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Les Destouriens à la recherche d'une unité perdue
Diabolisés puis courtisés
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 02 - 2016

Et voilà que l'on reparle de plus en plus de la famille destourienne, mieux encore de l'ancien parti de Ben Ali, le RCD, qui a gouverné le pays pendant 23 ans et qui a été dissous de manière rocambolesque et théâtrale à la faveur d'une « révolution » qui voulait en découdre avec une formation politique accusée de tous les maux du pays et rendue responsable de toutes les dérives. Une campagne de diabolisation a été minutieusement orchestrée contre ses dirigeants et ses militants. Certains révolutionnaires de la 25ème heure n'ont pas hésité à appeler à un lynchage public des résidus (Azlem) de l'ancien régime dont les hauts dignitaires ont été arrêtés, mis en prison et poursuivis pour d'innombrables crimes réels ou supposés, mais pour la plupart fabriqués de toutes pièces, puisque la justice les a innocentés. Les opportunistes, et ils sont nombreux, ont vite « retourné leurs vestes » et ont même déclaré qu'ils avaient infiltré le RCD pour les besoins du mouvement islamiste régénéré et devenu la première formation du pays et qui a bénéficié d'un potentiel de voix inestimable lors des élections de la Constituante en octobre 2011. Dans le but de se mettre sous un toit sûr pour éviter toutes sortes de tracasseries, plusieurs milliers de militants RCD ont apporté leurs voix à Ennahdha lors des élections de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011. Certains d'entre eux n'ont pas hésité à jeter l'opprobre sur « l'artisan du changement» qu'ils avaient longtemps encensé, le rendant seul responsable de la dérive du régime.
L'Initiative de Morjane ouvre la voie
Les autres se sont terrés, en attendant le passage de « l'ouragan révolutionnaire » qui menaçait de les emporter. Peu, très peu d'entre eux ont osé montrer la tête pour dire « nous sommes toujours là et nous n'avons rien à nous reprocher ». Parmi eux Kamel Morjane, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous Ben Ali. Fils de son père Kantaoui Morjane, un militant destourien de la première heure, il a suivi son exemple en adhérant au parti dès sa prime enfance, à l'Organisation de la jeunesse scolaire, au mouvement scout puis à l'Uget et a milité au sein d'une cellule destourienne. Cet ancien haut fonctionnaire onusien, connu pour ses qualités humaines, son intégrité morale et intellectuelle, son amour de la patrie, crée sa propre formation politique « l'Initiative » ( Al Moubadara), au mois d'avril 2011 et participe aux élections de la Constituante où il obtient cinq sièges. Malgré les poursuites judiciaires engagées contre lui, les menaces et les campagnes de dénigrement, il n'a pas lâché prise et a continué à se battre pour devenir pratiquement incontournable lors du processus du dialogue national. Son parti se présente aux législatives d'octobre 2014 et récolte trois sièges seulement. Alors que lui, il se présente à l'élection présidentielle et n'obtient que quelques milliers de voix (1.27% des suffrages exprimés). Echec qui pourrait être imputé au vote utile qui a profité au candidat Béji Caid Essebsi, un ancien dirigeant du Néo-Destour de Bourguiba et à la présence d'un autre candidat de la même famille, Mondher Zenaidi.
A côté de Kamel Morjane, un autre ancien dirigeant RCD s'est lancé, juste après le 14 janvier 2011, dans l'arène politique en créant « le Parti Néo-Destourien,». Il s'agit d'Ahmed Mansour qui a obtenu un siège à la Constituante. Les deux ont comme insufflé un sang neuf dans les rangs des destouriens qui se sont débarrassés de l'étiquette RCD, pour réendosser l'habit du Néo-Destour de Bourguiba. Sept autres formations se réclamant de l'héritage bourguibien ont vu le jour dont « le Mouvement destourien » de Hamed Karoui qui a reconnu avoir échoué dans le rassemblement de la famille destourienne, « Al Liqaa Al Doustouri » de Sami Chabrak, « Al Mostaqbil », de Sahbi Basli, « Le Parti libéral destourien », de Fayçal Triki, « Al Ahrar Al Doustourioune», de Taoufik Ben Khouda, «Le Parti de l'unité et de la réforme », de Taoufik Bouafia, « le Parti de la liberté pour la justice et le développement » de Hatem Yahiaoui et j'en oublie.
Le coup de maître de Béji Caïd Essebsi
Mais le coup de maître a été réalisé par Béji Caïd Essebsi qui, dans cet embrouillamini politique, est parvenu à intégrer beaucoup d'anciens destouriens dans sa formation politique Nida Tounès créée en juin 2012. Avec son expérience d'homme d'Etat, ayant longtemps servi sous les ordres de son maître à penser Habib Bourguiba, il a réussi la difficile transition à la tête du gouvernement en 2011. Se voulant l'héritier naturel du président Bourguiba et se réclamant du mouvement réformateur apparu pendant la seconde moitié du XIXe siècle, mouvement initié par Kheireddine Pacha et perpétué par d'autres grands réformateurs tels que Tahar Haddad, Abdelaziz Thaâlbi, Tahar Ben Achour, Mohamed Ali Hammi et bien entendu Habib Bourguiba, l'ancien Premier ministre a réuni autour de lui plusieurs courants de gauche, syndicalistes, indépendants et destouriens. Le nouveau parti, qui se considère comme «un prolongement du mouvement de libération nationale et sociale», a été, dès les premiers jours de sa création, vivement attaqué, vilipendé et diabolisé, essentiellement par la Troïka au pouvoir, l'accusant de puiser dans le réservoir de l'ancien RCD et d'en recycler les militants. Mais il est arrivé, contre vents et marées, à s'imposer comme un élément incontournable dans l'échiquier politique national réussissant à créer un équilibre sur la scène politique dominée par le mouvement Ennhadha et à lui prendre la première place lors des dernières élections législatives d'octobre 2014 au cours desquelles Nida Tounès a remporté 86 sièges, en même temps que son président Béji Caïd Essebsi a remporté le scrutin présidentiel en battant le président sortant, Moncef Marzouki.
