Le projet de loi relatif à la retraite anticipée volontaire pour les agents de Tunisie Telecom a été finalement adopté mardi par l'Assemblée nationale constituante (ANC) par 78 voix pour, 8 abstentions et 2 contre. Le projet de loi préconise que les agents et cadres titulaires de l'opérateur historique qui ont atteint l'âge de 50 ans au moins, peuvent demander une retraite anticipée avant l'âge légal. Cette possibilité est conditionnée par une période d'activité au sein de la société d'au moins 15 ans, à la date de la présentation de ces demandes. Une commission ad hoc devrait examiner les demandes qui lui parviendraient dans un délai maximum de trois ans. Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des TIC, Taoufik Jelassi, a accepté que deux membres du syndicat de l'entreprise fassent partie de cette commission, au lieu d'un seul comme prévu par le projet de loi initial. La commission doit se prononcer sur les demandes Selon le rapport de la commission des affaires sociales de l'ANC, cette loi aura des effets bénéfiques sur l'entreprise. Elle permettra, d'une part de réduire l'énorme masse salariale en réduisant le nombre d'agents de 2.887 personnes, avec le départ à la retraite progressif de ceux et, de l'autre, de recruter près de 800 nouveaux diplômés du supérieur. Dans sa réponse aux questions des députés, le ministre a précisé que les départs à la retraite vont faire gagner à Tunisie Telecom quelque 100 millions de dinars. Selon des sources proches de la direction de Tunisie Telecom, la loi relative à la retraite anticipée volontaire permet aux candidats d'obtenir des primes incitatives, comme, par exemple, 1 mois de salaire pour chaque année de travail effectif à condition que cela ne dépasse pas les 15.000 dinars tunisiens pour les salariés âgés de 57 ans, et 15.000 DT en plus d'une prime mensuelle équivalant à 60 % de la moyenne d'un salaire brut jusqu'à l'arrivée à l'âge de la retraite (60 ans). Erreur monumentale La décision de participer à ce plan reste entièrement volontaire, assurent aussi les responsables de la société. Du côté de la Fédération syndicale de la poste et des télécommunications relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), on remet, cependant, en doute l'aspect volontaire des départs à la retraite. «La nouvelle loi fournit une couverture légale à un vaste programme de licenciements. Que fera la direction de l'entreprise si le nombre des candidatures au départ volontaire à la retraite s'avère largement en dessous du seuil des 2.887 postes à supprimer ? Ne sera-t-elle pas obligée de licencier abusivement où d'exercer des pressions sur les agents pour qu'ils partent ?», s'interroge Mongi Ben M'barek, le secrétaire général de Fédération de la poste et des télécommunications, indiquant que le syndicat craint que cette cure d'amaigrissement soit un prélude à la privatisation de la société. Et d'ajouter: « L'Assemblée générale constituante a commis une erreur monumentale qui risque de porter préjudice à une grande entreprise nationale en adoptant le projet de loi sur la retraite anticipée des agents de Tunisie Telecom». Selon la direction de la Tunisie Telecom, la cure de dégraissage de la société est un mal nécessaire d'autant que les effectifs pléthoriques constituent un véritable talon d'Achille sur un marché national des télécommunications devenu très concurrentiel. L'opérateur historique emploie quelque 8.300 salariés, contre 1.600 pour Tunisiana et 1.200 pour Orange-Tunisie.