sécuritaire va empirer
-Comment vous répondez à Mr Mohamed Hamdi qui dit que les autres initiatives ne sont pas sérieuses et qu'elles sont conçues juste pour affaiblir et étouffer celle de Mr Hamadi Jebali ?
-Je voudrais bien connaître l'initiative de Mr Mohamed Hamdi. Est-ce qu'il en a une qui soit sérieuse? Déjà il appartient à un parti politique qui vient juste de se constituer, et on remarque tous comment des fois il s'unit et des fois il se désunit. Je me demande si cette instabilité constante lui permet d'avancer des initiatives sérieuses, si la situation, comme il le prétend, en prive d'autres parties ayant de la clarté de la vision. En plus clair, est-ce que l'initiative du Front Populaire n'est pas sérieuse? Est-ce que l'appel à l'organisation d'un dialogue national où on débattrait de la manière de sauver le pays, où tous les Tunisiens se mettraient d'accord sur une feuille de route claire y compris la constitution d'un gouvernement n'est pas sérieux ? Tout cela ne l'est pas tandis qu'un gouvernement, qui se constitue dans les coins obscurs loin du regard du peuple et de ses forces politiques vives qui ont pris une part active à la Révolution, constitue une initiative sérieuse !!! Je crois que de tels propos contournent la vérité et ne sont pas sérieux, notre ami Mohamed Hamdi s'est précipité.
-Dernièrement et après avoir pris contact avec le Front Populaire, le Mouvement du Peuple a déclaré qu'il ne rejoindrait pas votre coalition. Comment vous commentez l'indécision de ce parti qui n'a que trop duré?
-J'ai déjà dit à notre ami Zouhaier Maghzaoui bien avant l'assassinat de Chokri Belaïd que la situation ne supportait pas d'hésitation. Après l'assassinat, cette situation s'est compliquée encore plus, ce qui rend la clarté dans les visions et les positions plus qu'indispensables d'autant plus que nous sommes face à la reconstitution de l'échiquier politique. J'espère que la voix de la sagesse l'emporte au sein du Mouvement du Peuple et que nos amis se convainquent que le Front Populaire est le milieu naturel dans lequel ils ont lutté eux-mêmes pendant des années et dont ils sont une composante intégrante, puisqu'ils ont participé à l'établissement de sa plateforme politique.
Le milieu naturel de nos amis du Mouvement du Peuple c'est bien le Front Populaire dont ils font partie intégrante
-Il est évident qu'après l'assassinat de votre leader, votre responsabilité politique à tous augmente, est-ce qu'on pourrait s'attendre à voir Zied Lakhdar occuper les avant-postes au sein du PUPD ?
-J'ai fait tout ce que j'ai pu pour participer à l'institution du Mouvement des Patriotes Démocrates, dans un premier moment, à l'unification des factions des Patriotes Démocrates et leurs militants et à la réalisation du congrès constitutif unificateur de notre courant, dans un deuxième temps. Pour moi, les deux grands facteurs de motivation dans ce travail sont la passion et la conviction, ce sont les conditions qui nous laissent donner sans compter, sans épargner nos efforts. Aujourd'hui, il y a une troisième donnée qui s'y ajoute, la fidélité à l'esprit du martyr et à la dimension des sacrifices qu'il a consentis, cela nous fait assumer une responsabilité beaucoup plus importante. La fidélité à notre martyr est une valeur qui doit être constamment présente dans notre action partisane et nous amener à redoubler d'efforts pour poursuivre notre travail sur le même chemin tracé par notre camarade martyr, Chokri Belaïd.

Entretien conduit par Faouzi Ksibi


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