La Dssb prévoit de lancer une stratégie nationale pour la promotion de l'allaitement maternel L'allaitement maternel a connu un déclin remarquable ces dernières années en Tunisie, a affirmé Souad Mrad El Bekri, directrice des soins de santé de base (Dssb), précisant que, selon une enquête menée par le Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef) sur la santé de la mère et de l'enfant, le taux d'allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois a baissé à l'échelle nationale à 8,5%. S'exprimant lors d'un workshop sur «L'allaitement maternel : une clé de développement durable», tenu à Tunis à l'initiative du Dssb, dans le cadre de la célébration de la semaine mondiale de l'allaitement maternel 2016, la responsable a ajouté que, selon la même enquête, le taux d'allaitement maternel pendant la première heure suivant la naissance des bébés est de 40%, «ce taux baisse par la suite, puisque la majorité des mères ne continuent pas d'allaiter», a-t-elle regretté. L'objectif de cette rencontre est de lancer une stratégie nationale de promotion de l'allaitement maternel qui sera mise en place en collaboration avec les autres secteurs ainsi que les organisations mondiales et la société civile, a-t-elle fait savoir. Ce workshop offre également l'occasion de veiller à l'élaboration d'une législation permettant de prolonger le congé de maternité afin de donner aux femmes «plus de chances de mieux allaiter leurs bébés», a-t-elle plaidé. La responsable a appelé, dans ce cadre, à mettre en place un outil favorisant la sensibilisation des mères à l'importance de l'allaitement maternel, évoquant, dans ce cadre, la concrétisation de l'initiative «Hôpitaux amis des bébés». Cette initiative a été lancée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et enregistre, en Tunisie, la participation de 141 établissements hospitaliers publics «mais a connu un recul en dépit des résultats importants obtenus», a-t-elle fait remarquer. De son côté, Raoudha Turki, directrice régionale de la Santé à Nabeul, a précisé que le risque de mortalité des bébés qui n'ont pas bénéficié de l'allaitement maternel est 8 fois plus élevé que chez les bébés qui ont été allaités, indiquant que l'allaitement maternel permet également de réduire le taux de mortalité subite chez les enfants. La pratique, en Tunisie, de l'allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de la vie du bébé est en baisse, en dépit de ses bienfaits sur la santé du nourrisson et de la mère, a-t-elle fait remarquer, soulignant qu'il a baissé à 2% dans la région du Nord-Ouest. Raoudha Turki a attribué le recul de l'allaitement maternel à des facteurs commerciaux, accusant dans ce cadre les industriels commercialisant les substituts de lait et expliquant que le déclin de cette pratique a commencé dès les années 1960, quand les entreprises productrices de substituts de lait avaient lancé leurs campagnes de promotion qui diffusaient une image péjorative de la mère allaitante, l'assimilant à une femme traditionnelle.