Indépendamment de l'apaisement constaté au nouveau Parlement où tout baigne grâce à la prise de conscience générale que la surenchère politique et ses méfaits ont atteint le seuil critique du temps de la Troïka, et que la Tunisie a réellement besoin d'un sursaut d'énergie et de vitalité pour engager la redynamisation de l'économie, doper l'investissement et redémarrer le développement régional, la bonne nouvelle et quand même dans le renouvellement du paysage et du personnel politique, et l'arrivée d'un bon cru au niveau des acteurs et des élites au sein de certains partis influents. Déjà, Nida Tounès a brassé large, à gauche comme à droite et au centre sans oublier la sensibilité syndicale qui lui permet d'être dans la bonne synthèse : Bourguiba - Hached, recette politique absolument performante et crédible à la base de la modernité spécifique de la Tunisie et son modèle social démocrate très prononcé, depuis que Hached s'est positionné en leader syndical mais surtout national et en acteur déterminant dans la libération du pays. Ennahdha, aussi, est en pleine gestation pour ne pas dire mutation. Les « Faucons » type « frères musulmans », sont mutés aux archives du mouvement et toute une génération nouvelle pointe à l'horizon sous l'œil protecteur de l'incontournable cheikh Rached Ghannouchi. Lotfi Zitoune, à notre humble avis, émerge du lot et j'avais déjà parlé il y a bien longtemps de ce « projet » politique et politicien de la Nahdha, ce qui m'a d'ailleurs valu à l'époque bien des critiques... Ce qui est bien naturel ! Mais, cette génération est sur le point de surclasser certains aînés trop attachés au passé et à la centrale islamiste « fédérée », à l'Islam politique international, militant et traditionnel, à l'instar de M. Hamadi Jebali, ancien Premier ministre, et d'autres caciques du mouvement. La Jebha Echaâbia, qui avait pour vocation le rassemblement des sensibilités et du « peuple » de gauche démocratique, n'arrête pas de nous étonner, par son conservatisme idéologique et manœuvrier, qui la met en réserve pour 2020, mais peut aussi lui coûter très cher, car rien n'est acquis et l'ensemble de la coalition n'est pasà l'abri de certaines turbulences. Pourtant, en plus du charismatique Hamma Hammami, certains profils commencent à s'imposer comme leaders potentiels et d'avenir et qui peuvent réussir une plus grande évolution et intégration dans la social-démocratie planétaire, qui a abandonné la lutte des classes et la dictature du prolétariat pour s'inspirer du « Blairisme » en Grande-Bretagne, et surtout, du parti socialiste français de Mitterrand, ou le SPD allemand de Willy Brandt. Les Zied Lakhdhar, Mongi Rahoui, Jemour et Besma Khalfaoui, arrivent et font plaisir à entendre et voir, sur les plateaux TV et commencent à avoir une certaine maîtrise, qui peut faire énormément de bien au « Front populaire » dans le sens de la rationalisation et la modération idéologique. La « Jebha », pour devenir un parti de gouvernement crédible à l'avenir doit intégrer la « Bourgeoisie » nationale et les classes moyennes dans ses plans directeurs et ses futures campagnes. Toutes les social-démocraties européennes et mondiales l'ont fait, pour atteindre le pouvoir et gagner l'habilitation à gouverner et non pas de « s'opposer » éternellement ! Beaucoup de mutations en perspective, dans le personnel politique. C'est de bon augure. Notre démocratie est en marche. Soyons confiants et optimistes ! Les jeunes « loups » arrivent et ont du talent et c'est tant mieux ! K.G