Par Brahim OUESLATI La campagne électorale pour les élections de l'Assemblée nationale constituante entame sa deuxième semaine qui s'annonce beaucoup plus animée avec une accélération du rythme et une multiplication des meetings, des rencontres et des visites sur le terrain de la part des listes partisanes ou indépendantes, notamment celles qui ne sont pas encore dans le vif du sujet. Histoire de préparatifs et de moyens, surtout en attendant le financement public dont la première tranche devrait, en principe, être versée ces jours-ci. Et même si le courant n'est pas encore passé entre des citoyens dubitatifs et indécis et les candidats, et dans l'attente de la symbiose recherchée entre le peuple et ceux qui s'expriment en son nom, quelques enseignements pourraient d'ores et déjà être tirés qui incitent à l'optimisme et font miroiter une suite de campagne sans gros dégâts et sans accrocs. Durant les premiers jours, l'Isie et ses différents comités n'ont pas relevé de dépassements majeurs de nature à perturber le déroulement de la campagne électorale. A part quelques faits à classer dans la rubrique des faits divers, comme l'arrachage des affiches ou les menaces proférées à travers les réseaux sociaux à l'encontre de certaines femmes candidates ou certaines formations politiques par quelques esprits fanatiques enragés, faits circonscrits et dénoncés par les acteurs de la scène politique, rien de grave n'a été signalé et les candidats sont allés à la rencontre de leurs sympathisants et autres citoyens électeurs potentiels, dans le calme et la sérénité. Il est vrai que la situation sécuritaire s'est améliorée et que les forces de sécurité et de l'armée nationale se sont mobilisées pour assurer les meilleures conditions possibles au déroulement de toute l'opération électorale. Leur présence, qui est perceptible dans tous les coins, est de nature à dissuader toute velléité de désordre et de faire face à toute tentative de perturbation. L'engagement du gouvernement est ferme sur ce plan comme il l'est sur le plan de la logistique et le soutien à l'Instance supérieure indépendante des élections, dont la principale mission est de faire de cette consultation une véritable réussite. Outre les mécanismes de contrôle mis en place pour superviser le déroulement de la campagne, les missions d'observation locales et étrangères sont déjà sur le terrain et s'impliquent dans le travail d'observation et de suivi des élections. Jusque là, elles se disent confiantes, n'ayant pas relevé d'incidents majeurs au cours des premiers jours. Sur un autre plan, les prestations télévisées des têtes de liste sont pour la plupart jugées décevantes, sur le plan forme et fond. Car leurs messages n'ont pas été percutants et ont péché par un manque de persuasion et ils n'ont pas, pour la plupart, trouvé les mots justes pour convaincre les téléspectateurs. Les candidats, faut-il le souligner, n'ont pas tous le même profil ni la même expérience et seuls ceux qui se prévalent d'une certaine popularité et d'un poids politique résultant d'un parcours militant ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Ils se distinguent des autres en développant un discours qui reflète un degré de maturité et une volonté de transcender les clivages, en dépit d'une obstination obtuse de quelques uns d'entre eux, encore imprégnée d'idéologie totalitaire. Ces "anciens" ont présenté leur vision de la prochaine étape, exposé leurs programmes, présenté leur modèle de développement et réussi, à des degrés divers, à accrocher une partie des futurs électeurs, notamment parmi leurs sympathisants. Alors que les "novices" qui ont choisi de se lancer dans la campagne continuent à patauger, faute d'idées et de moyens. L'essentiel n'est-il pas de participer pour affûter ses armes en vue des prochaines échéances? Le scrutin du 23 octobre prochain est un test grandeur nature, non seulement pour les Tunisiens, mais pour le monde entier. "La Tunisie a constitué un motif d'inspiration pour tous ceux d'entre nous qui croient que chaque homme et femme détient certains droits inaliénables", a estimé le président Barak Obama. Un soutien qui traduit l'intérêt porté par la première puissance mondiale et par delà même les démocraties occidentales à la transition engagée en Tunisie après le 14 janvier et dont la réalisation dépendra énormément de la réussite des prochaines élections de l'Assemblée nationale constituante. Réussite qui rejaillira sur l'ensemble de la région et posera les jalons du succès du Printemps arabe salué par le monde entier comme étant salvateur pour les peuples de la région.