L'artiste semble cette fois-ci engagée dans une voie spirituelle, cosmique caractérisée par toutes ces toiles énigmatiques, voire philosophiques qui nous mènent à voyager vers des horizons lointains, vers d'autres cieux, vers le monde sidéral. C'est tout un univers fait de constellations. Ces constellations qui, en astronomie, portent souvent le nom d'un personnage religieux ou mythologique, d'un animal ou d'un objet, d'où les titres que portent les différentes toiles exposées : « Cassiopée » qui est l'une des 88 constellations du ciel, visible dans l'hémisphère nord, ou « Phobos », l'un des deux grands satellites de Mars, ou encore « Virgo » le sixième signe astrologique du Zodiaque. Le titre de cette exposition, « Nébuleuses chromatiques », nous rappelle également ces nuages interstellaires de gaz et de poussière. D'autres titres nous rappellent aussi ce voyage à travers la constellation où l'artiste vient de nous plonger, faisant totalement une rupture avec les thèmes auxquels elle nous a habitués et qui s'intéressaient à la vie quotidienne, à la société et à la politique. En effet, Alia Kateb vient de faire une « coupure épistémologique », du moins lors de cette exposition, une expression qui désigne chez les philosophes, l'adoption d'une nouvelle approche pour traiter un sujet, sachant que dans ses œuvres antérieures, elle a surtout côtoyé les événements sociopolitiques qui ont caractérisé la Révolution de janvier 2011 et des conséquences qui en résultaient, ayant toujours réussi à peindre la réalité, soit en abstrait ou en semi-abstrait. Après avoir remué la Terre, l'artiste se dirige vers le Ciel, pour scruter le cosmos et tous ses secrets, mêlant toutes les techniques et usant d'une riche nuance chromatique. Cette ascension vers le haut ne pourrait être que cathartique dans la mesure où elle constituerait un geste de libération à caractère émotionnel qui soit très bénéfique autant pour l'artiste que pour l'homme en général, tant que l'ouverture vers cet univers, encore incompris, pourrait, dans une certaine mesure, influer directement ou indirectement, sur la vie des hommes, sans pour autant que l'artiste se détache complètement des soucis endurés par l'humanité sur terre : on peut toujours effectuer un quelconque rapprochement entre ces deux univers ! La valeur esthétique et plastique des œuvres est indéniable : il faut apprécier la virtuosité et la grande sensibilité de l'artiste à voyager dans ce monde de rêve et d'évasion, comme si elle a su comprendre que les Tunisiens en ont assez des discussions politiques et des contrariétés de la vie sociale durant les trois dernières années et qu'ils ont besoin d'évasion, du moins par le rêve en admirant l'une des toiles de la talentueuse artiste Alya Kateb qui les invite à effectuer ce voyage sidéral, ne serait-ce que virtuellement !