Ceux qui veulent se rafraîchir la mémoire par une bonne lecture, toujours très actuelle, devrait reprendre le livre du professeur franco-libanais Amine Maâlouf : « Les croisades vues par les Arabes ». Ils y trouveront de très belles pages sur les sectes des « Hachachines » (les assassins) bandits, sans état d'âme, idéologues bornés et promoteurs de la violence et du crime « créateur ». Soit en tout point ou presque ce que font les escadrons de la mort de « Daëch » ou de l'Etat islamique et exactement, à quelques kilomètres près, de cette vallée de la mort irako-syro-kurde ! MM. Obama, Cameron et Ban-Ki Moon sont atterrés mais ils sont tous pris de court parce que les nouveaux « Hachachines » ont pris une bonne longueur d'avance depuis la 2ème guerre d'Irak, et surtout, après le déclenchement du « printemps-hiver » arabe. Tout l'Occident et toutes les âmes sensibles et humaines de ce monde ont appris dans la douleur, la nouvelle de l'exécution barbare du journaliste américain, James Foley, avec un suprême dégoût pour ses auteurs, mais aussi, le sentiment coupable de l'impuissance comme quoi « nous sommes tous des assassins » et surtout, ceux qui ont facilité l'émergence d'un tel fléau au nom de stratégies mécaniques des temps modernes et de l'expérimentation de l'Islam politique comme nouvelle perspective de gouvernement de peuples allant de l'Afghanistan, en Asie, jusqu'au Nigeria, en Afrique, avec un pôle centrifuge, le Moyen-Orient, ce qui nous donne de fait, un espace aussi étendu qu'un continent ! M. Obama appelle les nations du Moyen-Orient à collaborer à éteindre ce volcan pourtant réanimé par l'un des amis et allié des Etats-Unis, le Qatar (ce n'est pas nous qui le disons... mais un honorable ministre allemand, sobre et crédible, qui a affirmé que ce minuscule émirat, soutenait financièrement l'Etat islamique... Allez comprendre ... !), mais, le Président américain ne nous dit pas ce qu'il va faire de la Syrie ... ! Seul pays avec l'Irak, bien sûr, à combattre sur le terrain, l'Etat islamique de « Daëch » et du califat. Tout ceci nous ramène à notre environnement national, où nous risquons le même sort d'être pris de court par l'extension du terrorisme surtout à partir de la Libye. Notre auguste Assemblée Constituante, continue à disserter sur la « qualification » du terrorisme en faisant perdre et son temps et sa salive au Doyen Ben Salah, ministre de la Justice. Eh bien, Messieurs-dames, le terrorisme c'est l'atteinte à la vie humaine et sa sacralité. C'est ce que nous voyons sur les vidéos des exécutions sommaires et les mutilations de nos soldats au Chaâmbi. C'est la perte de nos chers enfants, comme Socrate Charni et ses camarades à qui on a ôté la vie de la façon la plus criminelle et la plus lâche. Pour les « Hachachines », la terreur est un simple outil pour se faire plaisir, et « gloire » de donner la mort pour gagner le paradis. Mais, alors, pourquoi le priver de son plaisir de mourir, une fois arrêté par les forces de l'ordre avec toutes les preuves de la préméditation. Même le Code pénal punit de mort, le meurtre prémédité. Alors, de grâce, arrêtons les surenchères et appliquons les lois par les juges en leur âme et conscience. A la limite, nous n'avons pas besoin de cette loi anti-terroriste, surtout en période électorale où les acteurs politiques jouent la prudence et évitent l'engagement sur des dossiers sensibles liés à la Religion. J'en arrive à l'engagement politique des intellectuels, cette fois-ci, et la « démission » de Mme Olfa Youssef de Nida Tounès. Elle me rappelle la thèse émérite de M. Abdallah Laroui, professeur universitaire marocain sur le thème de la « crise des intellectuels arabes » et qui est toujours d'étonnante actualité. D'abord, Mme Youssef reconnaît et, c'est à son honneur, sa méconnaissance du terrain politique. Or, la politique relève plus de l'action que de la réflexion. En cela, elle me rappelle, aussi, feu Si Mohamed Mzali, ancien Premier ministre, qui regrettait son engagement dans la politique politicienne et avouait à « El Jazira » qu'il aurait dû se contenter de diriger sa célèbre revue littéraire « Al Fikr » (La Pensée). L'intellectuel se veut l'ordonnateur du monde à son image et voit en le politique un simple artisan, or, ce n'est pas du tout cela. L'homme politique est en même temps concepteur et praticien responsable, d'où sa force et la fragilité de l'intellectuel. Mais, ce qui est gênant dans sa démarche, c'est le « dédoublement narcissique ». Autant on peut comprendre et même aimer le narcissisme des poètes, des artistes et des écrivains, en général, autant vouloir accompagner cela par un « narcissisme politique », c'est être très ambitieux ! A ma connaissance, très peu de génies littéraires ont réussi le double parcours « narcissique ». Je citerai André Malraux, certainement le plus grand, parce que visionnaire sur l'histoire et l'évolution des civilisations mais premier résistant contre le fascisme, à rejoindre le Général De Gaulle, à Londres, après l'appel du 18 juin (tiens, comme par hasard, c'est toujours une affaire « d'Appel » (Nida Tounès). Jean-Paul Sartre aussi peut prétendre à un tel statut. Philosophe de la liberté et de l'existentialisme et homme de théâtre, il était de tous les combats marxistes et distribuait lui-même au quartier latin « la cause du peuple » de Mao Tsé Dong, au nez des CRS et de la gendarmerie. Un seul regret : Mme Olfa Youssef aurait pu démissionner, il y a quelques mois, ou démissionner après les élections. Mais, à quelques semaines du scrutin, son dédoublement narcissique a fait du mal à « Nida Tounès » et ceux qui croient, (ou qui croyaient comme elle), qu'il est la seule formation politique capable de damer le pion aux islamistes et surtout, de promouvoir un modèle de société moderne et spécifique à la Tunisie. Certains vont jusqu'à parler d'un coup de poignard dans le dos d'un parti qui porte toujours les espoirs de beaucoup de Tunisiennes et de Tunisiens ! Pour ma part, je dirai seulement, que je suis déçu et peiné de voir une « Marianne de la République » quitter le temple pour jouir de sa renommée un peu à la sauvette au détriment des sentiments des humbles et leur rêve pour une Tunisie qui tourne au rythme de la terre et qui vit son siècle... Ceux-là n'ont pas le génie de Mme Olfa Youssef ! Quel gâchis ! Et dire que je l'aimais bien ! K.G