Ils sont jeunes et souvent promis à de brillantes carrières professionnelles aussi bien en Tunisie qu'à l'international. Ils sont médecins, avocats, informaticiens, chercheurs, banquiers, chefs d'entreprise... Une passion commune les anime tous : la politique. Quand d'autres passent leur temps libre à regarder des matchs de foot, écrire des commentaires sur les réseaux sociaux ou encore faire la grasse matinée, eux ont choisi comme passe-temps de militer au sein d'un parti politique. A droite comme à gauche, un vent de jeunesse revigorant souffle depuis un certain moment sur la scène politique. Pourquoi ces jeunes de moins de 35 ans ont-il choisi de s'engager aux côtés des ténors de la politique et de porter les couleurs de tel ou tel parti ? Les jeunes militants prennent la parole pour donner leur avis sur la question. Il fut un temps où les jeunes étaient complètement exclus de la vie politique. En effet, du temps de Ben Ali, les ministres et les députés de moins de cinquante ans étaient une denrée rare. Aujourd'hui, les choses ont changé et les jeunes tentent, peu à peu, de s'imposer aussi bien en politique qu'ailleurs. Même si ce n'est pas toujours évident, beaucoup y croient dur comme fer et ne sont pas prêts à renoncer à leur rêve de voir les jeunes passer de statut de suiveurs à décideurs et pourquoi pas, un jour, diriger le pays. Pour preuve, ces jeunes femmes et ces jeunes hommes de moins de 35 ans qui se portent candidats aux prochaines élections législatives. Ils affirment tous porter une nouvelle vision de la politique et de la Tunisie en général. Ils défendent des valeurs de modernité, d'ouverture et de patriotisme et bon nombre d'entre eux aspirent à devenir la voix des jeunes pendant ces cinq prochaines années. A ce sujet, Anissa Boussofara, avocate de 32 ans, candidate de l'Union pour la Tunisie pour la circonscription de Tunis 2, déclare : « L'instant est crucial pour la Tunisie et chaque citoyen qui croit à tel ou tel projet de société doit s'engager pour le défendre et contribuer à le mettre en place. Assez de passivité pour nous les jeunes ! Nous sommes restés trop longtemps à l'écart, à émettre des critiques sans jamais proposer de solutions. Aujourd'hui, il faut passer à l'action pour faire avancer les choses. Pour ma part, si je me porte candidate aux législatives, c'est aussi parce que les leaders de mon parti ont su trouver les mots justes pour nous responsabiliser en tant que militants et ont encouragé nos candidatures et ça, c'est un vrai plus ! » Pour sa part, Bassem Bouguerra, ingénieur informatique de 34 ans, tête de liste d'Afek Tounes pour la circonscription d'Amérique et du reste des pays d'Europe, pense qu'il faut changer le paysage politique en engageant des jeunes compétents. Il y a une opportunité historique aujourd'hui qui s'offre aux jeunes, pour bâtir la Tunisie dont ils rêvent : moderne, ouverte, pleine d'opportunités économiques et surtout démocratique." Mohamed Larbi Jelassi, travaillant dans un laboratoire pharmaceutique et tête de liste du Courant Démocratique pour la circonscription de Nabeul 2, avoue être amer et déçu quant au rendement des actuels leaders politiques. Il déclare à ce sujet : « Lors des dernières élections législatives de 2011, j'estime que nous, les jeunes, avons fait preuve d'une trop grande humilité. Nous nous sommes totalement investis pour faire gagner des candidats dont le seul atout était d'être d'anciens militants. Pour ma part, et je sais que nombreux sont les jeunes qui partagent mon avis, je suis insatisfait par la situation actuelle. Il est donc désormais de notre responsabilité d'être à la barre. C'est le seul moyen pour faire changer les choses. Au sein de mon parti, nous obéissons au principe de la méritocratie et les jeunes représentent pas moins de 54 % des candidats aux élections législatives. » Sofiane Bouagila, 31 ans, salarié de banque et candidat du Part Socialiste pour la circonscription de Ben Arous, fait part de sa crainte de voir les jeunes encore plus écartés, aussi bien en politique que dans d'autres domaines. Il déclare: « Je milite en politique depuis l'ère Ben Ali. Si je me porte aujourd'hui candidat aux législatives, c'est surtout pour essayer de faire changer les choses. Il faut aussi représenter les jeunes au sein des instances officielles, faire entendre leurs voix et faire parvenir leurs demandes aux décideurs. Ce sont les jeunes qui ont libéré ce pays. Malheureusement, ce même pays est en passe d'être « colonisé » par des individus avides de pouvoir et qui n'ont peu faire des attentes et des rêves des jeunes. » Il est rejoint dans ses réflexions par Mehdi Ben Romdhane, fonctionnaire et candidat du Parti du Travail pour la circonscription de Tunis 1 qui précise « Si je me suis engagé en politique, c'est d'abord parce que je suis entièrement convaincu par les principes que prône mon parti mais aussi et surtout par ce que je suis conscient que seuls les jeunes sont capables de répondre aux attentes des jeunes, de cerner leurs problèmes et d'y apporter de vraies solutions. Aujourd'hui la scène politique est uniquement composée de personnes d'un certain âge. Pas de place aux jeunes. Or, je vois mal comment un politicien de cinquante ou soixante ans pourrait comprendre les problématiques des moins de vingt ans ou encore comprendre la souffrance et le désespoir des jeunes chômeurs ou délinquants. Et puis, pourquoi sommes-nous condamnés à subir ? Nous portons une nouvelle vision de la Tunisie. Nous véhiculons des idées modernes. Nous sommes forts d'une dynamique nouvelle qui pourra changer les choses en bien. C'est pourquoi nous devons nous engager en politique