Le nouveau chef du gouvernement, Habib Essid, a adressé des invitations à tous les partis représentés à l'Assemblée des Représentants du Peuple (APR) afin de négocier la structure et la composition de la prochaine équipe gouvernementale. Quelques informations fuitées ont parlé d'un gouvernement d'union nationale tandis que certains partis ont rendu public des communiqués où ils ont informé de leur décision de faire partie de ‘la nouvelle opposition tunisienne'. Le Temps a contacté différents représentants des partis politiques afin d'en savoir plus. Imed Daïmi, président du Congrès Pour la République (CPR), nous a confié qu'une délégation de son parti a rencontré Habib Essid le 8 janvier courant. La rencontre a tourné autour des grandes lignes du futur gouvernement sur les cinq années à venir. Les représentants du CPR ont présenté leurs priorités et leurs inquiétudes au chef du futur gouvernement; pour eux, la question sécuritaire – qui est certes primordiale – ne doit pas l'emporter sur les autres priorités comme le développement des régions intérieures du pays ou encore l'organisation des élections municipales qui doivent avoir lieu avant la fin de 2015 afin que la décentralisation commence à se mettre en place. Ayant déjà annoncé qu'il fera partie de l'opposition, Imed Daïm nous a expliqué que c'était une décision qui allait dans le sens de l'intérêt du pays : vu les alliances qui commencent à se dessiner – et qui vont concerner une large majorité des partis présents sur la scène politique – il est impératif que le pays dispose d'une ‘nouvelle opposition constructive et responsable qui garde un œil attentif sur les travaux du futur gouvernement'. Par ailleurs, le président du CPR a rappelé que l'ancien président, Moncef Marzouki, avait bénéficié de 44% des voix lors du second tour de l'élection présidentielle et qu'il est donc dans le devoir de continuer à représenter cette partie de la population ‘qui ne se sent pas concernée par les institutions de l'Etat'. En ce qui concerne la deuxième invitation lancée par Essid aux représentants du CPR, Daïmi a affirmé qu'ils s'y rendront afin de donner leur avis ‘d'opposition responsable' quant au nouveau programme gouvernemental. Le dirigeant au sein du part Al-Jomhouri, Issam Chebbi, nous a indiqué que des représentants dudit parti allaient se rendre au palais d'accueil de Carthage pour rencontrer Habib Essid. Après avoir exprimé que la nomination d'Essid au poste de chef du gouvernement a suscité quelques inquiétudes dans les rangs d'Al-Jomhouri – puisque ce dernier est proche de Caïd Essebsi, I. Chebbi a exprimé sa peur de voir le palais de la Kasbah dirigé par celui de Carthage – il a qualifié Essid de ‘personne équilibrée, ayant travaillé avec différents courants politiques'. Issam Chebbi a confirmé l'intention de son parti de collaborer avec la future équipe gouvernementale si le programme de cette dernière est satisfaisant. Il a insisté sur l'importance de la question sécuritaire, démocratique et le développement au niveau des régions intérieures. A la question de si Al-Jomhouri pourrait accepter de faire partie du prochain gouvernement, I. Chebbi a expliqué que si les programmes étaient raisonnables, Al-Jomhouri pourrait présenter ses candidatures, si cela lui est demandé par Habib Essid. Samia Abbou du Courant Démocratique a tiré la sonnette d'alarme sur l'image de l'échiquier politique: pour elle, l'opposition a été exclue des différentes structures de l'ARP puisque ‘Nidaa Tounes et Ennahdha vivent une parfaite entente qui a été négociée en cachette'. Elle a assuré que le Courant Démocratique a décidé de faire partie de l'opposition et que rien ne le fera changer d'avis. A la question de si les partis de la nouvelle opposition comptaient s'organiser sous un front, Samia Abbou a répondu que non et que le seul motif qui les pousseraient à le faire serait une série de répétition de violations des libertés et de la Constitution. Elle a expliqué que les grandes lignes du prochain gouvernement devront tourner autour du dossier économique, social et sécuritaire du pays. En ce qui concerne la participation d'Ennahdha au gouvernement, la députée a affirmé ce qui suit : «que des figures phares d'Ennahdha fassent partie ou pas du prochain gouvernement, le mouvement aura son mot à dire, il est clair d'après ce que l'on voit qu'il est consulté dans tout et qu'aucun poste ne sera occupé sans sa bénédiction». Lotfi Zitoun, dirigeant au sein d'Ennahdha, a expliqué que son mouvement a pu présenter ses visions quant à la structuration de la prochaine équipe gouvernementale en ajoutant qu'il n'a reçu aucune proposition d'y participer. Abdellatif Mekki, dirigeant du même mouvement, nous a déclaré qu'Ennahdha avait pour priorité de procéder à la restauration de l'état du pays à l'aide d'un gouvernement d'union nationale. Il a ajouté que, jusqu'à présent, Habib Essid tendait la main à tous les partis politiques. Pour Mekki, la participation de son mouvement au prochain gouvernement dépend de la formation d'une équipe d'union nationale. Nidaa Tounes pour sa part n'a pas encore présenté ses candidatures pour les postes ministériels, apprend-t-on d'une source proche du parti. Les candidatures seront examinées par le comité constitutif du mouvement avant d'être livrées à Habib Essid. Cette même source nous a affirmé que dix femmes occuperont des postes ministériels et qu'Essid a pris la décision de donner la priorité aux compétences et non pas aux appartenances partisanes. De plus, il fera en sorte de prendre moins d'un mois, le délai légal pour former le gouvernement, pour présenter son équipe devant les députés de l'ARP. En ce qui concerne Ennahdha, on a appris qu'il ne sera pas écarté complétement mais qu'il ne disposera pas non plus d'une grande présence gouvernementale. Salma BOURAOUI Ennahdha participera au prochain gouvernement Le conseil de la Choura du Mouvement Ennahdha a donné son accord pour la participation du parti au prochain gouvernement, «au nom du principe du consensus au service de l'intérêt national», a annoncé le président de cette instance dirigeante, Fethi Ayadi. Le conseil s'est, également, prononcé pour «la neutralité» des titulaires des portefeuilles ministériels régaliens dans le prochain gouvernement, a précisé Ayadi Le conseil de la Choura est en conclave samedi et dimanche à Hammamet «pour décider si le mouvement va faire partie du gouvernement Habib Essid ou camper dans l'opposition», selon la même source.