Une nouvelle soirée à l'Acropolium de Carthage et une rencontre renouvelée avec un talent venu du Nord pour le plus grand bonheur des mélomanes. Pour le concert du lundi 21 octobre dernier, le pianiste polonais Pawel Kowalski a déposé ses valises sur la scène de l'Octobre Musical pour une interprétation des airs célèbres de la grande musique. En plus d'une heure et demie, le pianiste a revisité un répertoire varié avec une touche personnelle du plus grand effet sur le public. Le concert avait démarré par un prélude et une fugue de Jean Sébastien Bach. Le rythme était vigoureux et la maitrise technique avait happé l'attention. Les notes étaient vives et avaient plongé de prime abord l'assistance dans l'antre de la musique, au cœur même de la partition. La technicité était irréprochable une rigueur était observée tout le long du concert. Puis, au fur et à mesure du programme, la sensibilité de l'artiste avait transparu et s'est mêlée à la justesse du jeu. Dès lors, une exécution, empreinte à la fois de force et de délicatesse, a empli l'espace à travers une pléthore de notes légères et riches dont l'intensité avait ravi le public. Dans un programme revisitant les œuvres les plus célèbres de Jean Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus, Mozart, Karol Szymanowski, Ignacy Jan Paderewski et Frédéric Chopin (dont les compositions ont marqué la fin de la première partie et scellé celle de la deuxième partie du concert) Pawel Kowalski a conquis par sa maitrise parfaite de l'instrument et des nuances de la partition. Théâtral dans son jeu, le pianiste a séduit par sa vivacité et son habileté face au clavier. Conférant une âme aux divers mouvements, Pawel Kowalski a habillé les notes d'une émotion particulière et personnelle faisant naître, ou plutôt renaître, une poésie interne et inhérente à la composition que seul l'intelligence et le talent d'un artiste est capable de desceller. La virtuosité de Pawel Kowalski est reconnue à l'échelle internationale. Elle est applaudie aussi bien par les mélomanes que par ses pairs et ses ainés. Le célèbre violoniste Yehudi Menuhin avait dit en parlant de l'ingéniosité de Kowalski : « J'ai été très impressionné et ému par ce merveilleux pianiste et merveilleux musicien, par sa maîtrise du clavier, sa perspicacité profonde dans la musique et ses dons de compréhension et de communication profonde ». Et c'est cette même sensation que le public de l'Octobre Musical a partagé le lundi dernier. A la fin du concert, sous de vifs applaudissements, le pianiste a répondu à l'acclamation générale par deux rappels puisés dans le répertoire de Chopin. A travers une partition où légèreté et vivacité ne faisaient plus qu'un, Pawel Kowalski a su ravir les convives par son doigté et sa perception des choses. S'appropriant l'œuvre, il en livrait le beau. « Pianiste très talentueux et musicien très intelligent » comme l'avait qualifié le compositeur et chef d'orchestre polonais Witold Lutosławski, Pawel Kowalsi a confirmé son appartenance à la classe des prodiges. Un prodige du piano qui a habité la scène de l'Octobre Musical, le temps d'un concert sous le haut signe de la finesse et de l'éminence…