La plénière de la nouvelle Assemblée des représentants du Peuple a livré ses secrets, avec l'élection de Mohamed Ennaceur comme président candidat de Nida Tounès. Le 1er vice-président est Abdelfattah Mourou, d'Ennahdha. Le poste de 2ème vice-président est revenu à Faouzia Ben Fodha de l'UPL, parité oblige. Ainsi, les trois premiers partis sortis des urnes lors des élections législatives du 26 octobre dernier, se retrouvent dans le même ordre au sein du bureau de l'ARP. Est-ce le résultat d'une alliance entre Nida Tounès, Ennahdha et l'Union Patriotique Libre (UPL) ou d'une simple rencontre d'intérêt pour garantir la bonne marche de l'ARP ? Ce vote aura-t-il des répercussions sur le déroulement du deuxième tour de l'élection présidentielle ? Qu'en sera-t-il de la formation du prochain Gouvernement ? Baisse de tension Néji Jelloul, membre du bureau exécutif de Nida Tounès, considère que ce qui s'est passé est tout à fait normal. Il déclare au Temps : « Mohamed Ennaceur, président du parlement est chose logique. Il appartient au 1er parti de l'assemblée. Depuis longtemps, il avait le soutien d'Afek Tounès et de l'UPL. Il était assuré de gagner les élections. Ennahdha 2ème parti a eu le poste de 1er vice-président. L'UPL se retrouve en 3ème position. D'ici le deuxième tour de l'élection présidentielle Ennahdha ne va pas changer de position. Le Front populaire a refusé la présidence du parlement. Ce n'est pas une alliance. C'est un accord momentané pour l'assemblée, sans aucune répercussion sur la formation du prochain Gouvernement. C'est un message de calme. De toute façon, même si Rached Ghannouchi, demandait à voter Béji Caïd Essebsi au 2ème tour de la présidentielle, il n'est pas sûr que son électorat le suivra. Cet accord fera baisser la tension, ainsi que l'intensité de la bipolarisation. Le vote au deuxième tour de la présidentielle ne sera pas celui d'un camp contre un camp, mais un candidat contre un candidat. Ce qui est de nature à privilégier le candidat qui a un discours plus rassembleur. Si Nida Tounès avait proposé la présidence de l'ARP à Ennahdha, ç'aurait été catastrophique pour Nida Tounès. La vice-présidence ne pose pas beaucoup de problèmes. C'est une rencontre momentanée. Il n'y aura pas d'alliance avec Ennahdha au Gouvernement ». Peu homogène Beaucoup d'observateurs ont du mal à fixer la frontière entre une simple rencontre momentanée et une alliance en bonne et due forme. Comment l'opinion publique va-t-elle comprendre cette position ? Pour l'universitaire Abdejlil Bédoui, en partant de l'hypothèse d'un accord allant dans le sens d'une alliance entre les deux principaux pôles politiques du pays, une hypothèse très probable, s'attend à une nouvelle dynamique qui rendra le résultat du second tour de la présidentielle encore plus indécis, contrairement à ce qu'on pourrait le croire. Il précise sa pensée en déclarant au Temps : « Apparemment, les alliances se précisent entre Nida Tounès, Ennahdha, l'UPL et Afek Tounès. Le Front populaire va choisir de se ranger probablement du côté de l'opposition, dite constructive. Cette alliance reste peu homogène et surtout risque d'être explosive et d'impacter les deux principales formations. Au sein de Nida Tounès, beaucoup considèrent que les Tunisiens ont voté pour Nida parce qu'ils ne veulent plus voir Ennahdha aux commandes à cause de son échec. Or, cette alliance réhabilite Ennahdha et fait table rase de l'échec de celle-ci et, surtout, de sa complicité avec les extrémistes et sa responsabilité dans l'émergence et l'élargissement du terrorisme. Il y a même un risque que cette fraction hostile à Ennahdha au sein de Nida, boycotte le deuxième tour de l'élection présidentielle et n'accorde pas sa confiance à Béji Caïd Essebsi. Existe aussi, un risque qu'ils désertent Nida Tounès, comme cela s'est passé au sein d'Ettakatol, considérant que c'est une alliance contre nature. Du côté d'Ennahdha, le problème d'un éventuel éclatement se pose aussi, parce qu'à l'intérieur de ce parti, beaucoup considèrent que Nida Tounès annonce le retour des anciens Rcdistes éthiquetés comme « Azlem ». Ces personnes vont probablement appuyer la candidature de Moncef Marzouki qui a affiché plus d'hostilité au retour des « Azlem » et plus de proximité avec les factions les plus extrémistes, surtout qu'il est peu probable qu'Ennahdha puisse assurer une discipline de son électorat au 2ème tour. Cette alliance, si elle s'en avère-t-elle, peut très probablement augurer d'une nouvelle restructuration de la scène politique ».