Moins de 10 jours, nous séparent de la fin de ce cycle chimiothérapique électoral qui n'en finit pas de finir ! Mais la fermentation agitée des dernières semaines semble se calmer quelque peu et la campagne se fait sur les terrains de la mobilisation et un peu moins sur les plateaux TV, « neutralité oblige »... et c'est tant mieux ! A propos de « neutralité », la Haïca, à notre humble avis, en fait un peu trop. Aller jusqu'à demander à des chaînes de télévisions privées avec leurs propres lignes éditoriales, d'observer la distance objective entre deux candidats à la Présidence, ou entre des projets de société et de comportement politique, c'est aller un peu trop en besogne et forcer la dose. De mémoire d'homme depuis la parution du premier journal dans le monde, la presse ne peut s'affirmer « neutre ». Le seul principe universel qui régit la déontologie de l'homme de presse c'est ce fameux adage : « L'information est sacrée... le commentaire est libre ». Il n'y a aucune « neutralité » possible quand des événements se produisent avec des conséquences humaines et matérielles, qui peuvent engager l'avenir d'un pays vers tel ou tel modèle de société et de valeurs. Peut-on être neutre vis-à-vis de « Daëch » et du terrorisme international, alors que Daëch est aujourd'hui, un « Etat » sanguinaire et barbare avec sa propagande et ses principes de commandement du monde ! Un parti a-constitutionnel qui ne reconnaît ni les lois, ni les institutions et qui estime que la « démocratie » est une invention mécréante et contraire aux directives de Dieu, peut-il laisser indifférent. Imaginez un moment le leader d'un parti comme « Attahrir » arrivé au second tour des présidentielles ! Peut-on admettre l'injonction de « neutralité » de la Haïca, à son égard ! Pour ma part, je le dis et je le signe : je ne le ferai pas, quitte à être pénalisé pour rébellion de neutralité. Dans les démocraties les plus solides, où classer le Figaro, Le Monde, El Païs, l'Observeur, le Time, le Nouvel Observateur, l'Express, le Die Welt, La Stampa, le New York Times, le Washington Post ou le Courrier de Genève ? Où classer les chaînes de télévisions publiques et privées avec cette multitude d'éditorialistes et de conducteurs de débats les plus singuliers à droite, comme à gauche, laïcs ou chrétien démocrates... ? Tous ces organes de presse écrite et audio-visuelle ont leurs affinités, leurs sensibilités et leurs valeurs. L'Occident a payé très cher la « neutralité » passive quand Hitler a investi le Reichstag avec une guerre mondiale et des dizaines de millions de morts. Nous payons, aujourd'hui, très cher notre passivité contre le terrorisme. Où commence la « neutralité » de la presse et où s'arrête-t-elle ? That is the question ... ! L'information est sacrée. Le commentaire est libre et il est interdit d'interdire ! Seule l'atteinte aux personnes et aux biens peut-être condamnable par la justice et rien que la justice. Or, la Tunisie a une bonne justice et des lois civiles et pénales convenables. Toute interprétation pour incriminer qui que ce soit, doit être du ressort des juges en leurs âmes et consciences. En dehors de cela, on ne peut demander à un journaliste de s'autocensurer et de croiser les mains et la plume et attendre le verdict des urnes qui peut, parfois, conduire à l'irréparable ! La presse est libre où elle ne l'est pas ! K.G