Depuis le report de la séance de vote pour le gouvernement de Habib Essid par les députés de l'Assemblée des Représentants du Peuple, la crise entre les dirigeants de Nidaa Tounes ne cesse de s'amplifier. On le constate au quotidien avec les déclarations multiples et contradictoires desdits dirigeants : de ceux qui soutiennent bec et ongles la participation d'Ennahdha au prochain gouvernement, à ceux qui y opposent un refus catégorique. Entre temps, le premier camp semble l'emporter avec des informations fuitées – provenant de l'intérieur du comité constitutif et du bloc parlementaire de Nidaa Tounes – confirmant qu'au moins deux postes ministériels iraient à des Nahdhaouis. Des confirmations dont les conséquences ne se sont pas fait attendre puisqu'un groupe d'internautes, pro-Nidaa, a planifié un mouvement de protestation pour dimanche 1er février, devant le local de Nidaa Toues aux Berges du Lac, afin d'aller y contester l'intégration d'Ennahdha au sein de la prochaine équipe gouvernementale. Ces internautes y iraient réclamer ‘le remboursement' de leurs voix qu'ils ont accordées au profit du Nidaa ‘pour voir le mouvement islamiste écarté du pouvoir'. De son côté, Leila Chettaoui, députée à l'ARP de Nidaa Tounes, a expliqué qu'elle ne cessera jamais de s'opposer à cette participation en dressant un bilan très sévère des trois ans d'Ennahdha au pouvoir. La députée a mis en avant ce bilan en expliquant qu'elle voulait que tout le monde se souvienne de ces tristes résultats et d'éviter de refaire la même erreur. A priori, toutes ces contestations seront vaines parce que la décision est presque prise : Ennahdha siègera au futur gouvernement tel que nous l'a confirmé une source proche du comité constitutif du Nidaa. Ici, la question devient encore plus compliquée : si Ennahdha, Afek Tounes, l'UPL et Nidaa Tounes sont au pouvoir, de qui sera composée l'opposition ? Du Front Populaire ? Certainement, c'est une évidence même. Mais aussi, du Courant Démocratique, de ce qui reste d'Al-Jomhouri ou encore d'Ettakatol. Le problème ne réside pas ici, le problème, que tout le monde semble oublier, c'est qu'il y a une mouvance qui est en train de se structurer et qui va être la seule à pouvoir tirer profit de tout ce qui est en train de passer : La Mouvance du Peuple Citoyen. Oui, cette mouvance qui a été annoncée alors que le pays était au bord de grandes émeutes, cette mouvance basée sur une division du peuple, cette mouvance regroupant des bases fascistes et radicales... Mais ce n'est pas grave, nos politiciens ont d'autres chats à fouetter et d'autres ‘gâteaux' à se partager. Et comment va Carthage dans tout cela ? Carthage, ce palais rêvé par tous et conquis par le seul Caïd... Après des apparitions enflammées lors des deux derniers mois, BCE se fait de moins en moins rare. Normal me dites-vous, monsieur le Président a du pain sur la planche ! Oui, en effet. Monsieur le Président doit remédier aux maux causés par le locataire qui l'a précédé. Mais rien ne va plus dans le meilleur des mondes. Abdessattar Messaoudi, avocat personnel de Caïd Essebsi, a ‘lâché une bombe' (comme cela plait à quelques-uns de nos confrères de le dire) : il a affirmé que BCE était ‘assiégé' par ses trois conseillers qui lui auraient même changé le numéro de téléphone et qui ne l'autoriseraient à voir qu'un cercle très restreint de personnes. Que de bonnes nouvelles dis-donc ! Un trio de conseillers qui serait en train de faire des tentatives de main basse sur le palais de la Kasbah en étant confortablement installé dans celui de Carthage. Tout peut arriver quand il s'agit de politique ! Toutefois, et comme nous voulons être de bonne foi, ce genre de déclaration peut se produire dans le dessein de servir quelques intérêts bien déterminés (oui, encore des intérêts). Dans tout cela, on est appelés à être patients, à attendre l'annonce définitive de notre prochain gouvernement.