Le système d'enseignement est en crise en Tunisie. Nul ne peut nier que nos élèves et étudiants ne bénéficient pas d'une formation de qualité et ce à cause de l'absence de stratégies claires et surtout d'une approche qui mise sur la promotion de notre capital humain. En fait le niveau de formation s'est dégradé dans la quasi-totalité des spécialités, notamment les sciences humaines. Ce constat a été confirmé hier, par le Professeur Riadh M'rabet lors d'un débat organisé par le parti Al Joumhouri sur l'enseignement en Tunisie, réalité et perspectives. Malheureusement, l'enseignement fait partie aujourd'hui, de la crise dont souffre la Tunisie. Il n'est plus le pilier et le vecteur de son développement, regrette l'universitaire. La crise de l'enseignement touche tous les niveaux : l'enseignement primaire, l'enseignement de base, le secondaire et même le supérieur. C'est dans la spécialité des sciences humaines que l'on observe le plus ce déficit ou cette crise multidimensionnelle. En effet, « les signes de la crise sont palpables au niveau des établissements universitaires, des choix et du rendement », signale le Professeur Riadh M'rabet, dirigeant à Al Joumhouri. Pour parler du premier point, le dirigeant cite l'exemple du Centre d'Edition Universitaire « qui ne joue plus le même rôle et ne contribue pas à la promotion de la recherche et des études dans le domaine des sciences humaines. Le centre s'est limité à la publication des thèses de doctorat », affirme l'universitaire tout en citant un autre exemple qui prouve l'échec dans la promotion de ladite spécialité. Il parle en fait, de la numérisation de l'université qui n'a pas fait ses preuves dans les sciences humaines. Orientation des nouveaux bacheliers Pour ce qui est des choix, le Professeur M'rabet attire l'attention sur l'orientation des nouveaux bacheliers vers cette spécialité, laquelle a tendance à être un « dépotoir ». Classée parmi les spécialités non coûteuses, la filière des sciences humaines accueille un grand nombre de bacheliers. Le ministère les oriente vers cette spécialité sans respecter les normes et les conditions d'admission. Toujours dans le même cadre, le dirigeant politique parle du recrutement des enseignants qui sont dans leur majorité des attachés de l'enseignement secondaire et des contractuels. Des enseignants qui manquent généralement de qualification pédagogique, d'où des faiblesses au niveau scientifique et pédagogique. Quant au rendement qui est d'ailleurs, le troisième problème évoqué par l'universitaire, il est question des nouvelles filières créées chaque année pour orienter les nouveaux bacheliers. « Ce sont généralement des filières très mal étudiées qui ne rajoutent rien en termes de recherche académique ou professionnelle », critique le Professeur M'rabet. Idem pour les programmes pédagogiques qui ne sont pas bien élaborés et manquent même de créativité et de richesse académique. Autre point soulevé par le politicien, l'inadaptation du système d'enseignement semestriel avec la spécialité des sciences humaines en plus du déroulement des cours et des travaux dirigés qui n'ont plus de valeur académique. Malheureusement la crise dans les sciences humaines est multidimensionnelle. Elle touche aussi bien les établissements que la qualité de formation et les formateurs, d'où la nécessité d'arrêter des solutions idoines et ce, « en créant un centre national pour l'enseignement universitaire et en révisant le système d'orientation et de recrutement des enseignants », recommande le dirigeant d'Al Joumhouri.