La militante des droits de l'Homme Radhia Nasraoui vient d'être élue à une majorité écrasante (62 voix sur 70), membre du sous-comité des Nations Unies pour la prévention de la torture, un choix judicieux d'une battante qui dès son jeune âge et depuis qu'elle a décroché son CAPA pour accéder à la profession d'avocat, a choisi de continuer sur la voix de la défense des droits et des libertés pour laquelle elle s'est engagée alors qu'elle était étudiante en droit. Le début des années soixante-dix a été marqué en Tunisie par le mouvement étudiant de la première vague de l'université créée à l'aube de l'indépendance. Etudiants et professeur avaient commencé à dénoncer les pratiques des gouvernants de l'époque portant atteinte aux droits et aux libertés. Radhia Nasraoui avait entamé depuis cette époque, son combat pour les droits de l'Homme et notamment contre la torture. Inscrite au barreau en 1976, elle choisit d'accomplir son stage au cabinet de feu Mohamed Mahfoudh, professeur de droit public et avocat connu pour ses positions contre les atteintes aux droits de l'Homme et sa détermination à défendre outre la veuve et l'orphelin, les libertés publiques et à s'ériger inconditionnellement contre toute forme d'injustice. C'est là que Radhia Nasraoui a pu défendre à l'époque , des étudiants qui étaient arrêtés à la suite des manifestations contre la pratique de la dictature. Continuant sur sa lancée en s'élevant notamment contre la torture pratiquée à l'époque dans les maisons d'arrêt et dans les postes de police, elle a été dans le collimateur de la police, mais cela ne l'a pas dissuadée de continuer dans la même voie et a constitué pour elle, un stimulant afin qu'elle persévère à défendre toute forme d'oppression. Constamment persécutée sous l'ancien régime, elle a plusieurs fois subi des agressions, voire des passages à tabac par les milices de Ben Ali. Son bureau à été plusieurs fois mis à sac, notamment en 1998, outre les persécutions dont elle a maintes fois fait l'objet notamment sous le régime du président déchu. En 2002 elle entama une grève de la faim, suite au mauvais traitement de ceux qui étaient arrêtés par la police politique. C'était l'époque où la torture était une pratique courante sous le régime du président déchu. Elle mit fin à cette grève un 10 décembre correspondant à l'anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Elle continua à faire l'objet de moult persécutions qu'elle dénonça avec ferveur, jusqu'à la chute de l'ancien régime. A la révolution, elle continua à dénoncer certaines formes de torture qui persistèrent dans certains centres de détention et dans les maisons d'arrêt. La torture, c'est un problème qui n'est pas en effet facile à résoudre, surtout que la police peut avoir affaire à des criminels dangereux et des terroristes notoires. Ce fut d'ailleurs la pierre d'achoppement à l'élaboration de la loi antiterroriste, dont l'adoption n'a pas encore vu le jour. Comment justement concevoir cette loi par rapport à la question du respect des droits de l'Homme? En réalité la loi antiterroriste doit être conçue pour sévir contre le terrorisme, tout en garantissant aux mis en cause les droits à la défense et à un procès équitable. En tout état de cause, pour Radhia Nasraoui la torture n'a pas sa raison d'être quelles qu'en soient les raisons ou les arguments invoquées. En 2003, elle a participé à la création de l'Association contre la torture dont elle devient la présidente à l'aube de la Révolution. En 2011 elle figura parmi les lauréats du prix Nobel de la paix pour son militantisme et son action continue contre la torture. Dans un communiqué, le bâtonnier Fadhel Mahfoudh, au nom de l'ordre national des avocats, a félicité Radhia Nasraoui pour son élection au sein du sous-comité de l'ONU contre la torture, qui « donne davantage de rayonnement à l'image de la Tunisie tant sur le plan national qu'au sein de la communauté internationale ». C'est choix judicieux de la femme idoine, qui s'est entièrement consacrée à la défense des droits et des libertés et qui est déterminée à persévérer dans cette voix, jusqu'au bout, même si, comme le chante Georges Moustaki dans "la révolution : "On la traque, on la matraque..... Elle souffre et se met en grève. Elle nous donne envie de vivre, elle nous donne envie de la suivre.....jusqu'au bout » !