D'année en année, la ville des Aghlabites sait comment se faire toujours plus belle, toujours plus accueillante au cours du mois sacré. Tous ceux qui s'y rendent ces jours-ci constatent très vite que la première capitale de l'Islam en terre d'Afriquiya a plus d'atouts qu'elle n'en donne l'air en temps de festivités, et notamment religieuses. Commençons par ces lumières qui égaillent tout au long de la nuit la mosquée de Okba, le mausolée d'Ibn El Jazzarr et les différents autres sites de prière et de méditation. Et ce mouvement continu, juste après la séance unique dans les souks et devant les étalages des vendeurs de pain et de toutes sortes de gourmandises Un va et vient incessant du matin au soir, avec en corollaire, des chaînes de voitures qui se font et se de défont à longueurs de journées. Puis ce brouhaha indescriptible qui s'installe autour des vendeurs de fruits et légumes à la Rahba ou dans le quartier d'El Hajjam à la sortie nord de la ville. Mais ce qui choque un peu dans ce marché trop petit pour suffire à ses milliers de clients, ce sont les prix incroyablement chers de certains fruits. Ce ramadan est le plus cher qu'il m'ait été donné de vivre, assure un fonctionnaire qui se dit représentant de la classe moyenne : c'est incroyable que les raisins ne descendent guère sous le seuil de deux dinars, le tout petit Kilo. Et le vendeur de légumes de réagir ipso facto : - tu comprends bien qu'avec la sécheresse qui continue de sévir, tout devient rare. Il ajoute, non sans malice, tout en pointant son doigt vers un amas de tomates. - Mais remercions le bon-Dieu qu'il puisse exister encore ces quelques dernières à très bas prix ! regarde plutôt du côté de ces pickpockets qui pullulent ces temps-ci et emportent tout sur leur passage : appareils de téléphone mobile, vélos, portes-monnaies et j'en passe. il se tait un petit moment, puis il continue : - Heureusement que de nombreux voleurs ont été arrêtés par la police, pris en flagrant délit, la main dans le sac comme on dit.
Kairouan a toujours su se réveiller à temps pour accueillir les grands événements et s'ouvrir devant les gens pour qu'ils festoient en toute quiétude. La voilà, ces jours-ci qui se donne à cor et à cri aux milliers de visiteurs venus de tous les coins et recoins du pays pour y passer un petit moment. Les propriétaires des magasins de makroud et autres friandises se frottent les mains avec une caisse qui s'emplit de jour en jour. L'un d'eux, dont le magasin est situé en plein centre de la ville a acquis une renommée qui dépasse les frontières puisqu'on vient des pays voisins pour goûter à ses délices. Les clients s'agglutinent devant son étalage des heures durant, avec l'espoir avoué de glaner quelques paquets de ce makroud très prisé et qui ne coûte pas cher, comparé aux autres gâteaux - c'est presque pour rien et c'est très bon, déclare une dame tout en sueur qui pousse pour être servie avant les autres. - A chacun son tour, réplique un quinquagénaire qui n'arrête pas de tendre un gros billet, alors que le vendeur ne le regardait même pas ! Mais dans cette ville bénie, il n'y a pas que la bouffe qui attire les visiteurs. D'autres attractions connaissent un succès certain. A commencer par le marché des tapis où les couleurs attirent le regard, ou quiconque désireux de s'approprier un margoum ou un tapis, finit toujours par avoir chaussure à son pied. - les gens qui viennent à ce marché au cours du mois sacré pour chercher un cadeau à leur fiancée qui attend son mawsim (cadeau) qui coïncide avec l'Aïd, ou pour compléter le Jhaz d'une demoiselle dont le mariage est annoncé pour l'été, affirme, l'oncle Fradj fin connaisseur de l'Artisanat. il continue : « Il faut aller voir aussi le marché de cuivre qui connaît une influence record en pareille période de l'année tous comme lors de la fête du Mouled. Nos marmites et autres ustensiles de cuisine en cuivre sont célébrissimes partout en Tunisie. D'ailleurs aucune mariée Kairouannaise n'accepterait de rentrer dans sa nouvelle demeure sans son Nhass composé notamment d'un couscoussier, d'outils pour le Hammam........ Au cours du mois sacré, les cafés ne sont pas du reste. Bien avant la rupture du jeune, ils s'organisent pour recevoir les couche-tard. Et ils se comptent par milliers, ceux qui désertent leurs foyers juste après le dîner pour arriver les premiers dans les cafés pour jouer aux cartes et fumer le narguillé jusqu'à tard dans la nuit. Bref, Ramadan Kairouan, c'est une fête de jour comme de nuit, jusqu'à la fin. Avec une autre animation attendue pour les quinze derniers jours : celle des achats de l'Aïd. Mais là, c'est une autre histoire à vous raconter le au moment venu.