L'effritement et le repositionnement
Mais le parti qui avait suscité beaucoup d'espoir dans les rangs de ses militants et chez des centaines de milliers de citoyens, femmes notamment, est en voie d'effritement par la faute de ses dirigeants. Le mouvement cher à Béji Caïd Essebsi s'est décomposé et ce qu'il en reste n'est plus qu'une fausse résonance de cette formation annoncée pour dominer la scène politique nationale. Les frères d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui et chacun est allé de son côté amenant dans son sillage partisans et courtisans, laissant la base des militants dans l'imbroglio total. Un nouveau repositionnement s'effectue avec la recherche de nouvelles alliances ou de nouveaux toits.
Déçus d'avoir été écartés du gouvernement Habib Essid qui se présente comme un indépendant, jetant la responsabilité de cet écartement sur certains dirigeants du courant la gauche de Nida Tounès qui a pourtant utilisé leur « machine électorale », sonnés par les résultats des élections législatives où ils n'ont récolté que des miettes, les Destouriens, toujours à la recherche d'un nouveau « guide » et dont « le problème est l'absence d'un héritier légitime », pour reprendre les propos de Kamel Morjane, commencent à bouger pour tenter de se rassembler. Revigorés par les appels et les sollicitations d'autres formations et d'autres hommes politiques en manque de troupes et qui ont, enfin, reconnu que « ces citoyens de seconde zone » sont compétents et ont contribué à l'édification de l'Etat. Mohsen Marzouk, membre fondateur de Nida Tounès qu'il a abandonné pour lancer un « nouveau projet », multiplie les appels et rencontre les anciens hauts dignitaires du RCD comme Hamed Karoui, Kamel Morjane, Mondher Zenaidi, Sadok Chaâbane et d'autres pour tenter de les convaincre de rallier son projet. Il se découvre, lui l'homme de gauche, une filiation bourguibienne allant jusqu'à s'emparer de deux symboles, la date du 2 mars 1934 et la ville de Ksar Helal pour annoncer la lancement de sa nouvelle formation politique. Même le très libéral Yassine Brahim d'Afek Tounes ne tarit pas d'éloges à l'égard des cadres destouriens compétents qui ont rejoint son parti.
«L'espoir trompé guérit rarement»
Mais c'est le projet de Mondher Zenaidi qui ambitionne de fédérer les destouriens. Centralien fils de centralien, cette haute compétence a dirigé plusieurs ministères et...l'Espérance Sportive de Tunis. Affable et toujours disponible, « l'enfant du peuple » s'active avec d'anciens ministres et hauts cadres comme Samir Labidi, Tawfik Baccar, Iyadh Ouedherni, Samir Abdallah, Zouhaier Dhaouadi, Moncef Gouja et d'autres, à réunir autour de son projet plusieurs jeunes parmi les anciens membres des organisations de la jeunesse destourienne et des étudiants RCD. Pour Samir Abdallah, « l'avenir du pays se joue au centre » où il n'y a de place « ni à l'extrême droite, ni à l'extrême gauche. La force motrice sera incarnée par les destouriens, alliés aux démocrates qui ont l'atout d'être pragmatiques et connaisseurs du terrain et des rouages de l'Etat». Ils rêvent de bâtir un grand parti « social démocrate », réformateur avec un goût de retour aux fondamentaux du parti destourien et qui récupérerait une large majorité d'anciens militants du RCD.
Pendant ce temps, Kamel Morjane ne désespère pas de convaincre son ami et ancien collègue du gouvernement de travailler ensemble en proposant d'intégrer tout le monde dans le moule « Al Moubadara » qui reste ouverte à toutes les idées, à toutes les propositions et à toutes les compétences. Alors que Abderrahim Zouari, le seul qui a dirigé deux fois le RCD, et qu'on présente comme un véritable « animal politique », penche pour la création d'un large front au centre autour du président de la République. Celui qui a été le plus jeune maire de sa ville de Dahmani, le plus jeune gouverneur à Gabès, et aussi un homme de réseaux, est parvenu à faire, quand il était à la tête du RCD, intégrer au sein de son parti des personnalités de différentes sensibilités et un grand nombre d'universitaires auparavant peu disposés à rejoindre les rangs du Parti socialiste destourien. Ayant rencontré Béji Caïd Essebsi, il se dit complètement désintéressé de « toute offre », le plus important pour lui est comment soutenir toutes les bonnes causes pour sortir le pays de son marasme et accompagner le processus de transition à son terme.
Pour le moment, les tractations continuent tous azimuts et les déclarations, parfois enthousiastes, fusent de toutes parts. Mais le pays, rongé par les conséquences désastreuses des politiques incohérentes et de la persistance des menaces terroristes, et les Tunisiens déçus par les promesses non tenues, ont besoin d'une nouvelle force centriste attractive et porteuse d'espoir. Et s'il est difficile de se prononcer ou de prédire l'avenir de ces initiatives, ou encore de deviner les véritables intentions de leurs dirigeants et leurs motivations, la crainte de la résurgence des vieux démons de la division hante les esprits des militants courtisés par plus d'une partie. C'est aussi vrai pour la guerre des ego qui risque de briser l'espoir de l'unité. Car, comme nous l'avons déjà écrit dans un précédent article, «l'espoir trompé guérit rarement».


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