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Faux fuyants et boucs émissaires
Publié dans Le Temps le 19 - 07 - 2014

Après l'attaque meurtrière de mercredi contre l'armée à Kasserine, les Tunisiens ont eu droit le lendemain jeudi à plusieurs interventions officielles successives; essentiellement à celles du Président Marzouki, de Mehdi Jemâa le chef du Gouvernement, de Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur et de Ghazi Jéribi, ministre de la Défense. Aucun de ces hauts responsables n'a engagé une quelconque responsabilité de son département dans ce qui s'est passé. Ben Jeddou a plutôt énuméré les « succès » de son ministère et jeté une pierre dans la cour du Ministère de la défense en rappelant que celui-ci a été informé de l'imminence d'une opération d'envergure comme celle de mercredi. Autrement dit, que notre armée n'a pas pris les précautions nécessaires pour parer à la tragédie ni n'a pris au sérieux la mise en garde provenant du Ministre de l'Intérieur. Deux ministères clés dans la lutte antiterroriste qui n'arrivent pas à collaborer correctement entre eux : ce n'est guère bon signe pour la suite ! Lotfi Ben Jeddou ne s'est pas contenté de sa « révélation », mais a demandé à la population une « trêve » de trois mois pour permettre aux policiers et à la Garde Nationale de concentrer leurs efforts sur la guerre contre les jihadistes. Si donc le Ministère de l'Intérieur ne mène pas convenablement sa guerre contre le terrorisme c'est à cause des mouvements de protestation sociale dans lesquels nos agents de la sûreté intérieure s'impliquent sans doute un peu trop directement.
Le bon diagnostic
Le président provisoire de la République appelle les jeunes Tunisiens à rejoindre les rangs de l'armée et à s'enrôler en masse pour défendre le pays contre l'hydre jihadiste : en d'autres termes, nous manquons d'effectifs humains au sein de nos forces militaires et non de moyens logistiques adaptés à la guerre que celle-ci mène contre les terroristes. On recrute de la chair fraîche pour les RPG des jihadistes, d'ailleurs la majorité écrasante des martyrs de l'armée et de la garde nationale étaient à la fleur de l'âge et manquaient manifestement d'expérience et de formation. Pas besoin du tout de démettre un haut-fonctionnaire de son poste, ni de revoir une stratégie lamentable, ni d'augmenter le budget de la Défense, ni d'affermir la coopération avec le voisin algérien concerné par le péril terroriste. Non, tout cela compte pour du beurre : on n'a besoin que d'engager de nouveaux jeunes dans les rangs de l'armée ! Et qu'importe si ces futurs soldats soient eux-mêmes sympathisants des idées salafistes jihadistes ou qu'ils aient une dent contre « Ettaghout' » (policiers et militaires). L'armée, ouverte ainsi à toutes sortes de recrues, en sera-t-elle plus performante ou plus affaiblie dans son face-à-face avec l'ennemi ? Aujourd'hui, on n'hésite plus à parler d'infiltration de l'armée tunisienne par des fonctionnaires partisans de l'extrémisme religieux. On reparle déjà de cette vidéo entre Rached Ghannouchi et des militants salafistes dans laquelle le président d'Ennahdha escomptait les chances d'avoir l'armée sous la coupe des islamistes. Maintenant c'est chose faite, vous affirment quelques uns parmi ceux que les déclarations contraires ne rassurent point.
C'est pas moi !
Mehdi Jemâa a sa propre lecture des facteurs qui entravent la réussite de la guerre contre le terrorisme : par exemple, il considère que les Tunisiens ne travaillent pas assez ! La population civile porte une grande part de responsabilité dans l'expansion du terrorisme sous nos cieux ! Les citoyens sont enclins à la paresse, c'est pourquoi les jihadistes tuent nos militaires et nos policiers !! Il leur faut donc aux Tunisiens s'atteler à la tâche pour que le terrorisme soit défait comme par enchantement ! Ce qui veut dire en substance que le Gouvernement fait son devoir mais pas la population ! Or, les griefs sont nombreux qu'on adresse à l'équipe de Jemâa et à lui-même en personne, comme quoi ils ne travaillent pas assez pour sortir le pays de l'ornière étouffante où il se trouve ; le gouvernement de Jemâa n'applique que très approximativement la feuille de route qui lui a été transmise par les parrains du Dialogue National. Il n'ose pas encore prendre les mesures courageuses pour assainir le climat social et sécuritaire pouvant garantir un déroulement normal des prochaines élections (nominations partisanes, financement suspect de près de 200 associations caritatives, mosquées échappant au contrôle de l'Etat, contrebande, trafic des armes etc.). Il y a moins d'une semaine, le Ministre de la Justice allait démissionner sans que Mehdi Jemâa n'apprenne aux Tunisiens les dessous de l' « affaire » qu'il a vite fait d'étouffer. Là encore, on cherche à camoufler les responsabilités de chacun dans la tuerie de mercredi : soit avec des faux-fuyants dérisoires, soit en désignant des boucs émissaires à portée de main.
Jouer la comédie jusqu'au bout
Pourtant et à l'opposé des représentants officiels de l'Etat, certains fonctionnaires de la sécurité intérieure ont eu le courage encore une fois de viser du doigt et même de nommer les personnes ou les services responsables de l'instabilité sécuritaire en Tunisie et de l'expansion terroriste dans nos villes et sur nos frontières. Ces cadres affirment tous que le Gouvernement a été informé de plusieurs agissements contraires à la loi sans qu'il les sanctionne ou du moins les empêche ; ils soutiennent que des services clés du Ministère de l'intérieur sont infiltrés par des éléments dangereux sur lesquels le Ministre lui-même n'a aucun pouvoir ; qu'au Ministère des Affaires religieuses, le responsable qui nomme les imams des mosquées est lui-même un salafiste invétéré. Ils ont d'autres vérités à révéler mais, paraît-il, personne ne leur prête l'attention requise. Qui dans ce cas ne fait pas son travail ? Les hauts responsables qui sont intervenus jeudi dernier (président, chef du Gouvernement et ministres) ont démontré, sans le vouloir, à quel point leurs tâches les dépassaient. Alors, chacun d'eux chercha un souffre-douleur pour lui faire endosser la responsabilité de son propre échec et de ses propres limites. Puis ils s'éclipsèrent tous ; avec la certitude profonde peut-être que leur « comédie » a des chances de les exonérer de tout mea culpa et de leur épargner tout questionnement. Pendant ce temps, les foules coléreuses manifestaient dans la rue ; dans peu de jours, elles auront exhalé jusqu'à l'épuisement toutes leurs rancœurs pour ensuite retourner à la passive léthargie qui caractérise leur train-train quotidien.


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