A l'instar de la communauté internationale, la Tunisie a célébré pour la 22è année consécutive la semaine mondiale de l'allaitement maternel du 1er au 7 août. Le thème de cette année choisi par l'Organisation mondiale de la santé est « Allaitement maternel, un défi pour la vie». Au-delà des slogans qu'en est-il de la Tunisie ? Les indicateurs du recensement national sur la santé maternelle et infantile révèlent le recul de l'allaitement maternel sous nos cieux : le taux d'allaitement maternel précoce en salle de naissance ne dépasse pas les 40%, seulement 8% des mamans procèdent à l'allaitement maternel exclusif durant les six premiers mois de la naissance de leur bébé et 60% des nouveau-nés n'ont droit à leur première tétée que deux heures après leur naissance. Pourquoi en est-on arrivé-là ? La prochaine circulaire interdisant la promotion des produits substitutifs du lait maternel dans les établissements de santé va-t-il résoudre le problème ? Bien sûr que non, car il ne s'agit pas là d'interdire la publicité au sein des établissements de santé, des posters et des actions de promotion des substituts de lait maternel mais plutôt de lancer une stratégie nationale qui valorise l'image de la femme allaitante. Et là encore le tapage médiatique qui ne sert que la promotion des slogans vains demeure insuffisant et l'on regrettera encore pour des années la forte baisse des taux d'allaitement maternel. Car pour résoudre réellement le problème il faut réduire les facteurs défavorables à l'allaitement maternel en veillant, pour commencer, à l'amélioration des conditions de la femme allaitante. Et si la législation tunisienne depuis 1983 est en faveur de la femme allaitante il faut tout de même la respecter. On citera, en effet, le droit de la mère allaitante à un congé de maternité de deux mois, suivi d'un congé post-natal de quatre mois contre un demi- salaire ainsi que la possibilité de bénéficier d'une heure de repos par vacation pendant six mois à partir de la fin du congé de maternité. Des droits qui sont loin d'être un acquis pour la femme allaitante qui se trouve obligé de regagner son travail au risque de perdre son emploi ou encore ses avantages matériels ( salaire et promotions). Et si l'allaitement maternel était une pratique ancestrale, il est aujourd'hui perçu comme une entrave à la liberté de déplacement d'une femme qui a du mal à circuler sans porter avec elle son nouveau-né. Certaines tunisiennes croiront à tort que l'allaitement diminuera leur beauté physique ! Voilà qui nécessite la valorisation de l'image de la femme allaitante en en véhiculant un profil positif à travers les médias. Encore faut-il miser sur le renforcement de la formation des professionnels de la santé qui devraient être qualifiés pour pouvoir accompagner comme il se doit les mamans durant les étapes pré et post-natales. Une maman doit obligatoirement connaître les bienfaits de l'allaitement pour sa santé et celle de son bébé. Bienfaits du lait maternel Il ne fait aucun doute que l'allaitement fournit aux nourrissons et aux jeunes enfants un ensemble de bienfaits sur la santé, la nutrition et fait partie des pratiques les plus durables de la planète. A l'en croire, l'allaitement est également important pour les femmes car il facilite la perte de poids post-partum et protège contre le cancer du sein et d'autres maladies. Le colostrum, le premier jet de lait maternel post-natal, constitue le nutriment idéal pour le nourrisson. Il représente, en effet, un facteur de protection contre diverses maladies, dont les infections respiratoires et la diarrhée. Rappelons dans la foulée que plusieurs genres d'allaitement existent. Le meilleur consiste en l'AME, l'allaitement maternel exclusif AME qui est le fait à nourrir le bébé uniquement du lait maternel. L'OMS recommande l'AME pendant les six premiers mois de la vie d'un nourrisson. Toujours selon l'OMS, «si chaque enfant était mis au sein dans l'heure qui suit la naissance, si on ne lui donnait que du lait maternel pendant les six premiers mois et si l'allaitement maternel était maintenu jusqu'à l'âge de deux ans, on sauverait près de 800 000 vies d'enfants chaque année dans le monde» Il a été montré que l'alternance d'infusions et d'autres aliments comme les soupes est considérée comme étant l'allaitement le moins efficace et le moins approprié aux besoins biologiques du nourrisson. Le remplacement du lait maternel par le lait en poudre du fait qu'il soit riche en graisse et en sucre favorise l'obésité et les affections cardiovasculaires à l'âge adulte.