Dans quelques jours, nous franchirons le seuil de la deuxième République. Les citoyens ont intérêt à répondre à l'appel de la démocratie, hommes, femmes, jeunes, adultes, personnes âgées, sont inclus certes, les personnes handicapées qui auront cette fois ci un accès plus facile à la procédure du vote le jour du scrutin, comme cela a été dévoilé lors d'une conférence de presse tenue hier, à la cité des sciences sous le nom : « Kayem intikhabatek litatajawaz akabatek » (Evalue tes élections afin de surmonter tes obstacles. » Cette rencontre s'insère dans le cadre du projet « Kiyada » (Leadership), initié par l'Organisation Tunisienne de Défense des Droits des Personnes Handicapées (OTDDPH) en collaboration avec Handicap International. Cette rencontre a constitué une occasion opportune de présenter une nouvelle initiative locale pour l'évaluation des élections législatives et présidentielles comme son nom l'indique. Elle a pour objectif l'évaluation des procédures entreprises par l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) en vue de concrétiser la participation des personnes handicapées aux élections législatives et présidentielles. Cette évaluation vient consolider les acquis des personnes handicapées en matière d'élections, détecter les lacunes et mettre en place une stratégie visant à les surmonter lors des élections municipales à venir et faciliter la tâche aux personnes invalides. Mme. Lamya Zargouni, membre de l'ISIE a estimé lors de cette conférence que l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections avait entrepris des procédures nécessaires en vue de faciliter l'opération de vote pour la personne handicapée. En effet, mis à part les tentes de sensibilisation, les films documentaires et les spots publicitaires à la télévision qui sont certes, un pas important vers une meilleure intégration de l'handicapé à la vie politique, l'ISIE en collaboration avec certaines organisations s'intéressant aux droits des personnes handicapées, a mis en place certaines procédures tels que l'aménagement des centres de vote à travers la mise à disposition d'un emplacement et d'un passage adéquats qui répondent aux besoins des handicapés moteurs, ainsi que la procuration des bulletins de vote spécifique en Braille pour les électeurs malvoyants qui ont été distribués sur 80% des centres de vote, un acquis estimable malgré quelques défaillances que l'on espère voir disparaitre d'ici les élections municipales. De son côté, Sami Ben Yahya (ATIDE) relève, néanmoins, quelques défaillances dans le travail de l'ISIE en la matière consistant essentiellement à l'aménagement inadéquat des bureaux de vote comme mentionné dans l'article 131 du code électoral et qui stipule que les bureaux de vote doivent être équipés de façon à permettre aux personnes en situation de handicap d'exercer leur droit de vote dans des conditions favorables, conformément aux dispositions fixées par l'Instance et que l'électeur handicapé exerce son droit de vote suivant les mesures prises par l'Instance dans le respect du principe de la confidentialité, du caractère personnel du vote et dans les limites de ce que la situation du handicap exige. 13% seulement des écoles sont proprement aménagées respectant l'inaptitude des handicapés (Absence de passage pour handicapés, absence de bulletin de vote en Braille, hauteur de l'urne dépassant 150 cm, ainsi rendant impossible à l'électeur handicapé moteur de l'atteindre afin d'y mettre le bulletin de vote). L'article 131 stipule également, que ne peuvent bénéficier des dispositions et mesures spécifiques aux personnes en situation de handicap que les électeurs détenteurs d'une carte de handicap, alors que 2% uniquement des personnes handicapées détiennent une carte de handicap, chose qui pose problème dans la mesure où si on ignore cette condition, cela ouvre la porte devant la fraude et la falsification des résultats de vote. Cependant, en même temps, si on l'exige cela constitue une contrainte légale privant ainsi les électeurs non détenteurs de carte de handicap de leur droit au vote. La Tunisie avait effectué un grand pas dans la matière de la défense des droits des personnes handicapées, se manifestant dans l'article 48 de la nouvelle constitution de Janvier 2014 prônant que tout citoyen handicapé a le droit de bénéficier, selon la nature de son handicap, de toutes les mesures qui lui garantissent une pleine intégration dans la société et que l'Etat se doit de prendre toutes les mesures nécessaires à la réalisation de cela. Ainsi que dans la ratification en 2008 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées dont l'article 29 relatif à la participation à la vie politique et à la vie publique, stipule que les Etats partis garantissent aux personnes handicapées la jouissance des droits politiques et la possibilité de les exercer sur la base de l'égalité avec les autres, et s'engagent à faire en sorte que les personnes handicapées puissent effectivement et pleinement participer à la vie politique et à la vie publique sur la base de l'égalité avec les autres, que ce soit directement ou par l'intermédiaire de représentants librement choisis, notamment qu'elles aient le droit et la possibilité de voter et d'être élues veillant à ce que les procédures, équipements et matériels électoraux soient appropriés, accessibles et faciles à comprendre et à utiliser. La révolution du 14 Janvier reste bien évidemment, inachevée si malgré tous ces acquis, on n'accorde pas encore plus d'intérêt aux personnes handicapées ou on ne leur permet pas d'accéder aux postes de responsabilité ou de pouvoir.