Au-delà des résultats des législatives, les premières élections sous la deuxième République et quels que soient les vainqueurs ou les perdants de cette délicate épreuve d'apprentissage démocratique, la Tunisie et son peuple en sortent grandis. Le monde, en effet, ne tarit pas d'éloges sur la bonne organisation du scrutin, la sérénité et la sécurité qui y ont régné et le niveau de maturité atteint tant par la population que par la classe politique. Et malgré les dysfonctionnements, les irrégularités ou les fraudes enregistrés ici et là, les notes de satisfaction fusent de partout allant jusqu'à parler du « modèle tunisien » qui devrait servir d'exemple aux pays en quête de démocratie, essentiellement à ceux qui ont connu le « printemps arabe ». En fait a-t-il jamais existé ! Béji Caïd Essebsis, leader du parti Nidaâ Tounès, grand vainqueur des élections, parle d'une invention occidentale. La vérité est qu'il s'agit d'un « début de printemps tunisien » qui a besoin du soutien et de l'assistance des grandes démocraties, des capitaux et des investissements des riches pour qu'il réussisse et rejaillisse sur le reste du monde arabe. Cette constation ne date pas d'aujourd'hui mais elle est plus que jamais d'actualité. Car quatre ans après la vague de révolutions qui ont balayé les dictatures, seule la Tunisie échappe au chaos qui a accompagné les révolutions arabes, malgré le désenchantement et les désillusions des premières années post-révolution. Mais ceci n'est pas une fin en soi. L'objectif primordial reste l'ancrage définitif de la démocratie dans le pays et l'alternance pacifique au pouvoir. De ce fait, les élections, qualifiées de réussite, ne sont que la première pierre dans la construction de l'édifice. Le plus dur est à venir et c'est à la classe politique de réussir cette étape décisive de l'histoire du pays. La responsabilité incombe à tous, particulièrement à ceux qui s'apprêtent à prendre les rênes du pouvoir. Ainsi, les regards se tournent vers Nidaâ Tounès et son leader Béji Caïd Essebsi. Comment va-t-il gérer la situation dans un paysage politique chamboulé ? Quels seront les contours du futur gouvernement en l'absence des parties partageant la même philosophie. Si les Tunisiens lui sont reconnaissants pour avoir permis un équilibre des forces sur l'échiquier politique et fait barrage aux tentations hégémoniques, ils s'attendent à ce qu'il concrétise les objectifs de la révolution et qui sont essentiellement économiques et sociaux. Il est dès le départ confronté, a de grands défis paraissant ardus et au-dessus dès capacités d'un seul parti ou même d'une coalition. Dans ce cas le recours à un gouvernement d'union nationale où siègeraient les rivaux d'hier et fort probable. Eux se disent prêts à coopérer. Qu'elle sera sa réponse ?