Il serait encore tôt de procéder à une évaluation exhaustive et objective du déroulement de la campagne électorale pour les prochaines législatives, mais les débuts sont franchement en deçà des attentes, pour ne pas dire décevants et nullement rassurants. Si la lenteur des premiers jours peut être expliquée par la coïncidence du démarrage de la campagne avec le congé de l'Aïd, rien par contre ne justifie le recours aux irrégularités et aux dépassements de tous genres. L'Instance supérieure indépendante des élections aura en tout cas à prendre les décisions adéquates et les sanctions qui s'imposent en pareille circonstance, mais de telles pratiques ne risqueraient-elles pas d'entacher encore plus l'image de la classe politique aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale ? Car, devant le spectacle de panneaux encore vides, d'affiches déchirées, de portraits de candidats défigurés et d'annonces publicitaires illégales, il serait difficile pour l'électeur tunisien d'accorder sa confiance aux candidats à la députation et encore moins à prêter attention à leurs discours électoraux ni à suivre la campagne jusqu'à son ultime phase. Un désintérêt total pour ces élections, pourtant décisives pour l'avenir du pays, est déjà perceptible chez la population tunisienne et rien pour l'instant ne promet un renversement de vapeur ou un retournement de situation. Le fait est que la confrontation de programmes crédibles et sérieux fait encore défaut laissant la place aux querelles, aux accusations, aux infractions et aux manquements aux règles. D'où l'impression prédominante qu'il s'agit plus d'une guerre larvée entre familles politiques assoiffées de pouvoir que d'une compétition démocratique et transparente où les meilleurs programmes et les meilleures solutions aux maux du pays auront le dernier mot et la faveur du suffrage. Et c'est de ce côté là que le bât blesse, car on ne fait que nous rabâcher les oreilles par des promesses creuses, pour la plupart irréalisables sans pouvoir expliquer comment les concrétiser sur le terrain de la réalité . Le Tunisien, après l'expérience de la longue et dure période transitoire, a appris en tout cas à ne pas croire à tout ce qu'on lui raconte et il saura, s'il a encore foi dans le processus démocratique en gestation, distinguer, le jour du verdict, le bon grain de l'ivraie.