et défendre nos idéaux. » Toutefois, Sayida Ounissi, doctorante en politique sociale de 28 ans et tête de liste du mouvement d'Ennahdha dans la circonscription France 1 (Nord) n'est pas du même avis. Elle indique : « Il y a une réelle volonté en Tunisie de rajeunir la classe politique tunisienne, y compris au sein de mon parti. Pour ma part, être tête de liste à France Nord est la meilleure preuve que les jeunes Tunisiens à l'extérieur du pays ont leur place dans les affaires publiques nationales. A plus forte raison quand ces derniers peuvent être une vraie valeur ajoutée dans le processus de démocratisation et de développement économique et social que nous devons porter. Je souhaite une campagne digne, avec de vrais débats et des échanges passionnants, à la fois avec les électeurs mais aussi avec mes compétiteurs. J'espère que les acteurs politiques en lice se respecteront les uns les autres et que nous ferons tous preuve de responsabilités pour redorer la fonction politique et intéresser les Tunisiens à cette phase majeure de la démocratisation de notre pays. » Quant à Mehdi Derouiche, il n'est pas candidat aux élections législatives. A 26 ans, le jeune homme est membre de l'équipe de Nejib Chebbi pour les présidentielles. Il témoigne : « Il y a quelques temps, nous réfléchissions des amis et moi à lancer un parti politique exclusivement composé de jeunes. D'abord parce que la scène politique est toujours autant monopolisée par des personnes d'un âge avancé qui ne nous représentent pas mais surtout parce que l'actuelle classe politique a montré ses limites au bout de trois ans au pouvoir. Malheureusement, nous avons très vite été confrontés à des obstacles. Nous avons alors pris la décision commune d'intégrer des partis, selon les orientations politiques de chacun. Pour ma part j'ai rejoint Al Jomhouri où j'ai intégré une équipe de jeunes âgés entre 24 et 32 ans. Au début, c'est difficile car il faut faire ses preuves au quotidien. Mais il faut persévérer pour mériter la confiance et le respect des autres militants. Il s'agit de montrer que tu es capable de donner un avis, d'analyser intelligemment la situation, de prendre des décisions et d'en assumer les conséquences. Ce n'est qu'ainsi que tu gagnes ta place au sein d'un parti, surtout lorsque tu es jeune. » Toutes orientations politiques confondues, il est clair qu'à la lumière de tous ces témoignages, les jeunes militants ne rêvent que d'une chose : le changement, à commencer par le changement des mentalités. Car ce qui est le plus dur pour les jeunes, ce n'est pas d'intégrer un parti politique mais c'est surtout d'y être accepté et encouragé à évoluer et à gravir les échelons. Or, il serait vraiment intéressant de commencer, dès maintenant, à former une nouvelle génération de politiciens qui saura reprendre le flambeau le temps venu. Car nul n'est éternel et comme dirait Corneille: « Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années. » Rym BENAROUS Ennahdha -Tunis 1: Ali Larayedh descend à l'avenue Habib Bourguiba La liste du Mouvement Ennahdha pour les élections législatives dans la circonscription deTunis 1, avec Ali Larayedh comme tête de liste, a entamé sa campagne électorale par une opération contacts directs sur l'Avenue Habib Bourguiba. Entourés de militants et partisans du mouvement portant des drapeaux nationaux et des fanions de leur parti, les membres de la liste ont engagé la conversation avec les passants, les commerçants et les badauds tout le long de cette artère principale. Ils entendaient ainsi se faire connaître et faire connaître leurs intentions s'ils sont élus. Nombre de citoyens ont profité de cette opportunité pour exprimer à ces candidats leurs attentes et préoccupations, qu'il s'agisse de libertés, de qualité de la vie, de lutte contre la délinquance et, surtout, de protection de l'environnement. Au terme de cette tournée, la tête de liste Ali Larayedh a improvisé une allocution à l'adresse des dizaines de partisans d'Ennahdha rassemblés devant le Théâtre municipal. Il a affirmé " la fidélité du mouvement au sang des martyrs " et son attachement à " rester un parti de réformes, toujours désireux d'affranchir les gens de l'arbitraire ". Larayedh a également rappelé les principaux axes du programme électoral de son parti dont il a dit qu'il vise à protéger les libertés, continuer de construire la démocratie, assurer la sécurité publique, combattre le terrorisme, favoriser le décollage économique, stimuler l'investissement, promouvoir l'emploi, mettre la justice transitionnelle sur les rails et traquer la corruption. La tournée de la liste d'Ennahdha en centre-ville s'est déroulée au milieu d'un dispositif de sécurité très visible assuré par des vigiles du mouvement, mais aussi par de nombreux policiers. - Abderrahim Zouari, candidat à la présidentielle du Mouvement destourien, au Kef: «L'accusation de falsifications? De la foutaise» "La réussite de la prochaine étape est tributaire de la participation de tous les Tunisiens au scrutin", a estimé, samedi, le candidat du Mouvement destourien à la présidentielle, Abderrahim Zouari. Lors d'un meeting organisé au Kef, à l'occasion du démarrage de la campagne électorale, Zouari a appelé tous les Tunisiens à se rendre aux urnes pour assurer la réussite de cette échéance électorale au service de l'intérêt supérieur du pays. Réagissant aux accusations portées à son encontre concernant la falsification des parrainages électoraux pour la présidentielle, le candidat du Mouvement destourien a indiqué que ces accusations ne sont que de " la pure foutaise", affirmant qu'il est possible de vérifier ces accusations par voies légales.