Le ballon vole en direction de la surface. Le centre est parfait. Grâce à un saut prodigieux, le numéro 10 brésilien reste en suspension et assène un coup de tête monumental qui semble destiné au fond des filets. Impossible d'arrêter le ballon, sauf à défier les lois de la gravité. C'est alors que surgit le gardien qui, au prix d'un plongeon extraordinaire, éloigne le danger d'une main ferme et inscrit son nom dans la légende du football. Cette description pourrait correspondre à ce qui constitue, jusqu'à aujourd'hui, la plus belle parade de l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFATM, celle de l'Anglais Gordon Banks face à Pelé. En l'occurrence, pourtant, les protagonistes de cette action sont l'attaquant auriverde Neymar et le gardien mexicain Guillermo Ochoa, qui a contraint les locaux à un nul vierge à Fortaleza grâce cet exploit ainsi que d'autres interventions sublimes. L'instinct fait le reste À la fin de la rencontre, le portier du Tri arborait naturellement un sourire radieux. Ce n'est pas tous les jours que l'on entre dans l'histoire. Très ému, il a gratifié FIFA.com d'un récit très précis de son arrêt miraculeux et de la prestation globale de son équipe. "Je suivais l'action. Quand j'ai vu Dani Alves armer son centre, je me suis tourné vers la surface et j'ai vu Neymar, qui était bien marqué par Rafa Márquez", commence Memo. "Je ne pensais pas qu'il allait reprendre le ballon, mais j'ai quand même ajusté mon placement pour être prêt à intervenir. Puis je l'ai vu gagner le duel aérien et c'est l'instinct qui a fait le reste. J'ai pris mes appuis, je me suis étiré au maximum et j'ai réussi à sortir le ballon". Dans les secondes qui suivent, ce sauvetage a été comparé à celui réalisé par Banks face à O Rei à Brésil 1970, le fameux "arrêt du siècle". En visionnant les deux actions en parallèle, la ressemblance est en effet troublante. "Bien sûr que je connais cet arrêt ! Je l'ai vu plusieurs fois ! Je sais qu'il est considéré comme le plus beau du siècle. C'est un véritable honneur que les gens trouvent que le mien y ressemble. Je suis vraiment très flatté," avoue le héros du jour. Théâtre des rêves Pour ceux qui ont suivi la carrière d'Ochoa, ce geste prodigieux ainsi que sa performance d'ensemble ne constituent pas des surprises. Le portier a multiplié les démonstrations de ce genre en Ligue 1 avec l'AC Ajaccio, où son contrat vient d'arriver à expiration. Vous avez bien lu : Ochoa, le grand bonhomme des deux premiers matches du Mexique, est actuellement sans club. S'il est habitué à réaliser des prouesses, l'ancien pensionnaire de Club América reconnaît que celles réussies en ce mardi 17 juin prennent un relief différent. "Ce n'est pas pareil, bien entendu. C'est la Coupe du Monde, on jouait face aux hôtes. C'était le théâtre rêvé. J'étais vraiment motivé pour faire un bon match et je crois que j'ai répondu présent quand on a eu besoin de moi". Le dernier rempart aztèque a évidemment reçu une pluie d'éloges après le coup de sifflet final. Subjugués par la performance de leur gardien, ses coéquipiers n'ont pas été avares en compliments. "Il a été énorme. Il n'est peut-être pas trop connu du grand public car il jouait dans un petit club, mais pour nous qui travaillons avec lui tous les jours, ce n'est pas vraiment une surprise", confie Héctor Moreno. Même son de cloche chez Andrés Guardado : "Aujourd'hui, il nous a sauvé la mise. Par moments, on avait l'impression qu'ils auraient eu beau tirer tout l'après-midi, il n'aurait rien laissé passer." Cela dit, les deux joueurs de champ reconnaissent qu'il serait préférable qu'Ochoa ne soit pas autant sollicité lors de la prochaine rencontre. Quoi qu'il en soit, l'intéressé se dit prêt à jouer le rôle de pompier de secours. "En fonction de la physionomie des matches, différents joueurs sont amenés à briller. Bien sûr que je serais content d'avoir moins de boulot", plaisante-t-il, avant de conclure : "À mon poste, il faut toujours être vigilant, quel que soit le nombre d'interventions à réaliser. Je vais continuer à m'entraîner dans cette optique".