Comme prévu, les dépassements recensés lors du scrutin du 26 octobre étaient nombreux. Plusieurs bureaux de vote ont été le théâtre de pratiques illicites de la part de certains partisans qui ont bravé le silence électoral au su et au vu de tout le monde et surtout de l'ISIE. C'est le bilan établi par les différentes associations de supervision des élections. Au vu de ces infractions, serait-il juste de parler de fête électorale? Ces manquements à la loi électorale sont-ils anodins comme le prétendent certains ? Ou bien, au contraire, ils influencent foncièrement les résultats finaux du scrutin ? Passivité de l'ISIE Ce qui s'était passé dans les IRIEs à l'étranger était un signe avant-coureur qui annonçait les défaillances de l'opération électorale de dimanche dernier. De l'avis d'ATIDE, Observateurs et I Watch, les manœuvres frauduleuses qu'on a vues sur le terrain étaient prévisibles en raison de l'attitude passive de l'ISIE qui n'a pas bronché vis-à-vis de tous les dépassements relevés par ces associations qui ont essayé à maintes reprises de lui dessiller les yeux sur certaines insuffisances, dont celle relative à son système informatique, ainsi que sur le comportement de certains partis politiques. Il est question de campagne électorale et de manipulations, où des enfants étaient utilisés comme supports à ces pratiques malsaines, en leur enfilant des tee-shirts portant des logos de partis politiques, et où de l'argent et des biens en nature étaient distribués. Donc, l'argent politique était très présent et, selon ces associations, il a largement déterminé le choix d'une bonne partie de l'électorat. Les résultats sont là pour entériner cette amère vérité, puisque des partis bien nantis, qui, visiblement, n'avaient pas de base sociale, sont classés parmi les premiers, alors que d'autres, dépourvus de moyens financiers et ayant une riche histoire militante, sont mal classés ou bien ne figurent même pas sur la liste des vainqueurs. Les griefs soulevés contre l'ISIE ne s'arrêtent pas là, ils touchent également son attitude à l'égard du comportement de certaines chaînes de télévision pendant cette période de campagne électorale qui ont transgressé la loi en annonçant à longueur de journée, la veille du silence électorale, la tenue du meeting d'un parti politique et en le transmettant en direct depuis l'avenue Bourguiba. Et dans la soirée du même jour, l'une d'entre elles a invité sur son plateau des hommes politiques dont le choix en ce moment précis était loin d'être fortuit, mais visait à influencer et orienter l'électorat, selon des observateurs. Face à ces dépassements qui étaient très lourds de conséquences, l'instance de régulation était restée muette et s'est contentée de noyer l'opinion publique nationale dans des questions purement logistiques se rapportant à l'horaire du scrutin et à la procédure à suivre dans les bureaux de vote. La HAICA aussi aurait pu intervenir conformément à ses prérogatives, mais elle non plus n'a fait rien pour arrêter la mascarade. Ce mutisme de l'ISIE est jugé coupable par les associations de supervision des élections et certains politiques dont quelques uns restent sceptiques quant à sa sincérité de rectifier le tir en intervenant en aval. Ils considèrent qu'elle aurait du sévir en amont et empêcher les dépassements. Ce scepticisme se justifie par la « clémence » de la loi électorale qui ne prévoit que des amendes pour les actes frauduleux. La suppression des listes des fraudeurs n'aurait pas été plus appropriée et plus dissuasive ? En se limitant à infliger des sanctions financières à des partis riches, les législateurs n'ont-ils pas encouragé ces derniers à passer outre la loi ? N'ont-ils pas participé à fausser les résultats et à gâter cette fête électorale ? Ne sont-ils pas responsables de l'instauration d'une « démocratie de barons » et de l'exclusion des militants?