Gare au relâchement de vigilance... en prévision d'une éventuelle riposte d'Ansar Echaria Finalement, le pouvoir a imposé sa loi et affirmé sa crédibilité, en sortant victorieux le week-end dernier de son premier face-à-face heurté avec les salafistes jihadistes. Son bilan est, empressons-nous d'écrire, positif, voire flatteur, parce que tout simplement sans gros dégâts, comparativement aux batailles semblables enregistrées ailleurs dans le monde et soldées par d'importantes pertes en vies humaines. «Touchons du bois», jubile un policier qui avoue, «sportivement», que «nous nous attendions pourtant à une épreuve plus rude, à une riposte salafiste plus musclée. Et c'est tant mieux ainsi». Mais, à quoi est due cette victoire ? Comment les salafistes ont subi cette déroute, bien qu'ils aient juré de tenir leur meeting à Kairouan ? Le «plan Ben Jeddou» Nous l'avons écrit, la semaine dernière, sur ces mêmes colonnes : «Stratégiquement, rien ne vaut l'anticipation pour espérer étouffer dans l'œuf les imminentes velléités salafistes». Heureusement que cette option a été retenue dans ce qu'il est convenu d'appeler dans nos milieux sécuritaires «Le plan Ben Jeddou», du nom du ministre de l'Intérieur. En effet, il s'est avéré que celui-ci, après avoir obtenu le feu vert du gouvernement et le soutien des partis politiques pour lancer la «bataille de Kairouan», a dû convoquer une impressionnante série de réunions dans le cadre d'une cellule de crise montée conjointement avec son homologue du ministère de la Défense. Au cours de ces séances de travail marathons dont certaines se sont achevées à une heure tardive de la nuit, M. Ben Jeddou écoutait attentivement les suggestions de son état-major de la Sûreté nationale présent au grand complet. Tout y a été discuté, étudié, re-étudié jusqu'aux moindres détails, car on n'avait pas droit à l'erreur dans une confrontation inédite et qui s'annonçait palpitante et aux conséquences imprévisibles. Dans la matinée de ce samedi 18 mai 2013, les grandes lignes du «Plan Ben Jeddou» sont enfin dessinées et, matériellement, prêtes à être exécutées, les ordres ayant été définitivement dispatchés aux différentes unités des forces de sécurité intérieure et de l'armée, et des autres parties concernées (ministère de la Santé, Protection civile...). La suite, on la connaît : le meeting de tous les risques n'aura pas lieu, et les salafistes, ainsi pris au dépourvu, mordent la poussière un peu partout dans le pays (Kairouan, cité Ettadhamen, Kébili, Jemmal, Kasserine, cité Intilaka, etc.). Ce n'est qu'un au revoir ? Le pouvoir venait ainsi de relever magistralement son premier défi sécuritaire en matière de lutte contre le terrorisme. Mais, autant nous saluons la rigueur de ce plan et la bravoure et le professionnalisme des agents de police, de la Garde nationale et des soldats, autant nous insistons sur la nécessité de ne pas lâcher prise, c'est-à-dire de maintenir et la pression et...le doigt sur la gâchette, s'agissant d'un ennemi qui demeure, qu'on le veuille ou pas, redoutable.Soit dans la pure tradition de la nébuleuse intégriste d'Al Qaïda qui est généralement capable de se relever vite d'un K.-O. pour revenir à la charge. Attention donc aux... bombes à retardement jihadistes !