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De grosses pointures se manifestent.. Ahmed Néjib Chebbi choisit Kasserine pour annoncer sa candidature.. Ahmed Mestiri, candidat du MDS, se fait désirer... S'alignera-t-il contre «l'ami» Béji Caïd Essebsi ?
La prochaine présidentielle fort prisée, a déjà enregistré des dizaines de candidatures, parmi lesquelles nombreuses savent pertinemment qu'elles n'ont aucune chance d'accéder au Palais de Carthage. Toutefois, les grosses pointures daignent enfin à se manifester, sans préjuger de leur réussite ou échec. Ainsi, dimanche 3 Août, date anniversaire de naissance de Bourguiba, bâtisseur de la Tunisie moderne, de nouvelles candidatures ont été annoncées. A Kasserine, le comité central du parti Al-Joumhouri a approuvé la candidature du président de sa haute instance politique Ahmed Néjib Chebbi à l'élection présidentielle. Par la même occasion le candidat, aujourd'hui, officiel d'Al-Joumhouri, a présenté sa démission de ses responsabilités organisationnelles au sein du parti pour se consacrer à sa propre campagne électorale. Il a même annoncé qu'il allait se déplacer à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour demander le gel de ses indemnités en tant que député. La règle veut que pour être président, il faille quitter son propre pari, première étape pour devenir président de tous les Tunisiens. Meya Jeribi, secrétaire générale du parti a déclaré en substance que « le comité central du parti avait choisi de se réunir à Kasserine, car c'est une ville de résistance qui lutte contre le terrorisme. Les travaux du comité central ont été consacrés aux prochaines élections, la présidentielle et les législatives. Le frère Ahmed Néjib Chebbi a soumis sa candidature à la prochaine présidentielle aux membres du Comité central qui l'ont approuvée avec beaucoup d'enthousiasme et de fierté. Par la même occasion, le frère Issam a présenté sa démission de ses fonctions partisanes au sein d'Aljoumhouri, elle aussi acceptée ». La deuxième partie des travaux du comité central avait été consacrée aux élections législatives. Des mécanismes démocratiques précis ont été fixés pour le processus électoral. La candidature aux législatives doit satisfaire à des critères bien déterminés pour qu'elle soit sérieuse. En plus, les fédérations et structures du parti auront à choisir librement leurs candidats sans que des noms leurs soient imposés par une quelconque partie. Les consultations internes et externes se poursuivent pour fixer les listes. Tout sera fin prêt le 7 août courant. Meya Jéribi n'a pas manqué de préciser que les pourparlers avec les amis se poursuivent puisqu'il est nécessaire d'unir les forces centristes avant ou après les élections pour jeter les bases d'une nouvelle gouvernance au sein du prochain parlement rassemblant toutes ces forces. Il faut dire que le choix porté par Ahmed Néjib Chebbi sur la ville de Kasserine, pour annoncer officiellement de candidature ne manque pas d'originalité. C'est une région réputée pour son militantisme et sa résistance à la dictature de Ben Ali avec le grand nombre de martyrs qu'elle a consenti. Elle représente les régions pauvres et délaissées depuis des décennies. Dans le premier gouvernement de Mohamed Ghannouchi, Ahmed Néjib Chebbi avait bien occupé pour une courte période la poste de ministre du développement régional. C'est son premier et dernier poste gouvernemental durant toute sa carrière politique, même s'il a coûté cher à son parti lors des élections de 2011. Il a écrit sur sa page officielle, à propos du choix de Kasserine : « Nous sommes les frères de Gaza, nous ne plierons pas à la force », en défiant les terroristes. Il s'est engagé à consolider l'indépendance de la décision nationale, sans s'inféoder à aucun Etat ou partie. Il compte instaurer de bonnes relations extérieures avec l'ensemble des pays pour mieux servir les intérêts de la Tunisie. Lorsqu'on sait que Moncef Mrzouki, actuel locataire du palais de Carthage est réputé pou être l'allié de Qatar et de la Turquie, on voit qu'Ahmed Néjib Chebbi tient à se démarquer de lui. Il a déclaré hier disposer d'un atout le distinguant des autres candidats puisqu'il s'était opposé aux politiques qui avaient amené la révolution du 17 décembre-14 janvier ainsi qu'aux choix qui avaient aggravé les problèmes après la Révolution, tout en étant pour la liberté de tous les Tunisiens. Mestiri oui, Mestiri non ! Par ailleurs, le même jour, le Conseil national du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) a tenu ses travaux à Tunis et a décidé de participer aux prochaines élections sous sa propre bannière. Il a aussi désigné son fondateur Ahmed Mestiri, un personnage probe et historique, comme candidat à la présidentielle. Houcine Mejri, membre du bureau politique du MDS a déclaré : « le Conseil national a tenu sa réunion périodique et publié un communiqué à l'adresse de l'opinion publique traitant la situation générale dans le pays ainsi que la situation interne du parti. Il a décidé de participer aux prochaines élections législatives dans toutes les circonscriptions sans contracter aucune alliance. Pour la présidentielle, le candidat du mouvement est le militant patriote Ahmed Mestiri ». Le MDS en clamant sa préférence pour Ahmed Mestiri à Carthage veut-il se racheter auprès de son fondateur après une brouille qui a duré longtemps ? Veut-il indisposer Ettakatol dont le candidat naturel est Mustapha Ben Jaâfar ? Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, a déclaré hier que son parti n'a aucun problème avec une candidature d'Ahmed Mestiri, si celui-ci se présente réellement. Toutefois, dit-il, « j'ai eu une communication avec Si Ahmed qui était embarrassé. Il a affirmé qu'il n'était pas candidat à l'élection présidentielle et qu'il n'accepte pas de quiconque de le choisir comme candidat. Le MDS avait suspendu tout contact avec Ahmed Mestiri depuis sa démission suite à l'établissement de rapports directs entre ce parti et Ben Ali. Il avait en ce sens envoyé une lettre au MDS annonçant la rupture et démissionné définitivement de ce parti. Aujourd'hui, le MDS essaie de créer le buzz en annonçant son choix d'Ahmed Mestiri ». Décidement le politique et l'éthique ne vont pas de pair et font rarement bon ménage. Au cas où d'autres forces politiques réussissent à convaincre Ahmed Mestiri de se porter candidat à Carthage, des données changeront. Il avait bien accepté de sortir des archives de l'oubli et d'être candidat au poste de chef de Gouvernement, lors du Dialogue national. La campagne électorale sera plus épicée. Il aura vraisemblablement l'appui d'Ennadha qui cherche un candidat consensuel à Carthage qui ne lui sera pas forcément hostile. Ahmed Mestiri fait bien l'affaire. Le voudra-t-il ? Résistera-t-il à la tentation de concurrencer, Béji Caïd Essebsi, un homme qu'il ne porte pas dans son cœur, selon beaucoup ?