On pensait que les discours de nos hommes politiques allaient s'apaiser une fois les campagnes électorales achevées, hélas, cela n'est guère le cas. Malheureusement, les clashs continuent de plus belle et les discours, chargés de haine et de rancune, sont toujours en vogue. A croire que les représentants de la haute sphère de ce pays ne réalisent pas le poids de leur responsabilité alors que l'on vit entre le risque de tensions sociales et la menace implacable – de plus en plus réelle – du terrorisme. Notre pays vit une nouvelle phase critique au cours de laquelle chacun de nous, et surtout les politiciens, doit prendre conscience de l'importance de sa responsabilité et doit, en conséquence, respecter le camp adverse et faire en sorte d'unir plutôt que de diviser. Le dernier clash en date est celui qui a opposé Mohsen Marzouk, conseiller politique auprès du président de la République, à Imed Daïmi, actuel député du CPR au sein de l'ARP et ancien membre du conseil présidentiel de Moncef Marzouki. M. Marzouk a déclaré que l'équipe de BCE a trouvé le palais de Carthage dans un ‘état lamentable'. Cet état serait dû, selon Mohsen Marzouk, à la mauvaise gestion du palais par l'équipe de Marzouki et au fait que Carthage eut été ouvert au public à plusieurs reprises. Ces déclarations ont provoqué l'ire de Imed Daïmi qui a contre-attaqué Marzouki en expliquant qu'il était fier de respirer la poussière qui provient du peuple. Le secrétaire-général du CPR est même allé jusqu'à accuser Marzouk de se terrer dans le palais fuyant tout contact avec le peuple. Le clash aurait bien-sûr pu s'arrêter à ce niveau mais Marzouk a préféré jeter de l'huile sur le feu en revenant, de nouveau, au même sujet. Le conseiller politique du président de la République a, dans une déclaration radiophonique, répondu à Daimï en ‘lui conseillant de cesser d'inhaler la poussière et d'éviter d'avoir des problèmes physiques et mentaux'. Il a tenu à rappeler au concerné que ‘lui et son président ont tellement respiré de la poussière qu'ils ont fini par perdre les élections'... Malheureusement, ce genre d'incident devient de plus en plus fréquent. Il suffit de suivre les plateaux politiques pour voir que, dans la plupart des débats, les vrais problèmes sont délaissés pour alimenter et attiser les conflits partisans et personnels. Lors des derniers mois, on a pris l'habitude de voir ce genre de conflit. Avec les campagnes électorales, les lynchages publics étaient devenus presque naturels : cela était tellement fréquent que l'on pensait que c'était normal de voir les politiciens se déchirer publiquement. On mettait cela sur le compte des campagnes électorales où tout était accepté. On était dans le faux et les conséquences sont visibles aujourd'hui. Avec l'avènement du nouveau gouvernement – dans lequel Ennahdha est partie prenante – on nous a expliqué que dans cette phase délicate on ne pouvait pas exclure personne et qu'il fallait que tout le monde travaille ensemble en se serrant les coudes. Mais quand on est confrontés à ce genre de conflit – volontairement déballé en public – la question se pose automatiquement : comment les politiques peuvent-ils convaincre les autres de l'importance de l'union alors qu'ils ne sont pas eux-mêmes capables de respecter ses abc ?