Le marathon électoral roule-t-il vers une réédition des législatives avec un peloton à deux têtes puis un ou deux poursuivants qui sont distancés mais essayent de recoller aux premiers coureurs dans la ligne droite, puis enfin, tous les « naufragés » épuisés par l'effort mais en manque de réserves pour pouvoir arracher une qualification au 2ème tour ! Tout semble l'indiquer d'abord, par la nature de l'enjeu, car seuls deux concurrents pourront aller en « finale », et encore, il faudrait que l'un des deux ne tue pas le « match » en s'adjugeant 50 et un pour cent des voix qui le mèneront à Carthage dès le premier tour, puis par la science qui donne très peu de possibilités de remodelage radical d'un paysage politique lors d'élections rapprochées dans le temps comme c'est le cas actuel en Tunisie avec les législatives et les présidentielles séparées de quelques semaines. MM. Noureddine Hached et Kamel Ennabli l'ont bien compris et ils n'ont pas eu tort de se retirer de la course, avant d'en payer le prix fort, en cas de résultats plutôt faibles ou même humiliants. Pour la grande majorité, pour ne pas dire l'unanimité, du peuple tunisien « Hached » est le symbole du martyr national suprême et à ce titre il ne peut être que « gagnant », parce que son sacrifice et celui de ses nombreux camarades tombés au combat pour l'indépendance et la social-démocratie, ne peut être associé qu'à la victoire et non à la défaite. Par conséquent, Si Noureddine a bien fait d'honorer la mémoire de son père et de garder son souvenir lumineux intact et vivant dans la mémoire collective des travailleurs et des masses tunisiennes. Cependant, son avenir n'est pas derrière lui, et il peut toujours rebondir ailleurs et servir correctement et efficacement son pays. Quant à Si Mustapha Ennabli, son retrait motivé par des changements et des circonstances qui, selon lui, faussent le jeu notamment par les appels à la « violence » de certains candidats et certains partis et surtout l'entrée en masse de « l'argent politique », démontre ses qualités d'homme intègre, bon commis de l'Etat, mais très peu préparé aux joutes politiciennes et au corps à corps sur les terrains minés de la lutte sans merci pour le pouvoir. Malgré leurs grandes qualités, ces deux personnalités auraient dû, à notre humble avis, jouer dès le départ, les tickets gagnants dans leurs propres « familles » libérale, socio-démocrate ou syndicale populaire. Il fallait aussi soit créer son propre parti ou intégrer une formation capable de porter leurs ambitions au commandement présidentiel. D'ailleurs, M. Béji Caïd Essebsi malgré sa grande expérience et sa longue carrière politique a été obligé de le faire en créant Nidaa Tounès, pour remporter les législatives. Idem pour M. Hamma Hammami qui a fédéré certains partis de gauche pour créer un moule crédible à savoir le Front populaire (Jebha Chaâbiya), quant à M. Moncef Marzouki, président intérimaire et candidat à sa propre succession, son parti le CPR qui a plongé aux dernières législatives, ne peut pas lui être d'un grand secours ni apport, dans la course à Carthage. D'où son redéploiement en direction des réserves de « l'Islam politique » modéré de la Nahdha mais aussi vers les couveuses de l'Islam radical à la limite du seuil critique de l'extrême. Son apparition avec un « prédicateur » connu pour ses « fatwas » pointues et ses lectures radicales de la Chariaâ le mettent en pôle position pour se présenter en candidat « officieux de l'Islam politique. La Nahdha qui s'en défend, bien sûr, au niveau officiel, joue là une équation très délicate où elle risque bien des surprises et peut être qu'elle y perdra des plumes. L'objectif de la Nahdha en appuyant « massivement » en secret le candidat Marzouki, c'est de ne pas perdre la face et d'assurer au moins ses positions des législatives. Tout revers ou repli au premier tour du Dr. Marzouki, sera interprété comme une nouvelle régression par rapport à ses acquis de « bon second » aux législatives. D'ailleurs, le prix en sera payé cash dans ses tractations à venir sur le fameux « gouvernement d'union nationale », qui demeure pour la centrale islamiste une priorité absolue, pour sauvegarder tous ses acquis idéologiques, tactiques et stratégiques depuis la Révolution et surtout du temps de la Troïka. La Nahdha joue gros. Quelques élites en son sein, non majoritaires, il faut le dire, ne veulent pas trop »cautionner » l'actuel président intérimaire de peur de se retrouver cette fois-ci en dehors de l'équation, si les Tunisiennes et les Tunisiens en décident autrement, en donnant un vote massif et sans appel en faveur de M. Béji Caïd Essebsi. Oui c'est à quitte ou double ! Mais, patience... la vérité du terrain révèlera ses secrets ce dimanche 23 novembre. Attachons les ceintures, pourvu que le ciel soit dégagé et la météo favorable ! Touchons du bois !