Hier, le Syndicat de l'enseignement secondaire a tenu une conférence de presse pour communiquer à l'opinion publique nationale les décisions prises par la dernière commission administrative relatives à la situation sévissant dans le secteur. Le ton emprunté par le secrétaire général, Lassaâd Yacoubi, ainsi que les mesures annoncées nous renseignent sur la gravité de cette situation qui, si elle n'est pas débloquée, risque fort de s'aggraver davantage. L'enjeu, c'est la prochaine rentrée. L'escalade «Le syndicat va réagir, concrètement, face à la négligence du Ministère de l'Education et celui des Sports face à ses revendications», commence par dire le secrétaire général. Ces ministères sont revenus sur les accords qu'ils ont signés le 3 juin dernier et qui ont pris forme de lois, en ce sens que leur application s'impose à toutes es parties. Le premier refuse d'accorder aux enseignants leurs droits relatifs aux heures supplémentaires, aux examens nationaux... Quant au second, il a fait table rase de tous les accords en privant les enseignants de l'intégration, de la prime spécifique et de celle du travail dans les zones de roulement. Après toute une année de négociations marathoniennes avec ces autorités de tutelle, le syndicat déclare «être arrivé à une impasse». Pour les dissuader et amener le gouvernement à intervenir pour résoudre ces difficultés, celui-ci va procéder, dans un premier temps, à des rassemblements devant les directions régionales et les directions centrales. A défaut, les enseignants refuseraient de prendre leurs emplois de temps pour la prochaine année scolaire, ce qui veut dire qu'il n'y aurait pas de rentrée scolaire cette année. Atermoiements et manœuvres dilatoires Pour ce qui est du ministère de l'éducation, Lassaâd Yacoubi affirme que jusqu'à ce jour, près de 70% des avancements de grade n'ont pas encore eu lieu. L'autre point litigieux, figurant sur la liste des négociations entre les deux parties syndicale et ministérielle, concerne le dossier des directeurs de collèges et lycées. Il est question de la prime de logement pour ceux qui sont affectés à des établissements dépourvus de logements de fonctions. Actuellement, cette prime est de l'ordre de 30 dinars, une somme très modique dont le syndicat réclame une augmentation assez sensible afin que ces directeurs n'assument plus les frais de logement. Toujours dans le même chapitre, celui relatif au volet financier, «les directeurs des établissements de l'enseignement secondaire subissent une autre injustice», selon le secrétaire général du syndicat, se rapportant à la prime des examens nationaux qui est, elle aussi, dérisoire, puisqu'elle ne dépasse pas, dans les meilleurs des cas, les 120 dinars, tandis que les directeurs, les directeurs généraux et le directeur général des examens nationaux au sein du ministère perçoivent des primes beaucoup plus importantes. Et pourtant c'est le directeur d'établissement qui assure l'essentiel du travail, un travail qui débute avec l'inscription à ces examens, c'est-à-dire au mois de janvier, et auquel se joignent ces derniers seulement vers les mois de mars/avril. La prime du travail dans les zones de roulement, elle aussi, fait l'objet de litige, étant donné que l'autorité de tutelle a demandé à la partie syndicale de se mettre d'accord sur une définition du travail de roulement. Cette demande intervient soixante ans après son existence, ce que le syndicat qualifie d'«atermoiement et de manœuvres dilatoires» de la part du ministère d'autant plus qu'au début de chaque année le ministère établit une liste comprenant les zones du travail de roulement se trouvant dans les différents gouvernorats du pays excepté le Gand Tunis. Et pour donner une assise à ses allégations, leur donner une allure légale et persuader l'opinion publique du bien fondé de sa thèse, le ministère n'a pas sorti cette liste pour cette année, et du coup les enseignants qui devaient partir vers ces zones sont toujours dans l'attente. Pour dépasser cet écueil et trouver une issue à la situation, le syndicat a proposé de revenir aux listes des trois/quatre dernières années et d'en retenir ce qui leur est commun et ainsi la liste serait constituée, mais le ministère ne l'entend pas de cette oreille. «Il s'obstine à s'agripper à ses positions», selon le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire qui miroite de faire appel à des moyens de lutte plus évolués. De nouvelles escalades pointent à l'horizon entre les deux parties.