Les services du ministère de l'Agriculture ont annoncé une production de dattes record pour la nouvelle saison 2014, dans les gouvernorats de kébili et de Tozeur, estimée à 223000 tonnes dont 160 mille tonnes de la variété de dattes supérieures « deglet ennour », contre 198 mille tonnes l'année dernière. Pour la variété de « deglet ennour », l'augmentation enregistrée par la production de cette année par rapport à celle de l'année dernière est d'environ 12%. La production dans le gouvernorat de Kébili est estimée à 135 mille tonnes, sachant que ce gouvernorat assure 80% de la production des dattes, en Tunisie. Cependant, selon les agriculteurs et les spécialistes de la culture des dattes en Tunisie, ces perspectives prometteuses risquent de voir leurs effets bénéfiques réduits à néant, à cause de la spéculation qui continue de miner ce secteur agricole stratégique, depuis longtemps et qui s'est aggravée, au cours de ces dernières années suivant la révolution, dans le cadre du relâchement général de l'action d'encadrement à tous les niveaux. Les spéculateurs ont trouvé le terrain propice pour profiter au maximum de la situation. Les dattes, notamment, la variété « deglet ennour » constituent, avec l'huile d'olive et les agrumes, les piliers des exportations agricoles tunisiennes. Ecarts énormes La saison de la cueillette des dattes a démarré, début octobre, tant dans les palmeraies de Nefzaoua au gouvernorat de Kébili que dans celles du Jérid, dans le gouvernorat de Tozeur. Mais, alors que la nouvelle production n'a pas encore été commercialisée, les distributeurs à Tunis ont sorti des stocks invendus et conservés de dattes deglet ennour des précédentes saisons et les ont mis en vente au public à des prix allant jusqu'à 9 dinars 700 millimes le kg, soi disant que les dattes murissent en automne, et la nuit tous les chats sont gris. Or, les prix appliqués au niveau de la production, dans les centres de production au Nefzaoua et au Jérid, ne dépassent guère 3 dinars le kg, pour la variété supérieure de deglet ennour en régime et du premier choix. Les prix à la production sont les prix payés aux agriculteurs et aux producteurs par les négociants et les grossistes installés sur place et qui gèrent des agences entières spécialisées dans l'achat de la production des dattes directement auprès des agriculteurs. Ce sont ces négociants et grossistes qui fixent chaque saison les prix à la production. Pour la nouvelle saison 2014, les prix à la production varient entre 1 dinar et demi et 2 dinars et demi le kg et vont dans le meilleur des cas jusqu'à 3 dinars ou encore 3 dinars et demi le kg pour les dattes de la variété « deglet ennour », d'excellente qualité. Comme il est aisé de le constater, les écarts sont énormes entre les prix à la production payés aux agriculteurs et les prix à la consommation, au niveau de la vente au public. Selon les services du ministère de l'Agriculture, la production des dattes de la nouvelle saison, notamment celle de « deglet ennour », est de bonne qualité, en raison des bonnes conditions climatiques enregistrées cette année. La hausse de la température enregistrée au mois de septembre a accéléré la maturation des dattes, notamment à Nefzaoua, dans le gouvernorat de Kébili. Aussi, la cueillette a commencé, un peu tôt, car en général, elle se déroule à la fin d'octobre et durant le mois de novembre. Effort particulier Dans la ville de Jemna, près de la ville de Kébili, qui est devenue un grand centre de production et de commercialisation des dattes de la variété « deglet ennour », en Tunisie, les agriculteurs ne sont pas très contents. En effet, des particuliers ont investi, énormément, dans l'exploitation des dattes en forant des puits privés par leurs propres moyens et en créant des exploitations de dattes, à côté des palmeraies créées, sous forme de périmètres publics irrigués, à l'aide de forages de puits publics. Des centaines de puits privés ont été forés par des particuliers aux alentours de la ville de Jemna, ce qui l'a hissé au rang de grand centre national de production et de commercialisation des dattes. D'ailleurs, outre la question des prix et de la spéculation, la culture des dattes dans le Sud fait face à des problèmes d'eau, car les palmeraies vivent sur l'exploitation de la nappe phréatique, ce qui exige une rationalisation de cette exploitation de la nappe phréatique afin d'assurer la durabilité de l'approvisionnement en eau. Regroupements coopératifs Sur un autre plan, les agriculteurs et les producteurs signalent que le conditionnement des dattes qui s'est répandu, ces dernières années, sans atteindre, encore, le niveau espéré, dans les centres de production et ailleurs, a profité, essentiellement, aux commerçants et aux distributeurs en leur offrant le moyen de conserver les dattes et de les écouler, à leur convenance. Il existe, pourtant, plusieurs structures d'encadrement pour les agriculteurs et pour la production en général, ainsi que des fonds de financement des actions d'encadrement, comme le fonds de promotion de la qualité des dattes, et ce parallèlement à des projets dans ce sens initiés avec des partenaires étrangers, notamment des français. A cet égard, le chef de département de la production végétale dans le commissariat régional de l'agriculture, à Tozeur, Belgacem Ammar, a mis l'accent sur le rôle que peuvent remplir les coopératives agricoles de services et les sociétés coopératives agricoles dans la préservation des droits des agriculteurs, signalant que certaines coopératives ont signé, cette année, des contrats avec des exportateurs européens, sans avoir à passer par les intermédiaires locaux.