La vague de démissions d'Al-Joumhouri, ne s'est pas atténuée après le départ de deux groupes, celui d'Afek Tounès dirigé par Yassine Brahim et celui de Saïd Aydi, l'ancien ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle dans les Gouvernements de Mohamed Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi. Il semblait que les choses allaient rester là. Bien au contraire, l'hémorragie des défections met à mal les instances du parti, touchées par cette saignée de départs successifs. Karim Baklouti Barketallah a annoncé hier sa démission du comité central du parti. Il a expliqué son départ par le fait qu'il n'a « plus rien à apporter au parti dans son organisation actuelle ». Il dit garder d'excellentes relations avec tout le monde au sein du parti. Il promet de continuer à contribuer à la réussite de l'Union des forces démocratiques. Néji Jelloul universitaire a fait de même Houda Chérif, membre du Bureau politique du parti, chargée de la Justice transitionnelle et ancien dirigeante d'Afek Tounès a, elle aussi, présenté sa démission. La particularité de cette démission est qu'elle émane d'une militante qui avait dirigé le comité des sages qui avaient été constitué le lendemain des premières grandes vagues de démissions. Elle a écrit dans sa lettre de démission qu'elle avait un rêve le 14 janvier 2011 voir la Tunisie nouvelle, rayonnante. Ce jour là elle s'est décidée à entrer dans l'activité politique, avec en tête l'idée de lutter contre la pensée du « Guide unique » et de la domination du « Groupe unique », pour servir la patrie, loin des calculs étriqués et des ambitions démesurées. Après plusieurs expériences, elle a découvert que les spécificités et défauts individuels, finissent par prendre le dessus sur son patriotisme. Tellement déçue, elle fini par dire qu'elle ne reproche plus à personne de pencher pour celui qui est proche de son cœur et trouver que tout ce qu'il fait est merveilleux. Elle ne reproche à personne le fait de faire confiance à celui qui lui prête allégeance. Elle ne lui reproche pas de chercher davantage de popularité en parlant de démocratie, légitimité et patriotisme alors qu'il n'a pour mobile que ses ambitions personnelles et calculs étroits. Elle en a assez de la « politique » et des « politiciens », de la « démocratie » et des « démocrates », de la « légitimité » et des « légitimes », du « patriotisme » et des « patriotes »…Son rêve est perdu. Son espoir est mort. Elle dit : « Afek Tounès était mon rêve. Le parti Al-Joumhouri est devenu mon espoir et devenu au fil des jours mon destin ». Elle rappelle qu'elle a essayé avec force et audace d'attirer l'attention, d'exprimer son point de vue, sans résultat. Elle ajoute : « le parti Al-Joumhouri est redevenu le Parti Démocrate et Progressiste avec un nouvel habillage et Afek Tounès s'est réveillé après un long sommeil pour se retrouver à la même place dans un autre temps, un temps bizarre. L'espoir en l'unité des rangs s'est dissipé. On va aller encore une fois, aux prochaines élections en rangs dispersés ». Ayant présidé le comité des sages qui devait examiner les raisons du départ des premières vagues de démissionnaires et y remédier, Houda Chérif, constate amèrement que sa mission a lamentablement échoué. Tous ceux qui avaient l'intention de quitter Al-Joumhouri sont partis. Les démissions se succèdent et les invectives des deux côtés aussi. En s'adressant à Meya Jeribi, elle écrit : « Certains sont têtus et rancuniers. Certains sages sont restés fidèles à leurs choix et convictions. ». Elle déplore que l'échec soit glorifié et couronné d'éloges. La restructuration d'Al-Joumhouri se fait par les militants du PDP. Comment va réagir Al-Joumhouri devant ce grand nombre de démissions ? Au moment où les forces de l'opposition ont intérêt à s'unir pour équilibrer le paysage politique, ces démissions ne pourront que les affaiblir. Certains, n'hésitent pas à parler des ambitions présidentielles d'Ahmed Néjib Chebbi, comme si tout le parti était pris dans la logique de pareil objectif. Ahmed Néjib Chebbi avait promis d'annoncer sa décision le mois de septembre courant. Il ne l'a pas encore fait. Il faut reconnaître que le pays est plongé dans une grande crise et que pareilles annonces, aussi légitimes soient-elles, sont inconcevables pour le moment.