L'accueil d'un méga-événement constituerait aujourd'hui une bonne affaire pour la ville hôte, la région, voire pour le pays entier. L'enjeu stratégique est donc énorme, et les villes se battent pour attirer ce type de manifestations. La Tunisie se positionne actuellement sur la scène internationale, comme un pays capable d'organiser de grands événements, tels la Coupe du monde de hand ball, les jeux méditerranéens, la coupe d'Afrique, des méga-manifestations, qui ont un impact positif direct sur le secteur touristique. L'événementiel est un bon créneau touristique comme l'a mentionné Amel Karboul lors de sa participation à la conférence ministérielle, organisée dans le cadre du World Travel Market (WTM), un des plus grands salons du tourisme au monde, qui s'est déroulé le 4 novembre à Londres rehaussé par la présence de plusieurs ministres européens, africains, américains et asiatiques et de représentants du secteur privé et d'Agences de promotion et d'investissements touristiques. L'offre d'événements mis sur le marché touristique a connu une très forte croissance durant ces quinze dernières années, il semble exister une demande suffisante de la part des collectivités publiques pour les accueillir. Les retombées économiques justifient cet engouement, Les mondiaux apporteront également une visibilité incroyable pour le pays. La notoriété internationale que peut apporter un événement culturel, sportif ou économique hautement médiatique au pays organisateur constitue aujourd'hui l'un des arguments les plus souvent avancés pour justifier une candidature. Pour de nombreux pays, l'offre de biens culturels et sportifs devient un enjeu majeur pour capter l'attention internationale et pour attirer les professionnels du secteur touristique La construction de cette nouvelle image à travers un grand événement vise surtout à (re)positionner le pays sur la carte du monde et à se procurer des investissements internationaux. En organisant les Jeux olympiques d'été en 2004, Athènes a notamment cherché à accéder au club des grandes capitales économiques européennes. Depuis l'organisation en 1991 des Universiades d'été, puis de diverses autres manifestations sportives, Sheffield a tenté de transformer son image de « cité de l'acier » en celle de « cité du sport ». Des retombées immatérielles Le sommet ministériel de l'OMT et du World Travel Market (WTM) qui a réuni des ministres du tourisme et des experts de renom du tourisme venus du monde entier a pu débattre des grandes problématiques autour du tourisme et des méga-événements. Dans le village planétaire qu'est le monde aujourd'hui, le tourisme et les méga-événements sont étroitement imbriqués. Nombre de participants aux méga-événements sont des touristes. Ces événements ont, à leur tour, un impact direct sur les destinations touristiques dans toute une série de domaines allant des investissements et de la création d'emplois au développement des infrastructures, à l'hébergement et aux moyens de transport, en passant par les stratégies de marque. En ouverture du sommet, le Secrétaire général de l'OMT, Taleb Rifai, a souligné que « les destinations doivent prendre en considération les infrastructures, les investissements et l'emploi, de même que les retombées immatérielles telles que l'image que renvoie le pays est la meilleure façon d'impliquer les communautés comme autant d'éléments formant le capital laissé par un méga-événement ». Cette conception des choses repose sur la collaboration et les partenariats, a déclaré le Vice-Ministre brésilien du tourisme, Vinícius Lemmertz, alors qu'il évoquait la récente Coupe du monde 2014 de la FIFA et la façon dont elle a « déterminé l'orientation de la coopération public-privé au Brésil ». L'effet positif sur l'emploi des Jeux olympiques de Londres en 2012 a été mentionné par le Président de VisitBritain, Christopher Rodrigues, tandis que le Vice-Président de l'administration nationale chinoise du tourisme, Jiang Du, soulignait pour sa part le rôle des bénévoles pendant les Jeux olympiques de Beijing en 2008 : « Nous avons réussi à mobiliser des étudiants, des jeunes, des retraités. Le bénévolat est devenu chose courante dans tous nos méga-événements. » À l'inverse, la Tunisie voit les avantages qu'il y a à aider les événements de moindre envergure à assurer leur viabilité financière. Amel Karboul, Ministre tunisienne du tourisme, a évoqué la nécessité de redéfinir ce que l'on entend par –méga : il se peut que l'on ait trois personnes à un festival, mais que cinq millions en parlent dans les médias sociaux. C'était aussi l'avis du Ministre jamaïcain du tourisme et des loisirs, Wykeham McNeill, et du Ministre libanais du tourisme, Michel Pharaon, pour lequel tous les pays ne peuvent pas accueillir des méga-événements, mais les manifestations culturelles sont essentielles pour promouvoir le pays et rassembler des gens différents, dans l'intérêt de la compréhension entre les cultures et de la paix dont on a tant besoin.« Méga-événements et tourisme vont de pair. Cependant, comme on l'a entendu aujourd'hui, les destinations peuvent aussi tirer le meilleur parti d'événements de moindre envergure » a déclaré le Directeur principal du World Travel Market, Simon Press. Ceci dit, l'événementiel reste un élément de communication marquant car il permet de se démarquer des actions publicitaires traditionnelles. Bien sûr, en créant un événement, la Tunisie pourra réaliser un important investissement dont elle attend des bénéfices. La notoriété et la motivation du personnel mais aussi le développement des ventes sont autant de données marketing qui prennent toute leur importance au cours d'un événement.