Un hommage est rendu au medecin-chirurgien et historien tunisien Said Mestiri à l'Academie des Sciences, des Lettres et des arts, Beit Al Hikma à Tunis le 27 septembre 2014 suite à son décès le 14 aout 2014, en présence de sa famille, ses amis et collègues. Quatre interventions ont retracé le parcours du professeur Said Mestiti dans le dessein de rappeler son apport professionnel au corps médical tunisien. L'allocution du professeur Hichem Djait s'est focalisée sur le rapport étroit entre la médecine et la philosophie depuis la Grèce antique et la civilisation arabo-musulmane. La médecine pré-socratique est liée à la philosohie, chose qui explique pourquoi les Arabes attribuent au médecin l'appellation de ‘'sage''. D'ailleurs de nombreux philosophes pratiquaient la médecine à l'époque, tels que le Grec Galaudius Galenus qui s'intéressait à l'épistémologie médicale et qui a énormément influencé la médecine judéo-chrétienne et musulmane au Moyen âge ainsi que Ibnou Sina qui était à cheval entre la médecine et la philosophie tout comme Ibnou Rochd aussi bien au Maghreb qu'en Andalousie et Ibnou el Jazzar en Tunisie. La seconde intervention, du docteur Omar Chedly a porté, essentiellement, sur le cursus du professeur Said Mestiri, « bien qu'il soit mon aîné de six ans, une forte relation nous unissait. Il avait une prédilection pour la peinture», dit-il. En 1939, il est parti à Alger pour poursuivre des études en médecine où il a soutenu sa thèse en 1948 sur «le traitement moderne des brulûres». Du temps du protectorat, les médecins étaient des étrangers, le nombre des médecins tunisiens était très restreint jusqu'à 1920. A partir de 1957, une nouvelle génération de médecins tunisiens s'intéresse à toutes les spécialités médicales et le professeur a contribué à maints travaux dont témoignent ses documents écrits dans ce crénau scientifique. En 1951, il a été désigné chirurgien assistant aux hopitaux de Tunisie puis, en 1956, devient chef service de la chirurgie à l'hopital Habib-Thameur.Ensuite, en 1970, il a été nommé professeur de chirurgie à la faculté de médecine de Tunis jusqu'à 1980. Il a effectué de nombreux séjours scientifiques à l'étranger qu'il a mis au service de la recherche médicale. La troisième intervention, du docteur Riadh Mabrouk, est dédiée à la mémoire de la recherche médicale dont fait partie le professeur Said Mestiri. «Je l'ai connu après 1970 à l'hopital de la Rabta», dit-il. Hormis la médecine, il avait une passion pour l'histoire, particulièrement, l'histoire de la chirurgie chez les médecins les plus éminents en la matière au Maghreb, en Orient et en Occident. Cette jonction entre la médecine et les sciences humaines à laquelle il a manifesté tant d'intérêt remonte à ses lectures du médecin andaloux Abou Kacem Zahraoui, Ibnou el Haithem et, notamment, deux médecins Yahia dit Yhannah Ibn Masawah (776-857), médecin du temps des califes Abbassides et Hunay Ibn Ishak al Abadi (808-877) de l'Irak. Tous deux ont contribué à la traduction des traités de médecine indoue et perse, plusieurs médecins leur doivent jusqu'à nos jours le néologisme de certains termes médicaux qui se sont avérés utiles et pour l'enseigment de la médecine et pour la recherche. La dernière intervention de l'historien Khaled Qchir, a repris cette double casquette du professeur, celle d'un médecin passionné d'histoire à la fois de la Tunisie et de la médecine arabe et occidentale et qui lui a inspiré ses ouvrages, à titre d'exemple, «Moncef Bey», «Le métier et la passion» et « Le médecin dans la cité». De tels écrits ne pourraient que ressusciter leur auteur !