Un fonds de promotion de la qualité des dattes a été créé, conformément à la loi de finances de 2008, à la grande satisfaction des producteurs et consommateurs de ce fruit typiquement saharien, devenu un produit stratégique pour la Tunisie, au même titre que l'huile d'olive, les agrumes et les céréales. Les articles 24 et 25 de cette loi qui en stipulent la création et la mission, indiquent que le fonds de promotion de la qualité des dattes est destiné à soutenir financièrement les opérations visant l'amélioration de la qualité des dattes et l'encouragement de leur production et de leur commercialisation. Ce fonds est financé, à son tour, par une taxe égale à 1% de la valeur en douane à l'exportation des dattes, les dons et subventions des personnes physiques et morales et toutes autres ressources pouvant être affectées à son profit.
Une mesure venue au moment opportun Autre motif de grande joie, cette mesure coïncide avec l'annonce par le gouvernement, le vendredi 11 janvier 2008, de la mise en œuvre d'un vaste plan de développement du Sahara tunisien, tendant à assurer une exploitation optimale des potentialités et des ressources du Sahara, en étroite collaboration avec l'initiative privée. Or, la culture du palmier-dattier et la production des dattes constituent la principale activité économique pour les populations des zones sahariennes du Sud -Ouest de la Tunisie , notamment les régions historiques du Djérid et du Nefzaoua, dans les gouvernorats de Tozeur et Kébili. Pour apprécier toute la valeur économique des dattes, signalons que le kilogramme de la variété supérieure de dattes appelée « deglet ennour », est, actuellement, vendu sur le marché de la Capitale Tunis à plus de 5 dinars pour les dattes branchées emballées dans des paquets en carton, et à 3 dinars et demi pour les dattes en régimes. Les dattes en vrac de cette même variété mais de qualité très moyenne, voire médiocre, sont vendues entre 2 dinars 300 et 2 dinars 800, le kilogramme. Au même moment, la culture du palmier - dattier remplit, également, dans les régions signalées, une fonction sociale de la plus haute importance, car, quoique regroupées dans de grandes oasis et des palmeraies de vastes étendues, les exploitations de palmier - dattier sont, toutes pratiquement, des petites exploitations à caractère familial, comme la majorité des entreprises économiques tunisiennes. Cependant, la production des dattes en Tunisie, notamment celle de la variété de deglet ennour, a enregistré, au cours des dernières décennies, un développement spectaculaire, sur le plan quantitatif et qualitatif, grâce à la généralisation systématique de la culture de la variété de deglet ennour, seule variété exportable et à l'origine de la valeur ajoutée économique et commerciale acquise par les dattes. L'introduction de cette variété, dans notre pays, remonte, au début du 20ème siècle, dans la région du Nefzaoua, en particulier, mais sa culture, dans la région du Djérid, date du 17ème siècle , toutefois, elle n'a acquis de l'importance que durant le 20ème siècle, lorsque les dattes se sont hissées, grâce à la variété de deglet ennour, à un produit de commerce national et international très lucratif, après avoir été un simple élément d'alimentation pour les populations locales.
Penser à instaurer des prix de référence Aussi, toutes les palmeraies nouvellement aménagées dans la région du Nefzaoua, dans le gouvernorat de Kébili, sont spécialisées, presque exclusivement, dans la culture de la variété de deglet ennour, spécialisation que d'aucuns n'approuvent pas totalement, car il existe plus de 250 variétés de dattes, également, très bonnes à manger, de sorte qu'une pareille spécialisation risque de provoquer leur disparition totale et l'appauvrissement de la biodiversité dans ces régions. Justement, avantage de grande taille à l'ère de l'écologisme et du biologisme triomphants, la culture du palmier dattier, y compris celle de deglet ennour, est restée, en Tunisie, naturelle et de type biologique pour ainsi dire. Toutefois, selon les études faites par l'Institut du palmier dattier, à Tozeur, et l'observation sur place, la qualité des dattes, en particulier la variété de deglet ennour, peut être davantage améliorée de façon notable, à en juger par la diversité de la qualité de la production actuelle. Cette amélioration peut être obtenue, principalement, à travers l'amélioration des techniques culturales. Ainsi, depuis sa généralisation, il y a, seulement, deux décennies, à peine, la pratique des caches en plastique des régimes de dattes, avant leur maturation, pour les protéger, contre les effets de la pluie et d'autres agressions extérieures mécaniques et biologiques, a, énormément, contribué à l'amélioration de la production, sur le plan de la quantité et de la qualité. L'usage des chambres frigorifiques pour le conditionnement et la conservation de la production des dattes et celle de deglet ennour, spécialement, s'est, également, étendu, ces dernières années, notamment, au Nefzaoua, mais, revers de la médaille, cette nouvelle opportunité de conditionnement industriel de la production des dattes est, malheureusement, exploitée pour s'adonner à la spéculation et au gonflement artificiel des prix à la consommation , comme en témoignent les niveaux qu'ils ont atteint, actuellement, sur le marché local, y compris dans les centres de production . La tentation existe aussi pour le gonflement artificiel des prix à l'exportation, avec des risques réels de désillusion, comme ce fut le cas, il n'y a pas longtemps, pour l'huile d'olive. Aussi, pour mieux contrôler la tendance et garantir la pérennité de l'activité et de la production des dattes, des spécialistes recommandent l'instauration de prix de référence servant les intérêts des producteurs mais aussi des nombreux consommateurs locaux et étrangers de ce fruit aux multiples vertus et applications nutritives et culinaires.